En Allemagne aussi, l’immigration cause des tensions entre gouvernements

Situé à quelques centaines de mètres de l’hôtel de ville de Waltrop, un petit im‐ meuble préfabriqué rouge a été inauguré l’an dernier. Ses modestes apparte‐ ments hébergent des de‐ mandeurs d’asile, de plus en plus nombreux à s’ins‐ taller dans cette petite mu‐ nicipalité du nord-ouest de l’Allemagne.

Waltrop, 30 000 habitants, accueille en ce moment plus de 1000 demandeurs d’asile venus entre autres de Syrie, d’Irak et d’Afghanistan.

Le parc immobilier est as‐ sez saturé, nous n'avons pas beaucoup de logements dis‐ ponibles sur le marché, nos capacités sont malheureuse‐ ment très restreintes, dit le maire Marcel Mittelbach. Il nous a donné rendez-vous devant l’un des sites d’héber‐ gement que son administra‐ tion a fait construire pour lo‐ ger dignement les gens.

Le message de cet élu du SPD, le parti de centre gauche du chancelier Olaf Scholz, est clair : il a besoin d’un soutien financier beau‐ coup plus important pour faire face à la pression que représente l’arrivée de ces nouveaux résidents.

Le maire donne l'exemple d'une enveloppe d'un million d'euros envoyée par les ni‐ veaux supérieurs de gouver‐ nement et destinée aux écoles de sa ville, le cin‐ quième de ce qui est néces‐ saire pour assurer leur fonc‐ tionnement.

Notre ancien président Joachim Gauck disait : "Les ressources de nos coeurs sont illimitées, mais nos moyens sont limités."

Marcel Mittelbach, maire de Waltrop

Berlin prône une nou‐ velle approche

Les demandes formulées par le maire de Waltrop font écho à celles des dirigeants de nombreuses villes et ré‐ gions à travers le pays.

L'an dernier, l'Allemagne, un pays de 83 millions d'ha‐ bitants, a reçu environ le tiers des demandes d'asile pré‐ sentées sur le territoire de l'Union européenne.

Plus de 350 0000 dossiers y ont été soumis, une hausse de 50 % par rapport à l’année précédente. Jamais autant de personnes n'avaient été ac‐ cueillies depuis l’arrivée mas‐ sive de réfugiés venus de Sy‐ rie, en 2015 et en 2016.

Le chercheur Ludger Pries, professeur à l’Univer‐ sité de la Ruhr et expert des enjeux liés à la migration, rappelle que ce phénomène s’ajoute à la présence de plus d’un million de réfugiés ukrai‐ niens en Allemagne, l’un des pays européens qui en ont reçu le plus grand nombre.

Le gouvernement alle‐ mand est confronté à diffé‐ rentes crises. Il y a la guerre en Ukraine, la crise clima‐ tique et d’autres défis, comme le vieillissement de la population. L’argent se fait plus rare et la question est de savoir qui paie pour les réfugiés.

Ludger Pries, chercheur et professeur à l’Université de la Ruhr

En réponse aux doléances de nombreux élus, le chance‐ lier Olaf Scholz a promis en novembre de réduire la mi‐ gration irrégulière.

Son gouvernement en‐ tend augmenter les pa‐ trouilles aux frontières et fa‐ ciliter l’expulsion de per‐ sonnes dont les dossiers ont été rejetés.

Pour rendre l’Allemagne moins attrayante, Berlin en‐ tend aussi restreindre l'aide aux demandeurs d’asile, en rendant accessibles certains avantages après 36 mois sur le territoire plutôt qu'après 18 mois. Le gouvernement souhaite aussi distribuer des cartes prépayées destinées à des dépenses précises plutôt que donner directement de l’argent.

Des élus du CDU, le plus grand parti d’opposition et ancienne formation de centre droit d’Angela Merkel, aimeraient que la coalition au pouvoir aille plus loin et