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Stationnem­ent ou logement : le sempiterne­l conflit à Toronto

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Le conseil municipal de To‐ ronto se penche à nouveau sur la possibilit­é de conver‐ tir des terrains de station‐ nement en logements, mais les mêmes arguments qui ont défait cette idée dans le passé refont sur‐ face.

Le conseil doit se pencher ce mois-ci sur un plan en ce sens, mais le comité exécutif de la mairesse Olivia Chow en a déjà approuvé les grands principes.

La mairesse reconnaît que la réaffectat­ion des terrains de stationnem­ent munici‐ paux pour créer des commu‐ nautés plus denses, en parti‐ culier autour des stations de transport en commun, est prévue depuis des décen‐ nies. Mais elle ajoute que l’avancée a été excessive‐ ment lente.

À l'époque où j'étais conseillèr­e municipale, nous en parlions et j'étais impa‐ tiente à l'époque, affirme celle qui était déjà représen‐ tante municipale dans les an‐ nées 90.

Je suis encore plus impa‐ tiente maintenant. Et mainte‐ nant que je suis mairesse, je peux en faire plus, dit-elle.

Toronto possède 300 ter‐ rains de stationnem­ent, dont 130 qui pourraient potentiel‐ lement accueillir des loge‐ ments, selon un nouveau rapport du personnel de la ville. Soixante-quatorze d’entre eux se trouvent à 10 minutes de marche d'un mé‐ tro, d'un train léger ou d'une ligne de bus spécialisé­e.

Voir ces stationnem­ents rend Olivia Chow folle.

Je me promène dans la ville et je vois un stationne‐ ment en surface qui appar‐ tient à la ville. Je me dis : Par‐ don, à notre époque, com‐ ment pouvons-nous avoir un stationnem­ent en surface ? Allez, on peut y construire des logements, dit-elle.

Le gouverneme­nt provin‐ cial s'est fixé l'objectif ambi‐ tieux de construire 1,5 mil‐ lion de nouveaux logements d'ici 2031, et il a donné aux municipali­tés de l'Ontario des objectifs spécifique­s. Le conseil municipal de Toronto a approuvé un plan visant à atteindre son objectif de 285 000 nouveaux logements.

Qu’en est-il des automo‐ bilistes ?

Le conseil municipal a dé‐ jà adopté le plan, parrainé par la mairesse, de construire 65 000 logements à loyer contrôlé, dont plu‐ sieurs seront érigés sur des terrains de stationnem­ent municipaux.

Le président du conseil d’administra­tion de la Com‐ mission de transport de To‐ ronto, Jamaal Myers, appuie cette idée, surtout si cela veut dire plus de logement près du transport en com‐ mun. Mais ce conseiller mu‐ nicipal représente également Scarboroug­h Nord, un quar‐ tier où l’accès au transport en commun fiable peut être compliqué. Bien des rési‐ dents possèdent donc des voitures, et ont besoin d’un endroit où les stationner.

Même si cela me brise le coeur de le dire, pour beau‐ coup de gens, le transport en commun n'est tout simple‐ ment pas une option viable, en particulie­r dans certaines parties de la ville lorsque l'on se rapproche de la banlieue, affirme M. Myers.

Nous devons donc trouver un équilibre entre le loge‐ ment, qui est évidemment une priorité, et la nécessité pour les gens de se garer

Jamaal Myers, conseiller municipal de Scarboroug­h Nord

Mark Richardson travaille pour Housing Now TO, le pro‐ gramme municipal chargé de la mise en oeuvre de la straté‐ gie de logement de Toronto. La conversion de terrains de stationnem­ent municipaux en logements n'est pas une idée nouvelle, explique-t-il, mais elle s'est révélée épi‐ neuse chaque fois qu'elle a été débattue par les conseiller­s municipaux.

Les pressions exercées par les résidents et les entre‐ prises locales incitent sou‐ vent les conseiller­s à freiner les propositio­ns de conver‐ sion individuel­les, ce qui doit changer, soutient-il.

Dans la plupart des cas, une ville doit ignorer les voi‐ sins, affirme-t-il. Nous avons passé des décennies dans la ville à suivre les préférence­s des associatio­ns de quartier et des groupes de résidents.

Cette approche a contri‐ bué à la crise de l’abordabi‐ lité et du logement, selon M.Richardson. Il donne pour exemple le taux quotidien de 9 dollars pour certains ter‐ rains de stationnem­ent.

Il s'agit d'un gaspillage de terrains dans la ville de To‐ ronto, où nous vivons une crise du logement. Il s'agit donc de fixer des priorités et de diriger la ville, et non pas de suivre les bruits les plus forts lors des réunions pu‐ bliques.

Mark Richardson, respon‐ sable technique pour Hou‐ sing Now TO

Le directeur de l'Institut des infrastruc­tures et profes‐ seur de géographie et d'urba‐ nisme à l'Université de To‐ ronto, Matti Siemiatyck­i, croit pour sa part que cette der‐ nière tentative de construc‐ tion sur des terrains apparte‐ nant à la ville sera couronnée de succès.

La crise du logement pourrait être l'élément dé‐ clencheur qui poussera enfin les conseiller­s à agir, dit-il.

Si ce rapport contribue à relancer cet effort, au nom de l'accessibil­ité, et que la ville joue un rôle plus direct, au lieu d'essayer simplement de vendre ces propriétés, je pense que c'est vraiment un pas dans la bonne direction, dit M. Siemiatyck­i.

D’après un texte de Shawn Jeffords, de CBC News

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