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Les photos du Japonais Kan Azuma au MBAC et dans le marché By

- Aïda Semlali

Une invitation au voyage, en noir et blanc. C’est l’es‐ prit de l’exposition photo‐ graphique Kan Azuma. Une question de lieu, actuelle‐ ment présentée au Musée des beaux-arts du Canada (MBAC). On peut y décou‐ vrir une centaine d’oeuvres du photograph­e japonais, dont des clichés pris au Ca‐ nada, aux États-Unis et au Japon, de la fin des années 1960 jusqu’à sa retraite au début des années 2000.

Les visiteurs vont pouvoir découvrir les trésors, les bi‐ joux de la collection de ce photograph­e originaire du Ja‐ pon, commente la conserva‐ trice principale de la collec‐ tion de photograph­ies du MBAC et co-commissair­e de l’exposition, Andrea Kunard.

Différente­s séries photo‐ graphiques emmènent les vi‐ siteurs à la rencontre de lieux et de personnes croisées par l’artiste, d’un paysage lunaire à Tokyo à une carrière de sable au nord de Toronto, en passant par des portraits sai‐ sis lors d’un pèlerinage sur l’île de Shikoku.

Il y a beaucoup d'émotion dans ces photos très ly‐ riques, très humaines, pour‐ suit Andrea Kunard.

Un terrain de jeu cana‐ dien

Né au Japon en 1946, c’est à Tokyo que Kan Azuma étu‐ die la photograph­ie dans les années 1960. Lorsqu’il se lance dans cette occupation, il n’envisage pas encore d’en faire un métier.

Il se laisse toutefois prendre par la joie, confie-t-il, de toutes les étapes aux‐ quelles il doit se prêter pour cet exercice, de la prise de vue aux heures passées dans la chambre noire, de l’expres‐ sion de ses émotions les plus profondes aux rencontres avec les sujets immortalis­és par son objectif.

Kan Azuma s’installe au Canada en 1970, à la faveur d’un visa refusé par l’ambas‐ sade des États-Unis. Il s’exerce alors essentiell­e‐ ment en Ontario, où il signe la majeure partie de son oeuvre, mais promène aussi son appareil photo en Co‐ lombie-Britanniqu­e et en

Nouvelle-Écosse.

Au début des années 2000, face à l’essor de la photo numérique au détri‐ ment de l’argentique, Kan Azuma prend sa retraite.

Pour suivre le mouve‐ ment, il m’aurait fallu chan‐ ger d’appareil photo, investir dans un ordinateur, modifier beaucoup de choses et m’adapter. Mais je n’avais pas les moyens financiers pour opérer cette transition, ad‐ met l’artiste, venu spéciale‐ ment du Japon pour assister à l’inaugurati­on de l’exposi‐ tion qui lui est consacrée.

Et je ne peux pas battre la jeune génération, ajoute-t-il modestemen­t en souriant.

En 2023, Kan Azuma fait don au MBAC de quelque 300 archives personnell­es, in‐ cluant des épreuves, des né‐ gatifs, des planches-contacts et des notes.

L’exposition présentée à Ottawa offre une sélection de plus de 160 oeuvres issues de ce don.

Hors les murs

Présentée dans une seule salle au MBAC, l’exposition donne également à voir trois agrandisse­ments disposés le long d’un escalier du Musée.

Deux autres reproduc‐ tions grands formats sont présentées dans l’édifice, au niveau de la mezzanine qui surplombe le jardin intérieur.

Disposés sur quelques banquettes, des livrets in‐ vitent les visiteurs à consi‐ gner leurs souvenirs d’un lieu, d’un environnem­ent qui a été important pour eux dans leur vie, explique la ges‐ tionnaire des programmes scolaires et jeunesse au Mu‐ sée, Nathalie Mantha.

Les jeudis soirs, dès le mois d’avril, les visiteurs pourront créer des paysages atmosphéri­ques en utilisant des techniques d’aquarelle, poursuit la gestionnai­re.

Quand on regarde les oeuvres de Kan Azuma, c’est très pixelisé. On a presque l’impression du pointillis­me, détaille Nathalie Mantha. Les artistes en herbe pourront ainsi signer des créations ins‐ pirées de l’esprit ou du grain des photos de l’artiste japo‐ nais, à leur façon.

L’exposition Kan Azuma. Une question de lieu ne sera pas uniquement circonscri­te au Musée. Sa série L’art de l’esquive sera présentée dans le marché By, dans la cour Clarendon, jusqu’au 31 mars 2025.

Dans cette série réalisée à Toronto en 1975 dans le but de tisser des liens avec les Canadiens, précise un cartel, Kan Azuma avait demandé à des passants de poser pour lui, tout en mimant un geste exprimant leur refus d’être photograph­iés.

Entre les murs du MBAC, l’exposition Kan Azuma. Une question de lieu se poursuit jusqu’au 16 juin prochain.

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