Des numériseurs de factures chez Loblaw décriés par des clients
Loblaw met à l'essai des numériseurs qui em‐ pêchent les clients ayant utilisé la caisse libre-ser‐ vice de sortir du magasin sans avoir balayé leur fac‐ ture sous le lecteur. Des clients jugent cependant que cette pratique est « in‐ trusive » et sème le « chaos ».
C'est très intrusif. On a l'impression d'être un voleur, s’exclame Paul Zemaitis, qui a récemment aperçu un lec‐ teur optique dans son maga‐ sin Zehrs - une chaîne appar‐ tenant à Loblaw - à Wood‐ stock, dans le sud-ouest de l'Ontario.
Il raconte qu'en quittant la zone de libre-service, il n'a pas remarqué l’appareil et a donc poussé la porte de sor‐ tie, ce qui a déclenché une forte alarme.
Qu’est-ce qui se passe? J’ai déjà payé , s’est-il dit. Un em‐ ployé l'a ensuite aidé à faire vérifier son reçu afin qu'il puisse partir sans déclencher l'alarme.
Ce n'est pas une méthode conviviale pour le client.
Paul Zemaitis, client du Zehrs à Woodstock
Ça cause tellement de chaos, renchérit un autre client.
Certaines personnes, par‐ ticulièrement des personnes âgées, ne remarquaient pas le vérificateur, poussaient la barrière et déclenchaient l’alarme, remarque Jonathan Hayes, un autre client.
Il y avait des alarmes qui se déclenchaient toutes les deux minutes, déplore-t-il, ajoutant que cela ralentissait la sortie des clients du maga‐ sin.
Les temps sont durs
Les prix des produits d'épicerie ont augmenté de 22,5 % depuis 2020, selon Statistique Canada.
Les temps sont durs en ce moment, souligne Jonathan Hayes. Obliger les consom‐ mateurs à utiliser un numéri‐ seur de reçus c'est en quelque sorte s’acharner sur quelqu’un qui est déjà par terre.
Plusieurs grands distribu‐ teurs au Canada et aux ÉtatsUnis ont renforcé la sécurité pour lutter contre les vols, pendant que certains ajoutent des caisses automa‐ tiques dans les magasins.
Dans la dernière année, le Conseil canadien du com‐ merce de détail a indiqué à plusieurs reprises que les vols à l'étalage étaient en hausse, en partie à cause de l'inflation. De récentes don‐ nées de Statistique Canada démontrent que le nombre de vols à l'étalage a aug‐ menté de 31 % entre 2021 et 2022.
Certaines études sug‐ gèrent également que le vol aux caisses automatiques est un problème croissant, car les clients numérisent euxmêmes leurs articles, parfois loin de l'oeil attentif du per‐ sonnel.
Loblaw suggère une im‐ plication du crime organisé
Une porte-parole de Lo‐ blaw attribue la majeure res‐ ponsabilité des vols à l'éta‐ lage au crime organisé. Ces groupes, indique Catherine Thomas par courriel, repré‐ sentent un grave problème qui ne fait que s'aggraver. Elle ne fournit toutefois pas de détails supplémentaires ou de données pour appuyer sa déclaration.
Nous travaillons d'ar‐ rache-pied pour trouver un équilibre entre le besoin d'une sécurité accrue et le maintien d'une expérience accueillante et conviviale pour les clients, a-t-elle ajouté.
Les clients se sentent déjà suffisamment emprisonnés par les prix élevés, affirme Daniel Tsai, un défenseur des consommateurs basé à To‐ ronto et un professeur ad‐ joint à l'École de commerce Smith de l'Université
Queen's.
Le fait que les consomma‐ teurs ordinaires se sentent comme des criminels, c'est un pas de trop.
Daniel Tsai, défenseur des consommateurs et profes‐ seur à l'Université Queen's
M. Tsai, qui est également avocat, explique que les dé‐ taillants ne peuvent pas léga‐ lement contrôler les reçus ou empêcher les clients de quit‐ ter le magasin, à moins qu'ils n'aient la preuve d'un acte ré‐ préhensible.
S'ils vous arrêtent et que vous avez l'impression que vous n'avez pas la possibilité de partir, et qu'il n'y a aucune raison pour qu'ils vous re‐ tiennent, cela peut être considéré comme un empri‐ sonnement injustifié, ex‐ plique-t-il.
CBC a demandé à Loblaw ce qu'il advient des clients qui refusent de numériser leur reçu. Le détaillant n'a pas répondu.
Avec les informations de CBC