Radio-Canada Info

Et si les candidats à la présidence ne se rendaient pas à la fin de la course?

- Frédéric Arnould

Mathématiq­uement, le sort en est jeté pour la course à la MaisonBlan­che. En vertu des ré‐ sultats des caucus et des primaires organisés jus‐ qu’ici, tant Donald Trump que Joe Biden ont remporté suffisamme­nt de votes de délégués pour s'assurer d’être le candidat investi pour leur parti respectif. Mais qu'arriverait-il si l’un d’entre eux quittait la course ou ne tenait pas le coup d’ici l’élection du 5 no‐ vembre prochain?

Ce n’est un secret pour personne, une majorité d’Américains auraient préféré avoir un autre choix qu'un duel entre ces deux candi‐ dats démocrate et républi‐ cain. Entre un Joe Biden beaucoup moins vif qu’aupa‐ ravant, qui semble parfois frêle ou confus, et un Donald Trump à peine moins âgé, qui marmonne des incohé‐ rences lors de ses rassemble‐ ments et, de plus, qui fait face à 91 chefs d’accusation, le dilemme cornélien est im‐ mense.

L'âge semble en tout cas être un facteur déterminan­t pour le président sortant, même s'il présente un bilan qui, somme toute, permet‐ trait la réélection de la plu‐ part des présidents. L'autre candidat, pendant ce temps, pourrait être reconnu cou‐ pable d'un crime à l'issue d'un verdict aux consé‐ quences importante­s sur l’électorat.

Mais que se passerait-il si l'un d'entre eux était frappé d'incapacité, abandonnai­t la course, était reconnu cou‐ pable ou allait en prison (cette dernière option est peu probable étant donné le calendrier électoral actuel)?

Remplacer le candidat d'un parti ou le président élu ne serait pas facile en toutes circonstan­ces, mais le degré de difficulté dépend du mo‐ ment où le candidat se retire. Voici quelques scénarios de politique-fiction qui seraient pourtant tout à fait réalistes.

Pendant les primaires

D’abord, si un candidat meurt ou se retire pendant la saison des primaires, deux cas de figure se présentent : les élections à venir et les votes déjà comptabili­sés.

Dans le cas de la course de cette année, Donald Trump n’a plus d’adversaire­s, avec le retrait de Nikki Haley il y a peu, et Joe Biden n’a qu’une opposante sans en‐ vergure, Marianne William‐ son, qui n’a gagné aucun dé‐ légué depuis le début de la saison des primaires. Rappe‐ lons qu’un délégué est un membre du parti ou un mili‐ tant qui représente sa com‐ munauté ou son État à la convention du parti.

La modificati­on des bulle‐ tins de vote, comme le retrait d'un candidat, nécessiter­ait probableme­nt une action de la part des assemblées légis‐ latives des États - ou, dans certains cas, des partis poli‐ tiques des États - pour re‐ pousser le délai ou retarder le vote. Il faudrait aussi qu’un autre candidat souhaitant entrer dans la course orga‐ nise une campagne d'inscrip‐ tion dans les États qui l'auto‐ risent. C’est très compliqué.

Le sort des voix des délé‐ gués déjà assignés au candi‐ dat gagnant avant son décès ou son retrait de la course dépendrait des règles de l'État et du parti national. Les délégués des candidats qui ne sont plus en lice pour‐ raient en fait devenir des « agents libres » à la conven‐ tion et pourraient donc voter en faveur d’un nouveau can‐ didat.

Parce qu’avec le nombre de délégués déjà répartis pour M. Biden et M. Trump, il est trop tard pour qu’un can‐ didat ou une candidate puisse accumuler suffisam‐ ment de délégués. Dans le cas de Joe Biden, Dean Phil‐ lips, qui a suspendu sa cam‐ pagne, et Marianne William‐ son, seule encore en lice, ne seraient probableme­nt pas des candidats acceptable­s pour les dirigeants du Parti démocrate en raison de leur faible profil et de leur manque de soutien. Et comme aucun candidat actif n'obtiendrai­t alors la majorité des délégués, le candidat ou la candidate devrait être dési‐ gné à la convention.

Quant à la course chez les républicai­ns, certains pen‐ saient que Nikki Haley allait essayer de durer le plus long‐ temps possible dans cette course en espérant que Do‐ nald Trump serait en perte de vitesse au fur et à mesure de ses déboires judiciaire­s. C’est plutôt le manque de ressources financière­s et d'appuis qui ont eu raison de l’ex-gouverneur­e de la Caro‐ line du Sud.

Un retrait d’ici convention des partis la

Normalemen­t, la très grande majorité des délé‐ gués républicai­ns et démo‐ crates sont en fait liés au vote pour le candidat envers lequel ils se sont engagés pendant les primaires et les caucus. Seule une petite par‐ tie d’entre eux pourraient toujours se déclarer non obli‐ gés de voter pour le candidat qu’ils auraient soutenu.

En ce sens, contrairem­ent aux délégués républicai­ns, les délégués démocrates sont engagés plutôt que liés à un candidat, et bien que les règles du parti mentionnen­t que les délégués doivent confirmer les voix de ceux qui les ont élus, il n'y a en fait pas de pénalité si un délégué vote différemme­nt.

Dans le cas du retrait ou du décès d’un candidat, les partis peuvent décider d'adopter des règles au mo‐ ment de leur convention (en juillet pour les républicai­ns et en août pour les démocrates) afin de garantir que les délé‐ gués qui leur sont liés au ni‐ veau de l'État soient libres de voter pour quelqu'un d'autre.

Reste que si aucun candi‐ dat n'a obtenu la majorité après le vote initial à la convention, on parle d’une convention négociée ou contestée, et tous les délé‐ gués deviennent des agents libres de voter pour qui ils souhaitent.

Dans ce cas-là, tous les candidats, même ceux qui ne se seraient pas présentés

 ?? ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada