La Côte-Nord est « absente » du budget Girard, selon la communauté des affaires
À la lecture du budget an‐ noncé par Québec, des di‐ recteurs généraux de Chambres de commerce de la Côte-Nord, jugent que les investissements en transport et en logement sont insuffisants pour ré‐ pondre aux besoins de la région. D’autres groupes, comme les propriétaires de forêts privées, semblent avoir réussi à tirer leur épingle du jeu.
Le constat du directeur de la Chambre de commerce de Manicouagan, Jeff Dufour Tremblay, qui représente les intérêts de la communauté d'affaires de la région, est tranchant : Ce qu'on constate, c'est que la région de la Côte-Nord est complè‐ tement absente de ce bud‐ get.
C’est le même constat pour le directeur général de la Chambre de commerce de Sept-Îles Uashat-mak-Maniutenam (CCSIUM), JohnJames Blanchette. La CôteNord n’est mentionnée qu’une fois sur un document de 400 pages. C’est inaccep‐ table.
Il regrette qu’aucun inves‐ tissement ne soit fait pour stimuler l'entrepreneuriat dans la région et que cer‐ taines promesses ne soient pas tenues. Le pont de Ta‐ doussac c’est un symbole de ça. On nous avait promis un investissement post-étude. Mais, il n’est pas présent dans le budget, déplore JohnJames Blanchette.
De notre côté, on voit dans les dernières années que le pouvoir politique de la Côte-Nord diminue.
Jeff Dufour Tremblay, di‐ recteur général, Chambre de commerce de Manicouagan
Pour John-James Blan‐ chette, la discrétion de la Côte-Nord dans le budget du Québec n’est pas due à un manque de communication. On est une région vocale, le gouvernement ne peut pas dire qu’il n’a pas entendu les régions. C’est une question de manque d’écoute, estimet-il.
Il y a une semaine, l’as‐ semblée des MRC de la CôteNord avait dénoncé la dé‐ chéance du transport aérien régional. Elle n’a toujours pas eu de réponse de Québec.
Le gouvernement prévoit dans son budget la somme de 27 millions de dollars sur trois ans pour améliorer la desserte aérienne des ré‐ gions.
La fiscaliste de Mallette à Baie-Comeau, Réjeanne Le‐ page, s'inquiète de la réparti‐ tion de cette enveloppe. Une portion va pour le Nunavut. On ne dit pas quelle part va être donnée pour la CôteNord.
Pour Jeff Dufour Trem‐ blay, la situation actuelle vient handicaper le dévelop‐ pement économique de la ré‐ gion. Il espère que le Comité du transport aérien com‐ prend la réalité, puis va faire des annonces dans les pro‐ chains mois.
Il ajoute que ne pas avoir [d’avion] qui atterrit dans la deuxième plus grosse ville de la région et dans l'ensemble des aéroports à desservir, c’est vraiment un enjeu qui pèse lourd sur notre écono‐ mie, sur notre formation et sur notre capacité d’attrac‐ tion.
En ce qui concerne le Plan québécois des infrastruc‐ tures (PQI), c’est le statu quo , indique M. Dufour Tremblay. Il n’y a rien de nouveau pour la Côte-Nord.
Investissements en loge‐ ments : ce n’est absolu‐ ment rien, dit Dufour Trem‐ blay
Alors que le taux d'inoccu‐ pation des logements se maintient à 0,5 % à Baie-Co‐ meau et à 1,4 % à Sept-Îles, avec son nouveau budget, le gouvernement du Québec a présenté peu de mesures concernant le logement et l’itinérance.
En effet, le gouvernement provincial maintient les in‐ vestissements annoncés lors de sa mise à jour écono‐ mique de novembre. Ce sont 240 millions de dollars qui seront consacrés à la construction de 4700 loge‐ ments à l’échelle du Québec.
Le directeur de la Chambre de commerce de Manicouagan juge que les sommes annoncées par Qué‐ bec ne répondent pas aux besoins de la région comme à Baie-Comeau, qui nécessi‐ terait entre 1000 et 1500 nouveaux logements, selon lui.
Le secteur forestier sa‐ lue les annonces de Qué‐ bec
C’est un soupir de soula‐ gement du côté des proprié‐ taires de forêts privées. Après les feux de forêt de l’été dernier qui ont décimé 1,3 million d’hectares au Québec, notamment sur la Côte-Nord, le gouvernement du Québec vient investir 147 millions de dollars sur 5 ans pour soutenir les travaux d’aménagement forestiers ou les travaux sylvicoles des fo‐ rêts privées.
On voit très positivement les annonces faites pour les propriétaires de boiseries, ré‐ pond le directeur général de Groupements forestiers Qué‐ bec, Vincent Garneau.
Vincent Garneau juge que les travaux d’aménagement forestier sont importants pour s'assurer que les forêts soient résilientes aux chan‐ gements climatiques et aux catastrophes comme les feux de forêt.
Ces nouveaux investisse‐ ments vont permettre aux propriétaires d’être accompa‐ gnés par des conseillers fo‐ restiers et d’adapter leurs méthodes de production.
Avec les informations de Julie Tremblay