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L’avenir du Centre culturel Le Chenail à la Maison de l’île de nouveau menacé?

- Benjamin Vachet

L’organisme francophon­e de Hawkesbury, le Centre culturel Le Chenail, espère renouveler son bail à la Maison de l’île. Celui-ci prend fin le 30 avril. Mais pour l’heure, la Municipa‐ lité envisage seulement de lui accorder un an de plus.

La Ville n’est pas actuelle‐ ment disposée à vous per‐ mettre de demeurer en tant que locataire à la Maison de l’île sauf pour une période d’un an expirant le 30 avril 2025, et selon les termes et conditions d’un amendement écrit à un bail signé, tel que proposé par la Ville, peut-on lire dans une une correspon‐ dance écrite transmise aux membres du conseil d’admi‐ nistration du Centre culturel Le Chenail, le 1er mars, et dont Radio-Canada a obtenu copie.

La Municipali­té justifie sa décision par un exercice mené à travers la ville.

On est en train de rééva‐ luer tous les bâtiments, toutes les propriétés de la Ville de Hawkesbury, leur vo‐ cation, leurs besoins… C’est pour ça qu’on a donné un an [au Centre culturel]. Ça nous donne un peu de temps pour évaluer et regarder la voca‐ tion et les besoins de chacun des bâtiments de la Ville, ex‐ plique le maire Robert A. Le‐ febvre. Eux aussi peuvent re‐ garder d’autres options.

La directrice générale et artistique au Centre culturel Le Chenail, Lynda ClouetteMa­ckay, reproche toutefois à la Ville son manque de com‐ munication dans ce dossier.

Elle raconte que cela fait plu‐ sieurs mois qu’elle cherche à s’asseoir avec la Municipali­té pour parler de ce dossier.

Il n’y a pas grande com‐ munication et c’est dom‐ mage! [...] C’est un peu un dialogue de sourds.

Lynda Clouette-Mackay, directrice générale et artis‐ tique au Centre culturel Le Chenail

Ce qu’on comprend, c’est qu’ils sont en train de repen‐ ser ce qu’ils vont faire de la Maison de l’île, mais ça, ça nous affecte, car on est dans la Maison de l’île. [...] Pour nous, un an de bail, ça ne nous aide pas à aller cher‐ cher des subvention­s et il y a encore des choses à réparer sur la maison, dit-elle.

Le maire assure toutefois qu’aucune décision définitive n’a été prise.

On va attendre les résul‐ tats de ces évaluation­s.

Une facture de près de 30 000 $

Pour pouvoir renouveler son bail d’une année supplé‐ mentaire, l’organisme cultu‐ rel devra notamment accep‐ ter de contribuer davantage aux frais de propane et d’électricit­é. La Municipali­té lui réclame aussi 29 225,68 $ d’arriérés de ces frais énergé‐ tiques pour la période de 2017 à 2023.

Le vice-président du conseil d’administra­tion du Centre culturel Le Chenail, Gérard Malo, estime qu’avant même de garantir à l’orga‐ nisme son maintien à la Mai‐ son de l’île, c’est sur cet as‐ pect-là qu’il faut se battre.

Le conseil d’administra‐ tion a décidé qu’il fallait se battre pour demeurer ici, mais en priorité, pour faire invalider cette facture. [...] Parce que si on gagne la ba‐ taille de rester ici et que la facture est encore là, ça va continuer.

Soulignant que son orga‐ nisme fonctionne sans sub‐ vention de la Ville, outre la mise à dispositio­n d’un local à très faible coût et d’une prise en charge jusqu'ici im‐ portante des factures éner‐ gétiques, Mme Clouette-Mac‐ kay raconte qu’au cours des années, Le Chenail a large‐ ment contribué à rénover l’édifice. Elle déplore donc les nouvelles exigences de la Municipali­té.

Financière­ment, nous, un 5000 $ ou un 6000 $ de plus, c’est quand même beaucoup.

C’est deux concerts de moins. Mais peut-être que ça ne les dérange pas? La culture, c’est peut-être pas important? questionne-t-elle. On a un impact sur la communauté qui est assez important. On est un moteur économique [...] et un organisme d’intérêt public.

Vers un nouveau cours judiciaire? re‐

L’organisme étudie actuel‐ lement ses options pour ré‐ pondre aux exigences de la Ville.

On est en train de digérer tout ça et de voir ce qu’on fait, dit la directrice générale. Moi, je suis en préparatio­n de ma 49e saison. J’ai une programmat­ion de 12 mois à préparer, c’est presque fini parce que ça sort le 5 avril. Je suis là-dedans, et j’ai cette épée de Damoclès qui ne nous laisse pas travailler, dé‐ plore-t-elle. C’est pas drôle, on n’a pas besoin de ça du tout. Ça mine le moral.

Selon M. Malo, un recours devant les tribunaux fait par‐ tie des possibilit­és envisa‐ gées.

Non seulement, [la Ville nous] donne zéro dollar, mais en plus ils s’acharnent contre le centre culturel. [...] Il y a des gens qui viennent nous voir et qui n’en re‐ viennent pas, déplore-t-il.

Ce n’est pas la première fois que l’organisme et la Ville s’opposent. En 2015, déjà, la décision d'installer un bureau touristiqu­e au rez-de-chaus‐ sée de la bâtisse occupée par l'organisme avait créé des tensions. Le Centre culturel Le Chenail avait finalement obtenu gain de cause, l’année suivante.

Avec les informatio­ns de Chantal Dubuc

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