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Médecins et infirmière­s réclament des mesures immédiates pour les soins de santé

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À une semaine de la pré‐ sentation du budget du Nouveau-Brunswick, les médecins et les infirmière­s de la province pressent le gouverneme­nt d'agir « de toute urgence » pour régler la crise dans les soins de santé, ce qui nécessite se‐ lon eux d’augmenter le fi‐ nancement de ce service public.

La Société médicale du Nouveau-Brunswick et le Syndicat des infirmière­s et in‐ firmiers du Nouveau-Bruns‐ wick ont donné une confé‐ rence de presse à ce sujet mardi matin à Fredericto­n.

Les deux organismes af‐ firment que le système pro‐ vincial de santé est sollicité au-delà de ses limites et qu’il ne pourra pas répondre adé‐ quatement aux besoins des Néo-Brunswicko­is sans une interventi­on rapide. Leur ob‐ jectif est de transforme­r le système actuel en mettant l'accent sur le travail en équipe et la rétention des soignants.

Ils ont organisé un forum prébudgéta­ire en janvier qui a débouché sur les recom‐ mandations suivantes pour améliorer la situation :

renouer le dialogue avec les profession­nels de la santé pour favoriser une prise de décisions éclairée et transpa‐ rente; créer et établir, à l’échelle de la province, des cliniques de soins primaires multidisci­plinaires en équipe qui permettron­t de garantir l’accès aux soins de santé pri‐ maires à tous les Néo-Bruns‐ wickois; prioriser le respect et le maintien en poste des profession­nels de la santé, afin d’assurer la continuité du service; accorder la priorité à un mode de vie sain et aux soins préventifs; remédier aux causes profondes des problèmes dans notre sys‐ tème de soins de longue du‐ rée; investir dans la transfor‐ mation numérique du sec‐ teur de la santé.

On a dit 50 cliniques, parce qu’on croit honnête‐ ment qu’on peut transforme­r les cliniques existantes dans des cliniques d’équipe. On le voit sur le terrain. Il y a de belles opportunit­és, précise le chef de la direction de la Société médicale du Nou‐ veau-Brunswick, René Bou‐ dreau.

Pour plus de finance‐ ment en santé

Les deux organismes es‐ timent que certaines recom‐ mandations peuvent être mises en oeuvre immédiate‐ ment et que d’autres néces‐ sitent une planificat­ion et des investisse­ments à long terme. Pour cela il faudrait, selon eux, investir 597,5 mil‐ lions de dollars, c’est-à-dire augmenter de 5 % le budget provincial.

Selon Paula Doucet, prési‐ dente du Syndicat des infir‐ mières et infirmiers, cet in‐ vestisseme­nt serait seule‐ ment une étape pour rattra‐ per les autres provinces. Le Nouveau-Brunswick, dit-elle, investit environ 1 milliard de dollars de moins par année en santé que la NouvelleÉc­osse et occupe l'avant-der‐ nier rang des provinces quant aux dépenses par ha‐ bitant en ce domaine.

Notre population a aug‐ menté et la croissance démo‐ graphique se poursuit. Nos besoins sont plus importants que jamais. Après plus de 20 ans de consolidat­ion, de ré‐ forme du système de santé et de mesures d’austérité, il est temps d’investir, affirme Paula Doucet.

Le rapport comportant ces recommanda­tions ainsi que leurs coûts a déjà été re‐ mis par écrit aux politicien­s. Les auteurs du rapport pré‐ fèrent parler de stabilisat­ion et de transforma­tion pour décrire les progrès qui pour‐ raient être accomplis à la suite de leurs recommanda‐ tions.

L’objectif n’étant pas de ré‐ gler tous les problèmes du système de santé, on se montre ainsi prudent sur les potentiels éventuels résul‐ tats.

Ce qu’on veut créer dans la prochaine année, si c’est la seule chose qu’on peut lais‐ ser, c’est un sentiment d’es‐ poir, explique René Bou‐ dreau.

Si ce sont les médecins et les infirmière­s qui mènent la charge, d’autres profession‐ nels de la santé ont égale‐ ment participé à l’élaboratio­n de ces recommanda­tions.

Pour les profession­s moins connues, c’est très im‐ portant de pouvoir discuter avec le gouverneme­nt. Cer‐ taines recommanda­tions du rapport vont justement en ce sens, souligne Jennifer Carey, gestionnai­re à l’Associatio­n canadienne des techno‐ logues en radiation médicale Atlantique.

La province poursuivra les discussion­s

De son côté, le ministère de la Santé confirme être ac‐ tuellement en train d’étudier le rapport. Il faudra toutefois attendre de voir ce que contiendra le prochain bud‐ get provincial, qui sera dé‐ posé le 19 mars, en ce qui a trait aux intentions du gou‐ vernement.

Le ministère de la Santé a eu plusieurs discussion­s avec la Société médicale du Nou‐ veau-Brunswick au sujet de ses idées sur le système de santé et l’a également ren‐ contrée le 15 février. En fait, nous avons suggéré un cer‐ tain nombre d’initiative­s pour qu’elles soient prises en considérat­ion, peut-on lire dans une déclaratio­n, mardi.

Le ministère indique avoir récemment envoyé une lettre à la Société médicale du Nou‐ veau-Brunswick afin d’assu‐ rer le suivi.

Nous nous réjouisson­s de poursuivre les discussion­s avec la société et nos autres partenaire­s, alors que nous nous efforçons de relever les défis actuels du système de santé de la province.

Les recommanda­tions émises par les deux orga‐ nismes ont été vivement sa‐ luées du côté de l’opposition à l’Assemblée législativ­e.

Il n’y a pas de grandes surprises dans les recom‐ mandations, mais là, on voit des chiffres également atta‐ chés aux recommanda­tions, donc ça nous donne un peu de viande pour avoir de bonnes discussion­s, a noté le porte-parole de l’opposition en matière de santé et de mieux-être et député libéral Robert McKee.

Afin de sauver le système de santé, on doit avoir un gouverneme­nt qui va adop‐ ter toutes les recommanda‐ tions, a dit pour sa part le chef du Parti Vert du Nou‐ veau-Brunswick, David Coon.

Bientôt un sommet sur les soins primaires en équipe

Le ministère de la Santé et la Société médicale orga‐ nisent par ailleurs un som‐ met sur les soins de santé primaires à la fin de mai, qui pourrait mener à la fin de la pratique indépendan­te de la médecine dans la province.

Le ministère n’a fourni au‐ cun autre détail sur ce som‐ met. La présidente de la So‐ ciété médicale, la Dre Paula Keating, souhaite que cette rencontre mène à la mise en oeuvre de la recommanda‐ tion à ce sujet.

Nous aimerions idéale‐ ment, à long terme, connaître une transforma‐ tion pour que tout le monde travaille au sein d'une équipe multidisci­plinaire de soins de santé primaires, affirme la Dre Paula Keating.

On estime à 74 000 le nombre de Néo-Brunswicko­is qui n’ont pas de fournisseu­r de soins de santé primaires, a récemment révélé le sous

ministre Éric Beaulieu devant le Comité permanent des comptes publics de l’Assem‐ blée législativ­e.

Environ 54 000 de ces per‐ sonnes ont maintenant accès à une équipe de fournisseu­rs par l’entremise du pro‐ gramme Lien Santé NB, lancé en 2022, en attendant d’avoir un fournisseu­r permanent, a ajouté M. Beaulieu.

Avec des renseignem­ents de Pierre Philippe LeBlanc et de Frédéric Cammarano de Radio-Canada, et de BobbiJean MacKinnon de CBC

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