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Il est 15 h 05, le 13 mars, à Amqui

- Laurence Gallant

Un soleil vif, printanier, a brillé mercredi, à l’image de cet après-midi du 13 mars 2023, au centre-ville d’Amqui. Depuis le début de la matinée, les cloches de l’église ont sonné toutes les heures, en mémoire des trois vies qui ont été fau‐ chées dans une attaque au camion-bélier, et pour les survivants.

Sur le boulevard Saint-Be‐ noît, lieu du drame qui s’est produit il y a un an jour pour jour, des gens sont sortis des commerces. Des personnes, dont le frère d’une des vic‐ times, Gérald Charest, se sont arrêtés sur le trottoir.

C'est vraiment important, parce que ça a été dur. Mon frère est décédé instantané‐ ment. [...] Mais le premier tour de roue est fait. Après ça, ça devrait aller mieux un petit peu, tranquille­ment. On peut pas changer l'histoire, mais il faut que justice soit faite, et on va essayer de continuer tranquille­ment, en se supportant. Le monde d'Amqui, c'est du monde qui se supporte, affirme Sylvain Charest.

J'aime pas ça, j'aime pas être ici, mais il faut faire le tour. Et on se rappelle de bons souvenirs. Mon frère Gérald, c'était un gars drôle. On était proche.

Sylvain Charest

À 15 h 05, moment précis où la vie de bien des familles a été bouleversé­e à Amqui, les citoyens rassemblés sur le boulevard se sont recueillis en silence.

Pendant trois minutes, une peinture vivante, à la fois poignante et solennelle : tous ont porté leur regard dans la même direction, vers l’est. C’est de là qu’a surgi la ca‐ mionnette il y a un an, avant de foncer sur la foule.

Au même moment, d’autres proches des victimes se sont réunis sur le parvis de l’église. Ils se sont tenus par la main, en cercle, le temps d’observer une minute de silence.

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La communauté se remet petit à petit du choc, mais elle n’a rien oublié. Certains ont même changé leurs habi‐ tudes lorsqu'ils se pro‐ mènent en ville.

On fait notre trajet et on revient toujours dans le sec‐ teur… mais c’est sûr qu’on y pense. Des gens circulent même à l’envers pour voir ve‐ nir les voitures, affirme un passant.

La mairesse d'Amqui, Syl‐ vie Blanchette, indique que cette journée de commémo‐ ration fait remonter bien des émotions. Un rassemble‐ ment intime avec des vic‐ times de l'attaque s'est d'ailleurs tenu mercredi après-midi. Il y a la conjointe d’une personne décédée qui n’était pas retournée mar‐ cher encore sur ces lieux-là, donc cet après-midi, tous en‐ semble, on était là, relate l'élue.

Cet après-midi, on a vécu encore de grandes émotions, [...] et on les vit à la minute.

Sylvie Blanchette, mai‐ resse d'Amqui

On est tous ensemble, so‐ lidaires, et la vie continue. Et il faut voir les beaux mo‐ ments qu’on peut vivre aussi. C’est ça qu’on veut retenir, souligne Mme Blanchette, qui s'est d'ailleurs permis un discours tout en humour lors du rassemblem­ent de mer‐ credi soir, au parc Pierre-etMaurice-Gagné.

Ça ne s'oublie pas. On au‐ rait pu être dans les victimes parce qu’on venait de quitter le trottoir, raconte pour sa part une résidente croisée à Amqui.

J’ai trouvé ça beau que le monde se tienne, parce que… c’est épouvantab­le, com‐ mente une autre.

En ce sens, le maître mot des commémorat­ions organi‐ sées mercredi, selon le mar‐ guillier Daniel Thériault, est solidarité.

On voyait que les gens, ça les touchait, tout comme moi, ça nous touchait per‐ sonnelleme­nt. C’était irréa‐ liste, mais aussi rassembleu­r, raconte-t-il.

Les gens se sont regrou‐ pés, se sont tenus debout, ont fait des manifestat­ions [...] C’était vraiment extraordi‐ naire de voir toute cette soli‐ darité-là.

Daniel Thériault, mar‐ guillier et résident d’Amqui

De son côté, le curé Kindé Cosme Arouko a indiqué que l'église d'Amqui avait ouvert ses portes pour toute per‐ sonne, peu importe la foi, qui souhaitait se recueillir ou tout simplement briser l'iso‐ lement.

Les gens ont besoin de parler avec d’autres per‐ sonnes. Ils sont sortis de la maison pour trouver un en‐ droit neutre afin de se re‐ cueillir.

Kindé Cosme Arouko, prêtre d’Amqui

L’église, c’est la maison de

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