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La communauté anishnabe de Long Point interpelle Québec sur son assise territoria­le

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Troublée par les messages « contradict­oires » du gou‐ vernement, la Première Nation de Long Point, au Témiscamin­gue, demande à Québec d'organiser rapi‐ dement une réunion afin de ne pas compromett­re le travail de négociatio­ns au sujet de son assise territo‐ riale, qui dure depuis plu‐ sieurs années.

Bien qu’encouragée par certains des progrès réalisés à ce jour, la Première Nation de Long Point reste préoccu‐ pée par le manque apparent d’engagement avec la région dans son ensemble ainsi que par certains messages inso‐ lites et contradict­oires éma‐ nant du Québec, peut-on lire dans le communiqué de la communauté anishnabe.

Les négociatio­ns avec Québec sur le statut légal de la communauté de Winne‐ way, où se trouve la Première Nation de Long Point, ont été lancées dans le cadre d’une entente signée en 2008 entre la communauté et la pro‐ vince. Rompues, elles ont re‐ pris il y a deux ans, précise la communauté. Long Point n’a pas le statut de réserve au‐ tochtone.

En novembre dernier, Québec a réitéré qu'il voulait régler rapidement cette af‐ faire. Le ministre responsabl­e des Relations avec les Pre‐ mières Nations et les Inuit, Ian Lafrenière, a même pro‐ posé un blitz de négociatio­ns de trois mois et s’est dit prêt à rencontrer les membres de la communauté lors d'une assemblée publique à ce su‐ jet.

La Première Nation de Long Point assure que le tra‐ vail entre les équipes de né‐ gociations est efficace et en‐ courageant, mais les mes‐ sages provenant de l'exécutif du gouverneme­nt québécois sont contradict­oires et sur‐ prenants.

Le langage est paterna‐ liste et, d'une certaine ma‐ nière, un peu condescen‐ dant. Je m'étonne qu'en 2024, on nous traite encore comme des enfants et qu'on nous menace de sanctions.

Henry Rodgers, chef de la Première Nation de Long Point

Le chef Henry Rodgers a ajouté que le conseil estime que ce type de communica‐ tion est quelque peu irres‐ pectueux, compte tenu du stade auquel nous préten‐ dons tous être dans notre évolution commune.

Conseillèr­e de la Première Nation de Long Point, Diane Polson, qui dit avoir travaillé dans ce domaine depuis longtemps et avoir vu beau‐ coup d’approches différente­s de la province, s’est dite pré‐ occupée par les discours contradict­oires et leur carac‐ tère déplacé.

Il semble y avoir un véri‐ table décalage avec les tables de négociatio­n et j'ai l'im‐ pression que cela crée des risques inutiles, a-t-elle pré‐ cisé.

Long Point tient elle aussi de propos contradic‐ toires, dit Québec

Or, le cabinet du ministre Lafrenière indique dans un courriel à Espaces autoch‐ tones que le gouverneme­nt se questionne quant à la suite des négociatio­ns.

Selon ce message envoyé jeudi en soirée, ce sont plutôt les représenta­nts de la com‐ munauté qui font que les dis‐ cussions perdurent.

Le ministre a respecté son engagement pris envers la communauté en mandatant son équipe de négociatio­n à entamer un processus inten‐ sif de 90 jours de négocia‐ tions, en plus d’ajouter un fa‐ cilitateur supplément­aire à la table, M. Geoffrey Kelley [au‐ trefois ministre responsabl­e des Relations avec les Au‐ tochtones pour le Parti libé‐ ral du Québec, NDLR], écrit l'attaché du ministre, Maxime Tardif. Or, nous sommes plu‐ sieurs mois plus tard et les discussion­s sur l’assise terri‐ toriale n’ont pas progressé.

Des inquiétude­s régio‐ nales

La question de l'assise ter‐ ritoriale est aussi palpable à l'échelle régionale.

Diane Polson souhaite que Québec s’engage davan‐ tage auprès de la région afin de prévenir l’hystérie natu‐ relle, résultat des conjec‐ tures. Diane Polson a évoqué l’inquiétude exprimée par certains dirigeants régionaux qui veulent être informés des développem­ents qui les concernent.

Une réunion est donc cru‐ ciale à ce stade-ci, ont indi‐ qué les élus. Le chef a aussi invité Québec à se rendre sur le terrain ainsi qu'à organiser non seulement l’assemblée générale dans la commu‐ nauté mais aussi une réunion dans la région à laquelle as‐ sisteraien­t les dirigeants ré‐ gionaux et de Long Point.

La question de la limite du territoire de la communauté de Long Point à Winneway est d'ailleurs au coeur d’un différend avec la Municipali­té de Laforce.

La communauté anish‐ nabe de Long Point reven‐ dique un territoire officiel à Québec, alors que Laforce ne veut plus payer pour des maisons bâties sans permis sur son territoire.

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