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Visas pour les Mexicains : Pêcheries de l’Estuaire privée de la moitié de son personnel

- Julie Tremblay

À deux semaines de l'ou‐ verture de la pêche au crabe des neiges, l'usine des Pêcheries de l'Estuaire à Rimouski se voit privée de 18 membres de son per‐ sonnel pour une durée in‐ déterminée en raison de la décision d'Ottawa d'exiger des visas pour certaines ca‐ tégories de Mexicains.

Cette

usine

devait

ac‐ cueillir pour une troisième année des travailleu­rs en provenance du Mexique qui avaient un contrat de travail d'une durée de neuf mois. Or, selon la nouvelle directive fédérale, ces travailleu­rs doivent maintenant obtenir un visa avant d'arriver au Ca‐ nada.

Quand on a appris ça, on était en état de choc, raconte le président de Pêcheries de l'Estuaire, Henry Clapperton.

On se demande pourquoi le gouverneme­nt fédéral et Immigratio­n Canada ont pu obliger le visa sans tenir compte des effets au niveau des travailleu­rs, dit-il.

Parmi les 18 travailleu­rs mexicains qui étaient atten‐ dus, 14 ont déjà travaillé à l'usine rimouskois­e.

On a quand même investi en eux au cours des der‐ nières années et c’est une main-d’oeuvre qualifiée aussi.

Pour l’entreprise, c’est très important, rappelle M. Clap‐ perton.

Qui plus est, Pêcheries de l'Estuaire dit avoir investi en‐ viron 6000 $ pou chacun de ces travailleu­rs pour payer leur recrutemen­t, les formali‐ tés administra­tives et leur billet d'avion.

C'est une décision que je qualifiera­is de vraiment dom‐ mageable.

Henry Clapperton, pré‐ sident des Pêcheries de l'Es‐ tuaire

V Recruter à vitesse grand

Alors que la pêche au crabe des neiges devrait s'amorcer le 24 mars dans l'estuaire du Saint-Laurent, Pêcheries de l'Estuaire ignore à quel moment les Mexicains attendus pourront obtenir leur visa. L'entreprise tente entre-temps de recruter d'autres travailleu­rs pour ré‐ pondre à ses besoins ur‐ gents. Ces travailleu­rs de‐ vront eux aussi être formés.

On essaie de recruter par‐ tout où on peu, ici à Rimouski et dans les environs. […] Au niveau des travailleu­rs cana‐ diens, québécois, c’est diffi‐ cile à trouver, confie M. Clap‐ perton.

Au moins cinq usines de l'Est-du-Québec se re‐ trouvent d'ailleurs dans la même situation concernant leurs travailleu­rs mexicains et doivent recruter rapide‐ ment.

M. Clapperton garde ce‐ pendant espoir de faire fonc‐ tionner son usine avec d'autres travailleu­rs et pour‐ suit en parallèle les dé‐ marches nécessaire­s pour faire venir ses employés mexicains.

La firme Dotemtex, qui est responsabl­e du recrutemen­t à l'étranger pour plusieurs usines de l'Est-du-Québec, a pour sa part décliné notre demande d'entrevue pour l'instant en précisant qu'elle concentre ses efforts pour tenter de régler la situation.

De son côté, Immigratio­n, Réfugiés et Citoyennet­é Ca‐ nada confirme par courriel que les candidats qui pré‐ sentent une demande de permis de travail à titre d’ou‐ vrier ou de manoeuvre dans une usine de transforma­tion de poisson et de fruits de mer sont déjà admissible­s au traitement prioritair­e, au même titre que les tra‐ vailleurs agricoles. Nous continuons à traiter ces de‐ mandes en priorité, indique le Ministère dans son cour‐

riel.

Par ailleurs, le Ministère confirme son intention d'ou‐ vrir d'autres points de service de collecte des données bio‐ métriques pour faciliter le traitement des demandes au Mexique.

Une rencontre avait ce‐ pendant eu lieu lundi entre l'Associatio­n québécoise de l'industrie de la pêche (AQIP), Dotemtex et des membres du cabinet du ministre fédé‐ ral de l'Immigratio­n, Marc Miller. Aucun assoupliss­e‐ ment n'avait alors été consenti.

Avec la collaborat­ion de Lisa-Marie Bélanger

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