De Jack Kerouac à Brad Cormier, un enseignant montre le chemin du voyage
L’hiver tire à sa fin et ce n’est pas l’envie qui manque aux étudiants de Maddy Lacroix de prendre la route. Son cours Globe‐ trotteur leur permet de voyager dans le temps à travers les récits de Jack Kerouac, Serge Bouchard et Brad Cormier. Les étu‐ diants du Cégep BeauceAppalaches partent sur la route le temps d’une ses‐ sion.
C’est atypique comme cours [...] on voulait valoriser le récit de voyage, lance son concepteur Maddy Lacroix. L’enseignant en Lettres au Cégep Beauce-Appalaches depuis près de 30 ans a luimême traversé le continent en diagonale, une douzaine de fois.
J’ai eu la chance de tra‐ vailler aux États-Unis pen‐ dant quelques années [...] j’ai été conscient du fait franco‐ phone un peu partout dans l’Ouest américain et à partir de là, je me suis nourri des propos de Jack Kerouac, Serge Bouchard et plus tard Brad Cormier pour pouvoir bien élaborer et bien atta‐ quer les thèmes du récit de voyage, explique-t-il.
C’est des thèmes qui sont propres à des gens de 18-1920 ans, on parle de quête identitaire, d’émancipation, de liberté, il y a un petit côté rebelle aussi contre la so‐ ciété, contre les valeurs fami‐ liales.
Maddy Lacroix, ensei‐ gnant en Lettres au Cégep Beauce-Appalaches
Rivièrances : la bible du cours
C’est d’ailleurs le récit de voyage de Brad Cormier qui allait devenir la bible du cours Globetrotteur pour l’enseignant beauceron. Son livre Rivièrances se veut une quête identitaire partagée entre les rivières, les er‐ rances, les frontières, les ren‐ contres, l’histoire et la langue française.
Depuis 2019, l’auteur aca‐ dien québécois est venu six fois rencontrer les étudiants pour une discussion et un atelier de création.
Guitare à la main, il leur interprète une chanson de Cayouche, Pas d’icitte, pas d’ailleurs. Une chanson qui le décrit bien. C’est exactement comment je me suis sentie longtemps et même encore aujourd’hui, explique-t-il.
Je me suis sentie souvent seul, j’allais au secondaire, personne ne venait d'où je
venais […] La quête identi‐ taire j’ai souvent pensé qu’elle était juste à moi, qu’elle s’appliquait à moi, mais en écrivant le livre, en li‐ bérant un peu ça, je me rends compte que oui c’est universel.
Brad Cormier, auteur de Rivièrances
L’attention des étudiants est rivée sur la discussion et ils ont plusieurs questions. Maddy Lacroix pense que le récit de Brad Cormier peut les aider lors de moment bu‐ toir dans leur développe‐ ment personnel.
Tout commence par un point d’interrogation, une in‐ certitude, qui mène vers le doute, très souvent vers la peur et la fin, tout bascule vers la fierté et je trouve qu’à 18-19 ans apprendre ça c’est énorme, note Maddy Lacroix.
Victoria Demers, étu‐ diante du cours Globetrot‐ teur est du même avis. C’est tellement facile de faire des liens [...] c’est des expé‐ riences qui pourraient nous aider à grandir justement comme personne.
Un livre, une ouverture au dialogue qui touche beau‐ coup Brad Cormier. Déjà là, s'ils partent avec un morceau de ça [...] ça peut soulever un intérêt et une curiosité pour aller chercher d’autres livres et après c’est un monde infini pour découvrir.
En visite à Harvard
En octobre dernier, l’au‐ teur et l'enseignant ont même eu l’occasion d’aller faire une présentation à l’Uni‐ versité Harvard, à la suite d'une invitation de Claire-Ma‐ rie Brisson, professeur et chargée de cours de l’institu‐ tion.
Pour moi Brad Cormier, il est en train de négocier son identité maintenant, son identité qui est partagée entre les frontières, son iden‐ tité qui est partagée avec mon identité ici aux ÉtatsUnis pour voir où maintenant la langue française existe, lance Claire-Marie Brisson qui a des racines familiales à Saint-Fabien-de-Panet, en Chaudière-Appalaches.
Les étudiants de son cours Découverte de l’Amé‐ rique francophone par le texte, l’image et la culture ont pu entendre les deux hommes parler de leur dé‐ marche respective.
Ce qui est intéressant pour mes étudiants c’est plu‐ tôt avoir l’expérience des croisements, des confluences entre les cultures plurielles francophones ici en Amé‐ rique du Nord et pour moi c’est une belle découverte, se rappelle-t-elle ajoutant que le nombre de locuteurs franco‐ phones se compte par mil‐ lions aux États-Unis.
Certains étudiants, ils savent que le Québec existe, mais à part ça c’est plutôt si‐ rop d’érable, caribou, ce qu’on fait c’est pousser les stéréotypes à partir des eaux et dire : "on peut partir soit avec la littérature, soit en vrai pour parler français, pour et découvrir la richesse de la langue française ici en Amé‐ rique du Nord".
Claire-Marie Brisson, pro‐ fesseure de français à l'Uni‐ versité Harvard
Place au théâtre au Cé‐ gep
La discussion terminée, les étudiants du cours se lancent dans un atelier créa‐ tif en petit groupe. Quel per‐ sonnage avez-vous choisi ? s'interroge Maddy Lacroix, qui veut savoir quelle route les jeunes prendront, alors qu’ils doivent composer un récit de voyage théâtral de 200 mots, en prenant sur le pouce un des personnages vus pendant la session.
Au récit littéraire étudié s'ajoutent aussi des films comme Thelma et Louise et Into the wild.
On veut développer l’es‐ prit d’analyse [...] on veut promouvoir la création, en fin de parcours on leur de‐ mande de créer une pièce de théâtre.
Maddy Lacroix,
ensei‐ gnant du cours Globetrotteur
Un projet théâtral qui se poursuivra dans le cours Le monde du théâtre de MarieClaude Bolduc aussi ensei‐ gnante en Lettres au Cégep Beauce-Appalaches.
On travaille de mon côté, la diction, l'évocation et les langages théâtraux et les thé‐ matiques comme ce qu’ils sont en train de préparer cet après-midi, explique-t-elle.
Les jeunes n’ont mainte‐ nant qu’une chose en tête : partir à l’aventure.
Pendant mon cours, j’ai décidé avec mes amis de par‐ tir en road trip ça m’a vrai‐ ment donné le goût de visiter [en apprendre davantage] sur la culture et le déplace‐ ment des Français en Amé‐ rique, explique l’étudiant Louis-Antoine Lessard qui prévoit se rendre sur la côte est américaine.
Question de vivre leur propre récit de voyage, ins‐ piré par Jack Kerouac, Serge Bouchard ou Brad Cormier.
tique, Peter Daniels.
Il raconte que son père lui enseignait certains de ces jeux lorsqu’il devenait impa‐ tient sur le territoire, sans pourtant savoir qu’il s’agissait des jeux traditionnels dénés.
Les sports traditionnels sont une manière pour nous de partager notre culture avec le monde. [...] et le monde commence à vrai‐ ment voir notre culture et à réaliser toute sa beauté, ditil.
D’ailleurs, en périphérie du banquet culturel, les jeunes athlètes en ont profité pour pratiquer et se mettre au défi, particulièrement dans les différents sports arc‐ tiques, une manière de souli‐ gner qu’il s’agit bien, à la base, de jeux qui amènent à s’amuser, à rire et à d’échan‐ ger.
Avec des informations de Félix Lebel et de Virginie Ann