Un financement permanent pour le Bureau de l’écran autochtone
Le gouvernement fédéral a annoncé un financement permanent de 13 millions de dollars par an pour sou‐ tenir la production télévi‐ suelle autochtone. Une aide bienvenue, lorsqu’on sait que l’organisme res‐ ponsable de cette mission était inquiet quant à sa survie.
Après s'être fait refuser un soutien financier lors du bud‐ get fédéral de 2023, le Bu‐ reau de l’écran autochtone (BEA), cet organisme qui sou‐ tient la production et la for‐ mation des artistes des Pre‐ mières Nations, des Inuit et des Métis depuis 2017, ac‐ cueille cette nouvelle avec un soulagement.
Dès cette année, le BEA recevra donc une enveloppe de 13 millions de dollars de la part du gouvernement, et ce, sans limite dans le temps. Il s’agit du même montant que le BEA a reçu les années précédentes.
Nous faisons partie d’un changement, a dit Kerry Swanson, la directrice géné‐ rale du BEA, présente lors de l’annonce, évoquant le pro‐ cessus de réconciliation en‐ tamé à travers le pays.
Il s'agit d'être partenaires. Marcher sur cette voie en tant que partenaires égaux autour de la table, a-t-elle en‐ core ajouté.
Le fédéral justifie son en‐ gagement de financement par le fait que les cultures et les langues autochtones sont [des] outils puissants pour guérir, se réconcilier et favo‐ riser un profond sentiment identitaire.
Ces fonds permettront à plus de gens des Premières Nations, d’Inuit et de Métis de raconter leurs propres histoires et de se voir à l’écran. Ils assureront la stabi‐ lité du milieu, renforceront l’autodétermination des Au‐ tochtones et permettront au BEA de tisser des relations à long terme avec des parte‐ naires et des commandi‐ taires, expliquait le ministère dans un communiqué de presse.
La ministre St-Onge, qui s’est livrée à un court cercle de parole avec Kerry Swan‐ son et la réalisatrice abéna‐ kise, Alanis Obomsawin, a in‐ sisté sur le fait que le gouver‐ nement souhaite voir des créateurs autochtones qui ra‐ content leur histoire, insis‐ tant sur le concept de souve‐ raineté narrative.
Mme Obomsawin a aussi pris la parole, racontant com‐ ment les histoires racontées aux jeunes ont pu créer une fausse représentation des Autochtones.
Si les enfants pouvaient entendre d’autres histoires, ils ne nous détesteraient pas. Je veux que tout le monde puisse entendre les voix des 11 nations du Québec.
Alanis Obomsawin, réali‐ satrice abénakise
Mme Swanson s’est donc félicitée de ce coup de pouce du gouvernement, mais a tout de même convenu que la somme n’est pas suffisante compte tenu de la situation actuelle, notamment l’infla‐ tion et les coûts de produc‐ tion de plus en plus élevés.
Treize millions de dollars par an ne suffisent pas pour remplir pleinement notre mandat. Nous finançons toutes les plateformes à tra‐ vers le pays. Nous servons la diversité des peuples autoch‐ tones dans le cinéma, la télé‐ vision, le numérique, l'inter‐ actif et l'immersif. Mais c’est une première étape très im‐ portante. Nous avons désor‐ mais une base sur laquelle bâtir, a-t-elle expliqué, ajou‐ tant qu’un projet de balado était en cours de réalisation.
Mme Swanson compte trouver d’autres sources de financement, d’autant que le BEA vient d'être certifié en tant que fonds de production indépendant, ce qui le rend admissible aux fonds manda‐ tés par le CRTC et alloués par le biais de la Loi sur la diffu‐ sion continue en ligne.
Nous sommes donc très optimistes et pensons que d’ici un an ou deux, nous pourrons nous appuyer de manière significative sur ce budget pour remplir pleine‐ ment notre mandat, a-t-elle terminé.
Le BEA a porté plusieurs projets qui sont devenus des succès. Parmi eux, L’Ombre des corbeaux (Bones of Crows), première minisérie et premier long métrage à être dirigés par des femmes au‐ tochtones, qui traitent de la vie dans les pensionnats pour Autochtones en Amé‐ rique du Nord, ou encore Pour toi Flora, une minisérie qui explore la réalité des pen‐ sionnats au Québec.