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Dans l’oeil d’Ivanoh : la couverture de funéraille­s officielle­s

- Ivanoh Demers

Lors de funéraille­s pu‐ bliques, le protocole est primordial. Il faut donc connaître le déroulemen­t d’une telle cérémonie et être prévoyant pour maxi‐ miser ses chances d’obtenir de bonnes images.

La sergente de la Sûreté du Québec Maureen Breau a perdu la vie dans l’exercice de ses fonctions le 27 mars 2023 alors qu’elle tentait de procé‐ der à une arrestatio­n à Loui‐ seville, en Mauricie.

Des milliers de policiers et de citoyens sont allés lui rendre un dernier hommage le 13 avril suivant. Ils ont ac‐ compagné le cortège funèbre dans les rues de Trois-Ri‐ vières en marchant dans un silence absolu.

C'est le genre de scène où l'émotion est toujours à son comble. Il s'agit de bien ob‐ server les participan­ts et les spectateur­s et de distinguer des gens qui peuvent bien illustrer ce moment.

Après avoir pris connais‐ sance de l'itinéraire prévu pour la procession funéraire, il est important de choisir un bon endroit où s’installer, car la cérémonie est réglée au quart de tour. Un détail im‐ portant : il est parfois même interdit de traverser la rue. C’est un facteur à retenir, car il faudra se rendre rapide‐ ment devant l'église. Et la foule dense qui sera sans doute sur place risque aussi de rendre les déplacemen­ts difficiles. À prévoir.

Compte tenu du grand nombre de personnali­tés pu‐ bliques présentes, les me‐ sures de sécurité sont très strictes. Pour un photo‐ graphe profession­nel, il faut être accrédité, c’est-à-dire avoir obtenu au préalable l’autorisati­on d’être présent et de prendre des photos. Cela facilite beaucoup la vie pour se déplacer dans les zones accessible­s unique‐ ment aux représenta­nts des médias.

Protocole oblige, très peu de photograph­es sont accré‐ dités à l'intérieur de l'église, histoire de respecter la fa‐ mille et de favoriser l'inti‐ mité. C’est normal.

Cet accès est générale‐ ment accordé à une agence de presse qui transmet par la suite ses photos à tous les médias.

Au cours de ma carrière, je n'ai pu entrer dans l’église qu’une seule fois lors de fu‐ nérailles officielle­s. C'était lors de celles de l’ex-leader syndical Louis Laberge.

Le gouverneme­nt du Qué‐ bec lui avait rendu hommage en organisant des obsèques nationales à la basilique-ca‐ thédrale Marie-Reine-duMonde, à Montréal, le 25 juillet 2002.

Les ex-premiers ministres du Québec Lucien Bouchard et Jacques Parizeau étaient sur place. Lors d'un bref ins‐ tant de recueillem­ent, M. Bouchard, la main sur le bras, a regardé vers le ciel. J'avais mon moment. Le secret le mieux gardé des photograph­es : on doit se présenter le plus tôt pos‐ sible pour négocier l'empla‐ cement de son escabeau. Cette démarche accroît les chances de réussite.

Avoir un point de vue bien centré vis-à-vis le centre de l'église est primordial. Comme le cercueil sera au centre des escaliers, l’image sera parfaiteme­nt équilibrée. Être au-dessus de la foule permet d'avoir une vue bien dégagée à l'arrivée du cor‐ tège.

L'arrivée du cercueil de Guy Lafleur recouvert du dra‐ peau des Canadiens de Mon‐ tréal a été le premier mo‐ ment fort de cette triste jour‐ née du 3 mai 2022.

Lorsque la cérémonie a débuté, comme je n’avais pas accès à l’intérieur de l’église, c’était le temps pour moi d’envoyer un premier lot d’images. Je souligne ici que les clichés pris au moment de l’entrée des gens dans l'église sont fréquemmen­t moins intéressan­ts parce qu’on y voit surtout des gens de dos.

Les images les plus fortes sont presque toujours prises à la fin de la cérémonie. La femme de Guy Lafleur, Lise, avait été chaudement ap‐ plaudie par les gens pré‐ sents. Émue, elle a en retour salué la foule à plusieurs re‐ prises, un moment qui res‐ tera gravé dans ma mémoire.

Puisque j’étais de l'autre côté de la rue, un puissant téléobject­if était de mise. J’ai utilisé une longueur focale de 600 mm. Par ailleurs, je désactive toujours le son de l’obturateur sur mes appa‐ reils photo (un son artificiel depuis que les appareils sont numériques) : je préfère être le plus discret possible afin de ne pas importuner les gens endeuillés.

Lors des obsèques de l’exmaire de Montréal Jean Doré, j'avais privilégié un objectif à grand angle pour montrer la foule et le décorum qui ré‐ gnait sur place. Une photo de la foule présente est toujours nécessaire pour donner une idée de l’ampleur de l’événe‐ ment.

Cependant, pour ce genre de cérémonie, je suggère de revenir rapidement à un ob‐ jectif à longue focale. Il per‐ met de mieux capter l’émo‐ tion sur les visages sur des plans plus serrés.

Mon clin d'oeil de la se‐ maine

Je serai aux funéraille­s d'État de l’ancien premier mi‐ nistre Brian Mulroney la se‐ maine prochaine.

Dans ma carrière, j’ai cou‐ vert de nombreuses cérémo‐ nies funéraires. Le défi consiste toujours à docu‐ menter adéquateme­nt ces journées historique­s.

Avec un nombre élevé de personnali­tés sur place, je prévois réaliser entre 3000 et 5000 photograph­ies lors de cette journée.

Je me prépare toujours sensibleme­nt de la même manière : je serais tôt sur place avec mon escabeau, des vêtements adéquats en fonction du temps annoncé, des barres tendres, mon équipement photo et quelques mouchoirs, car l’émotion sera sans doute en‐ core une fois palpable.

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