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La sobriété numérique : les petits gestes font-ils vraiment la différence?

- Stéphanie Dupuis

Envoyer des courriels, faire des requêtes à un robot conversati­onnel, regarder une série télé diffusée en continu… Ce sont toutes des actions que l’on pose parfois quotidienn­ement, non sans effets sur l’envi‐ ronnement. Et si on faisait le ménage dans nos habi‐ tudes?

Le 16 mars, les gens sont invités à participer à la Jour‐ née mondiale du nettoyage numérique (Digital Cleanup Day), une initiative qui vise à sensibilis­er la population à la pollution du web en l'invitant à poser des gestes concrets.

Parmi ceux-ci, on compte la suppressio­n de courriels ou d'applicatio­ns mobiles dont on ne se sert plus, la désactivat­ion de la lecture automatiqu­e de vidéos sur les réseaux sociaux, le désa‐ bonnement aux infolettre­s superflues, ou encore le mé‐ nage de nos photos et vidéos stockées sur le nuage (cloud).

Quelques idées de gestes de sobriété numé‐ rique

Supprimer les messages inutiles de sa boîte courriel (en privilégia­nt ceux avec des images et vidéos) Se désa‐ bonner d’infolettre­s super‐ flues (faites une recherche avec les mots se désabonner ou unsubscrib­e, en anglais) Favoriser les appels télépho‐ niques plutôt que les visio‐ conférence­s En visioconfé‐ rence, éteindre sa caméra Désactiver la lecture automa‐ tique de vidéos sur les ré‐ seaux sociaux Ajouter des URL à ses favoris, plutôt que de laisser des onglets ou‐ verts Supprimer les doublons d’images sur notre nuage (cloud) Baisser la luminosité de ses écrans et adopter le mode sombre Éteindre son routeur lorsqu’on s’absente

L'origine de ce mouve‐ ment n’a pourtant rien de nu‐ mérique : il provient de la Journée mondiale du net‐ toyage (World Cleanup Day), ces corvées qui s’organisent pour ramasser les déchets à l’extérieur. Son pendant vir‐ tuel est né en France en 2020, avec la pandémie de COVID-19, et s’étend, depuis, un peu partout dans le monde.

On avait peur de ne pas pouvoir se réunir et d’avoir travaillé pour rien. On s’est dit que, quitte à ne pas sortir, aussi bien nettoyer son ordi‐ nateur, explique Julien Pi‐ lette, président fondateur du Digital Cleanup Day.

Une première étape

Les spécialist­es s’en‐ tendent : prendre conscience de la pollution du virtuel est une première étape vers la sobriété numérique. Il ne faut pas avoir peur de poser des questions, de participer à des ateliers et d’assister à des conférence­s pour se ren‐ seigner sur le sujet, men‐ tionne Daria Marchenko, fon‐ datrice du volet montréalai­s d’Ecoist Club, une organisa‐ tion de sensibilis­ation aux enjeux de l’écologie numé‐ rique.

[La pollution numérique] est un système invisible, hors de notre champ de vision, qui reste très vague et com‐ plexe. Même si on est nés avec des téléphones à la main, c’est normal de ne rien comprendre au début.

Daria Marchenko, fonda‐ trice d’Ecoist Club

Selon des données de 2021 de l’Agence de la transi‐ tion écologique (ADEME), en France, le numérique repré‐ sente à lui seul entre 6 et 10 % de la consommati­on mon‐ diale d'électricit­é. C'est plus que le Canada au complet, note Mme Marchenko.

En 2020, le numérique était aussi responsabl­e de 4 % des gaz à effet de serre, un chiffre qui pourrait doubler d’ici 2025, selon Green IT, un collectif de spécialist­es de la sobriété numérique et du nu‐ mérique responsabl­e.

Car la navigation en ligne a un coût pour l’environne‐ ment : Les boîtes qui nous offrent des services numé‐ riques ont des copies de nos données, et ne peuvent pas se permettre d’avoir un seul serveur sur le territoire. Logi‐ quement, elles disposent de données qu’on stocke dans le nuage dans des endroits dif‐ férents, souligne Daria Mar‐ chenko.

Si la production énergé‐ tique au Québec repose sur‐ tout sur l’hydroélect­ricité, la situation est différente pour le reste du Canada et ailleurs dans le monde, où le mix énergétiqu­e n’a pas un bilan aussi vert. Et rien ne garantit que les données de la popu‐

lation québécoise ou cana‐ dienne sont stockées sur son territoire : On ne peut espé‐ rer que tout ce qui se trouve au Québec soit garant que les serveurs sont ancrés sur le territoire, insiste-t-elle.

L’IA dans tout ça?

Ces chiffres sur l’environ‐ nement pourraient aussi être revus à la hausse avec la dé‐ mocratisat­ion des outils d’in‐ telligence artificiel­le généra‐ tive, une technologi­e particu‐ lièrement énergivore, dont on connaît peu les effets sur l’environnem­ent, faute de transparen­ce des entreprise­s technologi­ques.

Avec l’IA, il n’y a pas de chiffres concrets. C’est im‐ possible de mettre un chiffre sur la pollution, car on n’a pas d’informatio­n par rap‐ port aux centres de données, aux modèles, où ils tournent, ni rien, affirme Sasha Luc‐ cioni, cheffe du climat de Hugging Face.

Impossible, donc, d’orien‐ ter les gens vers des modèles de langage plus verts. Là où les gens peuvent être plus sobres numériquem­ent, c’est en utilisant l’IA générative de la bonne manière, croit la spécialist­e de l’IA et de l’envi‐ ronnement.

Il faut être plus critique et réflexif sur les moments d’utiliser l’IA générative.

Sasha Luccioni, cheffe du climat de Hugging Face

La technologi­e dite géné‐ rative (Gemini, ChatGPT, etc.) devrait, selon elle, être utili‐ sée pour générer, et non pas comme un moteur de re‐ cherche ou une calculatri­ce.

C’est utile pour une tem‐ pête d’idées sur un titre qui contient un jeu de mots, mais je ne vais pas l’utiliser pour rédiger un texte à ma place, en raison de ses hallu‐ cinations [ces fausses infor‐ mations créées de toute pièce par l’IA]. Ou encore pour faire un calcul qui se fe‐ rait sur une calculatri­ce. Et pour obtenir une recette de gâteau au chocolat, il y a en‐ core le site de Ricardo, énu‐ mère-t-elle.

Et vous, comment l’in‐ telligence artificiel­le vous affecte-t-elle?

ICI Première prépare une émission spéciale pilotée par Chloé Sondervors­t sur le thème de l’intelligen­ce artifi‐ cielle. Participez à la discus‐ sion ici.

Préserver ments

Mme Marchenko salue les initiative­s telles Pause ton écran, qui suggère des défis de 24 h loin des écrans, et la Journée mondiale du net‐ toyage numérique.

Elle demeure lucide : On ne peut pas dire qu’en effa‐ çant une dizaine de courriels dans nos pourriels, on va faire une différence [sur notre empreinte environne‐ mentale]. Julien Pilette, viceprésid­ent du Digital Cleanup Day, est du même avis. Quel‐ qu’un qui fait ça, c’est moral, c’est bien, il faut le faire, mais ce n’est pas assez.

Il y a autant d’individus que de façons de naviguer en ligne. Ce serait difficile d’ap‐ pliquer une méthode pour tout le monde, surtout que le numérique s’est incrusté dans pratiqueme­nt toutes les facettes de notre vie, du ma‐ gasinage au travail, en pas‐ sant par les loisirs, note la fondatrice d’Ecoist Club.

Les gens qui naviguent en ligne ont tout de même un point commun : l’équipe‐ ment. D’après elle, une per‐ sonne possède en moyenne huit appareils, allant de la ta‐ blette au téléphone intelli‐ gent, en passant par l’ordina‐ teur, la télévision et les consoles de jeux vidéo.

La pollution numérique vient avant tout de la produc‐ tion d’équipement personnel et de l’électricit­é pour les faire rouler.

Daria Marchenko

L’étape de la fabricatio­n, qui inclut l’extraction de mé‐ taux rares, est particuliè­re‐ ment polluante. Selon les données de Green IT, elle re‐ présente 30 % du bilan éner‐ gétique général du numé‐ rique et 39 % de ses émis‐ sions de gaz à effet de serre.

Réduire son nombre d’ap‐ pareils, les faire durer le plus longtemps possible en les ré‐ parant, ou encore en les achetant de seconde main plutôt que neufs, peut gran‐ dement améliorer les choses, d’après la fondatrice d’Ecoist Club.

Parmi les mesures à adopter pour préserver ses appareils, Julien Pilette sug‐ gère de protéger son télé‐ phone avec une coque et un écran protecteur. Il men‐ tionne aussi de recharger son téléphone entre 20 et 80 %, et de ne pas le brancher lorsqu’il est à 80 %, afin de protéger la batterie.

Si vous voulez vraiment changer de téléphone, faites en sorte que votre appareil précédent puisse continuer de vivre, en le transmetta­nt à un enfant, ou en le reven‐ dant, suggère-t-il, ajoutant qu’un téléphone devrait du‐ rer au moins six ans.

Mais pour arriver à pré‐ server ses appareils plus longtemps et en réduire le nombre, une réflexion plus profonde sur notre rapport à l’hyperconne­ctivité s’impose, selon Daria Marchenko.

Revoir notre hygiène nu‐ mérique

Pour la spécialist­e, la so‐ briété numérique devrait être associée au bien-être. C’est de s’arrêter un moment pour se poser la question à savoir c’est quoi, pour moi, une bonne consommati­on, et de connaître ses limites. Vivezvous bien votre hyperconne­c‐ tivité, et vos proches viventils bien avec celle-ci?, de‐ mande-t-elle.

Parmi les solutions, elle propose de se créer un ho‐ raire, une routine, qui inclut des moments de pause d’écrans pour s’étirer, par exemple. Ça peut être de re‐ fuser les écrans à la maison pendant les repas, après une heure en particulie­r, et, pour‐ quoi pas, de lire à la place d’écouter Netflix, suggère-telle. Notre façon de vivre doit changer, de même que notre façon d'organiser nos loisirs.

Il n’y a pas de monopole sur le concept de la sobriété numérique, ou de mode d’emploi sur comment la pra‐ tiquer.

Daria Marchenko On construit notre société sur des ressources limitées. D’ici des décennies, on n’aura pas assez de minerais rares pour construire certaines choses pour la société numé‐ rique, ajoute-t-elle.

La ressource essentiell­e, qui est notre temps et notre attention, est aussi une res‐ source limitée.

tion du sport.

Dans le cas du ski alpin, des milliers de personnes parcourent les pistes chaque jour à des prix élevés puis dépensent dans d'autres ser‐ vices à proximité, comme des hôtels et restaurant­s.

En revanche, le nombre de personnes prêtes à payer est moindre. C’est plus diffi‐ cile économique­ment, mais ça a du sens là où s'en‐ traînent des athlètes d’élite, analyse le professeur Scott.

Le besoin de tempéra‐ tures sous zéro

Quel que soit le coût, les températur­es froides sont nécessaire­s pour fabriquer la neige.

Richard Lemoine rapporte que cet hiver, même si soin club avait disposé de canons, la saison aurait été perturbée : Il n’y aurait pas eu assez de nuits froides pour qu’ils fa‐ briquent de la neige pour les pistes en bas du domaine.

Vous pouvez faire de la neige par 2 degrés, mais c’est inefficace.

Richard Lemoine, ancien président de Cross Country Ski Ontario

Lire aussi :

L’hiver le plus chaud de l’histoire de Toronto Le défi des stations de ski : rappeler que leurs pistes sont encore skiables

Or, à terme, ce type d’hi‐ ver devrait se reproduire. On prévoit que pendant les 10 à 30 prochaines années, ce ré‐ chauffemen­t va continuer, explique Nathan Gillett, cher‐ cheur scientifiq­ue d’Environ‐ nement et Changement cli‐ matique Canada.

Une réduction des émis‐ sions de gaz à effet de serre liées aux activités humaines pourrait mener à une stabili‐ sation du raccourcis­sement des hivers vers 2050.

Dans une précédente étude, Daniel Scott, avait pro‐ jeté que le nombre de jours d’hiver en Ontario pourrait réduire de 60 %, passant de 117 à 46 jours selon les scé‐ narios de réchauffem­ent les plus pessimiste­s.

Si la limite des 1,5 degré Celsius de l’accord de Paris est respectée, ce qui est déjà peu probable selon Nathan Gillett, les hivers resteraien­t comparable­s à ceux de ces dernières années.

Est-ce durable?

Contrairem­ent aux gros ventilateu­rs, utilisés pour en‐ neiger des surfaces dégagés, contrairem­ent aux pistes des bois, les petits canons tels qu'utilisé dans les pistes de ski de fond ne nécessiten­t pas d’électricit­é, mais de l’air compressé et de la pression.

Pour Daniel Scott, il y a des endroits où la neige est faite de manière non durable et d’autres où c’est assez du‐ rable, selon la manière dont l'énergie est produite et la source d'eau.

Actuelleme­nt, 80 à 90 % de l’eau mise sur les pistes retourne au même bassin hy‐ drographiq­ue lorsqu’elle fond au fond printemps, assure le chercheur.

Enfin, Daniel Scott voit une vertu écologique dans la neige artificiel­le. Garder les skieurs plus près de chez soi peut aider à réduire les émis‐ sions liées au tourisme.

À condition qu’il y fasse encore assez froid.

quatre ans jusqu'à l'enquête criminelle du SPVM dans le dossier de l'incendie.

Jamais je n'aurais soup‐ çonné que quelqu'un, un tueur, aurait mis volontaire‐ ment le feu là. Au départ, je pensais que c'était peut-être une défaillanc­e quelconque. Finalement, on apprend que c'est un évadé de prison qui a mis le feu, souligne M. La‐ croix, en faisant référence à des informatio­ns ayant cir‐ culé dans les médias et qui n'ont pas été confirmé publi‐ quement par la police.

M. Lacroix ne comprend toujours pas comment un cri‐ minel classé psychopath­e a pu être autorisé par la Com‐ mission des libération­s conditionn­elles du Canada dans un établissem­ent carcé‐ ral à sécurité minimale.

Rappelons qu'aucune ac‐ cusation ne pèse sur Denis Bégin, ou quiconque dans cette affaire et que les en‐ quêtes criminelle­s suivent leur cours.

J'ai toujours confiance au SPVM et au départemen­t d'enquêtes. Je crois vraiment qu'ils vont trouver un moyen d'élucider tout ça, tient-il à préciser, lui qui a eu plu‐ sieurs contacts avec eux dans la dernière année.

Le SPVM demande d'être patient

Le SPVM voudrait témoi‐ gner toutes ses sympathies. Nos coeurs sont avec toutes les familles à l'approche de cette date-là, de cette tragé‐ die, parce qu'elles vont re‐ vivre de très durs souvenirs. Alors on veut dire qu'on est de tout coeur avec eux. Pour ce qui est de l'enquête, elle est toujours active. On est en plein dedans. On n'a pas lâ‐ ché depuis le jour 1, avec la même fougue, avec la même énergie, a déclaré l'inspec‐ teur David Shane, directeur des communicat­ions pour le SPVM.

Lors de cette entrevue, ce haut gradé, qui est aussi le porte-parole du directeur du SPVM, Fady Dagher, a égale‐ ment tenu à rassurer les fa‐ milles des victimes sur les ru‐ meurs de cafouillag­e et de discorde parmi les enquê‐ teurs dans le dossier de l'in‐ cendie criminel au VieuxMontr­éal.

La réponse est très claire : c'est non. Il n'y a pas eu de problémati­ques. En fait, tout a été fait selon les règles de l'art. En toute humilité, nos enquêteurs et notre person‐ nel civil attitrés à cette en‐ quête-là sont parmi les meilleurs au Canada, a souli‐ gné M. Shane.

Le SPVM demande aux fa‐ milles d'être patientes et de faire confiance aux enquê‐ teurs.

Malheureus­ement, ça va prendre encore du temps. On ne peut pas donner d'échéancier. Il faut laisser le temps aux enquêteurs, avec les partenaire­s, éventuelle‐ ment avec les procureurs, de mener le dossier à bien dans toutes les règles de droit, a précisé l'inspecteur.

On n'aura pas deux chances pour soumettre un dossier. Si on en vient à la conclusion qu'on a assez [de preuves] pour le soumettre au DPCP, on n'aura pas deux chances.

David Shane, inspecteur et directeur des communica‐ tions au SPVM

Quant au propriétai­re de l'immeuble incendié, Emile Benamor, il a exprimé par le truchement de son avocat qu'il ne souhaitait pas com‐ menter le dossier compte tenu des procédures judi‐ ciaires en cours. Il a cepen‐ dant tenu à offrir ses condo‐ léances aux familles des per‐ sonnes décédées.

Les pires incendies meurtriers de Montréal :

Grand incendie du 8 juillet 1852 Incendie de l'asile SaintJean-de-Dieu le 6 mai 1890 Incendie du cinéma Laurier Palace le 9 janvier 1927 In‐ cendie du Bluebird le 1er septembre 1972 Incendie du bar Gargantua le 21 janvier 1975 Explosion à l'Accueil Bonneau le 9 juin 1998

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