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Documents confidenti­els gardés par Trump : la juge rejette une première motion

- Sophie-Hélène Lebeuf

La juge fédérale de la Flo‐ ride qui préside le procès intenté contre l'ex-pré‐ sident Donald Trump pour gestion négligente de se‐ crets d'État a rejeté, jeudi, l'une des nombreuses mo‐ tions visant l'abandon des accusation­s portées contre lui.

À l'issue d'une audience de près de quatre heures consacrée à deux des neuf motions déposées par les avocats de M. Trump, la juge Aileen Cannon a réfuté leurs arguments selon lesquels la loi sur l'espionnage (Espio‐ nage Act), en vertu de la‐ quelle il a été inculpé, est trop vague et donc inappli‐ cable.

Vous conviendre­z que le fait de déclarer qu'une loi est inconstitu­tionnellem­ent vague serait une mesure tout à fait extraordin­aire, a lancé la juge Cannon aux avocats de la défense.

C'est la première fois que la magistrate, qui a été nom‐ mée par Donald Trump, sta‐ tuait sur une des nom‐ breuses requêtes de la dé‐ fense destinées à faire avor‐ ter le procès.

Trente-deux des 40 chefs d'accusation portés contre lui dans cette affaire par le pro‐ cureur spécial Jack Smith l'ont été en vertu de la loi sur l'espionnage, qui régit le trai‐ tement des documents clas‐ sifiés. Les 32 chefs d'accusa‐ tion correspond­ent à autant de documents confidenti­els.

Pas de décision sur une autre motion

L'autre motion présentée par les avocats de la défense qui a été débattue pendant la journée, et sur laquelle la juge n'a pas rendu de déci‐ sion, cible la loi sur les docu‐ ments présidenti­els (Presi‐ dential Records Act).

Ils affirment que l'ancien président a déclassifi­é avant la fin de son mandat les do‐ cuments qu'il a emportés à sa résidence de Mar-a-Lago et que cela le protège donc des poursuites.

Même si elle n'a pas tran‐ ché cette question, la juge Cannon a semblé peu récep‐ tive à cet argument. Il est dif‐ ficile de voir comment cet ar‐ gument peut justifier le rejet des accusation­s, a-t-elle dit, ajoutant qu'il se prêtait mieux à une présentati­on de‐ vant un jury.

Le procureur spécial Jack Smith accuse Donald Trump d’avoir mis en danger la sécu‐ rité nationale des États-Unis en conservant, après son dé‐ part de la Maison-Blanche, des documents confidenti­els dans sa résidence de Mar-aLago, certains ayant le plus haut degré de confidenti­alité.

Les documents en ques‐ tion incluaient notamment des informatio­ns sur les ca‐ pacités de défense des ÉtatsUnis et de pays étrangers, sur les programmes nu‐ cléaires américains et sur les vulnérabil­ités potentiell­es en cas d'attaque contre les États-Unis et leurs alliés.

Pendant l'audience, la dé‐ fense a avancé que la pour‐ suite découlait de motiva‐ tions politiques. Les avocats de Donald Trump ont évoqué la décision du procureur spé‐ cial Robert Hur de ne pas porter d'accusation­s à l'issue de son enquête sur la négli‐ gence dans la gestion de do‐ cuments confidenti­els par le président Joe Biden. Son rap‐ port signalait cependant des différence­s entre les deux dossiers.

Outre les chefs d'accusa‐ tion pour rétention illégale d'informatio­ns portant sur la sécurité nationale, les plus nombreux, Donald Trump est notamment accusé de conspirati­on pour faire en‐ trave à la justice et de faux témoignage.

Il avait plaidé non cou‐ pable l'été dernier.

Donald Trump, qui, plus tôt cette semaine, a amassé suffisamme­nt de délégués pour s'assurer de l'investitur­e républicai­ne, a mis en doute la légalité de la nomination du procureur spécial respon‐ sable de cette enquête.

Il a aussi affirmé, sans preuve, que Joe Biden, son ri‐ val attendu pour la présiden‐ tielle de novembre, avait per‐ sonnelleme­nt ordonné l'en‐ gagement de poursuites contre lui afin de nuire à sa campagne.

Le début du procès tou‐ jours en suspens

Par ailleurs, la juge Can‐ non n'a pas encore fixé de date pour le procès, pas plus qu'elle n'a déterminé de date pour des audiences supplé‐ mentaires sur les autres re‐ quêtes.

Les procureurs voudraient que le procès débute le 8 juillet. Les avocats de Donald Trump souhaitent plutôt un procès qui commencera­it après l'élection de novembre ou, dans le pire des scéna‐ rios, en août.

Selon plusieurs analystes, les avocats de Donald Trump, dans cette affaire et dans les trois autres procès intentés contre lui au pénal, cherchent avant tout à ga‐ gner du temps.

L'ex-chef d'État est notam‐ ment accusé d'avoir tenté d'invalider les résultats de la présidenti­elle de 2020, d'avoir tenté de manipuler l'élection présidenti­elle de 2020 en Georgie et d'avoir maquillé les comptes de son entreprise new-yorkaise pour dissimuler le versement de 130 000 $ US à une vedette de films pornograph­iques pendant la campagne prési‐ dentielle de 2016.

En raison de tous les dé‐ lais occasionné­s par ses re‐ quêtes, un seul procès, celui intenté par le procureur du district de Manhattan, Alvin Bragg, pour falsificat­ion de documents, pourrait connaître son dénouement avant que les électeurs ne soient appelés aux urnes.

C'est aussi le seul procès pour lequel une date avait été fixée, soit le 25 mars.

Jeudi, le procureur newyorkais a cependant proposé un report de 30 jours, une contre-propositio­n à la de‐ mande des avocats de M. Trump, qui réclament plutôt un délai de 90 jours.

Les déboires judiciaire­s de l'ancien locataire de la Mai‐ son-Blanche n'ont pas miné sa popularité chez les élec‐ teurs républicai­ns. Les son‐ dages récents sur les inten‐ tions de vote en vue de la présidenti­elle le créditent même d'une légère avance sur son adversaire démo‐ crate Joe Biden.

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