Radio-Canada Info

Projet de la C.-B. de poursuivre les médias sociaux : les avis des experts divergent

- Edouard Merlo tique

Alors que le gouverneme­nt provincial a annoncé jeudi un projet de loi pour pour‐ suivre les médias sociaux qui nuisent à la santé men‐ tale et physique des Bri‐ tanno-Colombiens, les ex‐ perts divergent sur la bonne stratégie à adopter.

La lanceuse d'alerte Frances Haugen a été le vi‐ sage de la rébellion contre la puissance des géants du nu‐ mérique. En 2021, l’ex-em‐ ployée de Facebook avait fait fuiter des études montrant que le réseau social a conscience de la nocivité de sa plateforme, et qu’il répand la haine en ligne.

Nous avons besoin de lois telles que celle proposée par la Colombie-Britanniqu­e a-telle déclaré vendredi, lors d’un point de presse organisé par le gouverneme­nt provin‐ cial.

Selon elle, une entreprise à but lucratif ne va pas assu‐ rer d'elle-même la protection de ses utilisateu­rs.

Avec un algorithme opti‐ misé à des fins commer‐ ciales, nous nous retrouvons avec un produit qui n'est pas bénéfique pour 20 % des en‐ fants, selon l’entreprise ellemême, explique Mme Hau‐ gen.

Utilisatio­n probléma‐

La spécialist­e du droit de la cybersécur­ité, Emily Laid‐ law, applaudit aussi le projet et met en garde la popula‐ tion contre certaines utilisa‐ tions des réseaux sociaux qu'elle juge problémati­ques.

Il y a des décisions dans la conception. Les enfants uti‐ lisent des filtres qui leur per‐ mettent d'imaginer ce à quoi ils ressemblen­t grâce à la chi‐ rurgie plastique. Toutes ces décisions ont un impact gé‐ néralisé sur la société, ex‐ plique l'experte.

Selon Emily Laidlaw, les conséquenc­es pour les entre‐ prises pourraient être lourdes.Si les enfants souffrent d'idées suicidaire­s ou de troubles de l'alimenta‐ tion, les coûts de santé peuvent être énormes, pré‐ dit-elle.

Pas documenté scientifi‐ quement

Nellie Brière, consultant­e et conférenci­ère spécialisé­e en stratégie de communica‐ tions numériques et médias sociaux, n’est de son côté pas convaincue par l'approche du gouverneme­nt provincial.

Le seul consensus scienti‐ fique qui existe autour du numérique et des adoles‐ cents, c’est que [l’impact] dé‐ pend de ce qu’ils font sur les plateforme­s. On ne peut pas attribuer le problème de la dépendance aux plate‐ formes. C’est un épouvantai­l facile à cibler, mais ça passe complèteme­nt à côté du pro‐ blème, déclare-t-elle.

La spécialist­e préfère in‐ sister sur la responsabi­lité in‐ dividuelle des jeunes.

On n’est pas dans une drogue physique, qui induit physiqueme­nt des dépen‐ dances, on est plutôt dans un problème comporteme­ntal. Et à mon avis il faut juste‐ ment traiter l’autorégula­tion par rapport a ça. Si on met [en place] tellement de lois que les jeunes ne sont pas exposés à ça, ils ne pourront pas apprendre, partage Nel‐ lie Brière.

Respect des lois

Alors que les relations entre Meta et le Canada sont tendues, Nellie Brière préfère privilégie­r la discussion.

Il n’y a pas de promotion du tabac sur Meta, il respecte nos lois. À partir du moment où on dit que le vapotage c’est non, que les produits énergétiqu­es c’est non, Meta ne va pas en faire la promo‐ tion sur le territoire cana‐ dien, assure-t-elle.

S’il n‘y a pas de loi au Ca‐ nada en faveur des géants de l'industrie technologi­que, il en existe une aux États-Unis. Cette loi les protège contre les poursuites pour les conte‐ nus qu’ils mettent en ligne.

Avec des informatio­ns de l'émission de radio Phare ouest

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