Projet de la C.-B. de poursuivre les médias sociaux : les avis des experts divergent
Alors que le gouvernement provincial a annoncé jeudi un projet de loi pour pour‐ suivre les médias sociaux qui nuisent à la santé men‐ tale et physique des Bri‐ tanno-Colombiens, les ex‐ perts divergent sur la bonne stratégie à adopter.
La lanceuse d'alerte Frances Haugen a été le vi‐ sage de la rébellion contre la puissance des géants du nu‐ mérique. En 2021, l’ex-em‐ ployée de Facebook avait fait fuiter des études montrant que le réseau social a conscience de la nocivité de sa plateforme, et qu’il répand la haine en ligne.
Nous avons besoin de lois telles que celle proposée par la Colombie-Britannique a-telle déclaré vendredi, lors d’un point de presse organisé par le gouvernement provin‐ cial.
Selon elle, une entreprise à but lucratif ne va pas assu‐ rer d'elle-même la protection de ses utilisateurs.
Avec un algorithme opti‐ misé à des fins commer‐ ciales, nous nous retrouvons avec un produit qui n'est pas bénéfique pour 20 % des en‐ fants, selon l’entreprise ellemême, explique Mme Hau‐ gen.
Utilisation probléma‐
La spécialiste du droit de la cybersécurité, Emily Laid‐ law, applaudit aussi le projet et met en garde la popula‐ tion contre certaines utilisa‐ tions des réseaux sociaux qu'elle juge problématiques.
Il y a des décisions dans la conception. Les enfants uti‐ lisent des filtres qui leur per‐ mettent d'imaginer ce à quoi ils ressemblent grâce à la chi‐ rurgie plastique. Toutes ces décisions ont un impact gé‐ néralisé sur la société, ex‐ plique l'experte.
Selon Emily Laidlaw, les conséquences pour les entre‐ prises pourraient être lourdes.Si les enfants souffrent d'idées suicidaires ou de troubles de l'alimenta‐ tion, les coûts de santé peuvent être énormes, pré‐ dit-elle.
Pas documenté scientifi‐ quement
Nellie Brière, consultante et conférencière spécialisée en stratégie de communica‐ tions numériques et médias sociaux, n’est de son côté pas convaincue par l'approche du gouvernement provincial.
Le seul consensus scienti‐ fique qui existe autour du numérique et des adoles‐ cents, c’est que [l’impact] dé‐ pend de ce qu’ils font sur les plateformes. On ne peut pas attribuer le problème de la dépendance aux plate‐ formes. C’est un épouvantail facile à cibler, mais ça passe complètement à côté du pro‐ blème, déclare-t-elle.
La spécialiste préfère in‐ sister sur la responsabilité in‐ dividuelle des jeunes.
On n’est pas dans une drogue physique, qui induit physiquement des dépen‐ dances, on est plutôt dans un problème comportemental. Et à mon avis il faut juste‐ ment traiter l’autorégulation par rapport a ça. Si on met [en place] tellement de lois que les jeunes ne sont pas exposés à ça, ils ne pourront pas apprendre, partage Nel‐ lie Brière.
Respect des lois
Alors que les relations entre Meta et le Canada sont tendues, Nellie Brière préfère privilégier la discussion.
Il n’y a pas de promotion du tabac sur Meta, il respecte nos lois. À partir du moment où on dit que le vapotage c’est non, que les produits énergétiques c’est non, Meta ne va pas en faire la promo‐ tion sur le territoire cana‐ dien, assure-t-elle.
S’il n‘y a pas de loi au Ca‐ nada en faveur des géants de l'industrie technologique, il en existe une aux États-Unis. Cette loi les protège contre les poursuites pour les conte‐ nus qu’ils mettent en ligne.
Avec des informations de l'émission de radio Phare ouest