Levée de boucliers pour éviter la démolition d’une maison à North Hatley
La demande de démolition d’une résidence située sur un site patrimonial suscite une levée de boucliers à North Hatley. Si les proprié‐ taires estiment que le pi‐ teux état du bâtiment rend inévitable l’option du pic des démolisseurs, des ci‐ toyens restent sceptiques.
Manon Lord s'inquiète, comme plusieurs citoyens, de voir cette résidence de North Hatley passer sous le pic des démolisseurs. Construite à la fin des an‐ nées 1930, elle fait partie d’un site cité patrimonial de‐ puis 1987, et donc protégé, par la municipalité de North Hatley.
Elle fait partie du coeur du village [...] North Hatley est reconnu comme l’un des plus beaux villages du Québec. Pour conserver ce statut-là, on ne peut pas tout détruire les éléments qui font partie de ce charme-là.
Manon Lord, citoyenne
Les propriétaires, qui louent actuellement leur mai‐ son, l'ont achetée pour 1,3 M $ en 2017. Ils en sont à leur deuxième tentative pour ob‐ tenir l’autorisation de la Ville pour détruire la résidence, qu'ils jugent en piteux état.
Cette demande nourrit les discussions au village. Des décennies de négligence ren‐ draient toutefois difficile toute rénovation, selon les propriétaires.
Ils indiquent que le bâti‐ ment présente les signes d'infiltrations d’eau à répéti‐ tion, de moisissures, et que sa fondation serait à refaire. Il faudrait même soulever la maison du sol et la déplacer plus loin du rivage.
Le montant d'argent qu'il faudrait pour réaliser ces ré‐ novations serait dans l'ordre du 1,2 million de dollars. [...] Ça représenterait quatre fois la valeur réelle du bâtiment.
Kimberley Myles Ramsey, propriétaire de la maison
Et ce montant serait juste pour soulever le bâtiment et le sortir de l'eau, renchérit son conjoint Geoffrey P. Ram‐ sey.
Action patrimoine s'in‐ quiète
L’organisme Action patri‐ moine, qui s’oppose à la dé‐ molition de la résidence, rap‐ pelle que la loi oblige les pro‐ priétaires à entretenir les bâ‐ timents sur les sites patrimo‐ niaux.
La première chose à ne pas faire, c’est de laisser se dégrader des bâtiments.
Renée Genest, directrice générale d’Action patrimoine
Elle s’inquiète du précé‐ dent qui pourrait être créé par une décision de la Ville en faveur de la destruction.
Démolir un bâtiment, c’est défaire l’ensemble pour le‐ quel, finalement, la protec‐ tion a été émise par la Muni‐ cipalité, indique Renée Ge‐ nest.
Les propriétaires af‐ firment toutefois qu'un rap‐ port qu'ils ont commandé est arrivé à la conclusion que le bâtiment aurait une faible va‐ leur architecturale et patri‐ moniale.
La conclusion, c'est que la maison est plutôt médiocre ou moyenne [...]. Il n’y a rien de particulièrement spécial dans la maison.
Geoffrey P. Ramsey, pro‐ priétaire de la maison
Quoiqu’il en soit, Manon Lord se demande s’il n’existe pas une autre solution que la destruction.
Elle est habitée en ce mo‐ ment. Si elle était en si piteux état, ou même un danger pour la santé, je ne vois pas pourquoi des propriétaires loueraient la maison, estimet-elle.
Une consultation pu‐ blique sur la demande de dé‐ molition aura lieu le 20 mars prochain à la salle commu‐ nautaire du village.
Avec les informations de Thomas Deshaies