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L’UPM lance un programme de rachat de permis destiné aux pêcheurs de hareng

- René Landry

L'Union des pêcheurs des Maritimes (UPM) s'apprête à lancer, à même ses fonds, un programme de rachats de permis pour les pê‐ cheurs de hareng.

Les pêcheurs qui sont plus proches de la retraite, on croit peut-être en avoir certains qui seraient intéres‐ sés à se retirer de la pêche avec des fonds qui leur per‐ mettraient de passer à autre chose, indique Martin Mallet, directeur général l'UPM.

La pêche au hareng du printemps et celle au maque‐ reau sont frappées d'un mo‐ ratoire. Les prises de hareng l'automne sont faibles. Les pêcheurs des espèces péla‐ giques - ils sont une quin‐ zaine dans la Péninsule aca‐ dienne - affirment que leur flottille est vouée à dispa‐ raître.

Hervé Mallet, de Le Gou‐ let, est considéré comme un « jeune » pêcheur à 52 ans. Certains de ses collègues ont près de 70 ans et même da‐ vantage.

Il y en a plusieurs dans notre groupe qui vont aban‐ donner, prévoit-il. Tu ne peux pas continuer comme ça, c'est impossible. Tu ne peux pas runner une entreprise de pêche avec deux ou trois se‐ maines de pêche par année.

Son confrère pêcheur Sté‐ phane Beaudin, un autre « jeune » pêcheur de 51 ans de Petit-Shippagan, sur l'île La‐ mèque, abonde dans le même sens.

C'est l'anéantisse­ment d'une flottille de pêche an‐ cestrale, lance-t-il. On est dans la même voie que les crevettier­s. Ça va être l'ex‐ tinction de la flottille, la faillite des entreprise­s de pêche.

Tout comme Stéphane Beaudin, Hervé Mallet se trouve encore trop jeune pour vendre ses permis, mais il estime que certains de ses collègues pourraient être tentés par cette avenue.

Il y en a plusieurs dans notre groupe qui sont vrai‐ ment intéressés de vendre leurs permis, affirme-t-il. Ça va les enlever de la pêche. Il y en a certains qui sont rendus dans un âge pas mal avancé.

Ça aiderait les pêcheurs qui demeurent dans la pêche, avance également Martin Mallet de l'UPM.

Et ça va permettre de ré‐ duire l'effort de pêche sur un stock de hareng qui est déjà sous pression.

Martin Mallet, directeur général de l'UPM

Le député Serge Cormier préconise une aide globale

La possibilit­é de mettre sur pied des programmes de rachats de permis est aussi à l'étude par le gouverneme­nt fédéral, mentionne le député libéral d'Acadie-Bathurst Serge Cormier.

Dans toutes mes conver‐ sations avec n'importe quelle flottille, ça a toujours été dis‐ cuté, des rachats de permis, précise-t-il.

Mais, ce ne sont pas toutes les personnes qui veulent avoir des rachats de permis. Il y a des personnes qui veulent quand même garder leurs permis. On sait jamais, ces espèces-là peuvent peut-être revenir en grande quantité un jour.

Mais le rachat de permis dans le cas des pêcheurs d'espèces pélagiques n'est pas une option qu'il préco‐ nise.

Moi, ce que j'aimerais, ce serait un genre de type d'aide globale pour les gens qui sont affectés de près ou de loin par ces fermetures de pêche ou ces baisses dras‐ tiques de quota dans cer‐ taines espèces, dit-il.

L'UPM fait savoir que les pêcheurs qui seraient admis‐ sibles à un rachat de permis vont recevoir un avis au cours des prochains mois pour connaître leurs inten‐ tions.

Martin Mallet rappelle que des rachats de permis de pêche ont déjà été faits, il y a plusieurs années, pour les homardiers, tandis que la pêche au hareng se déroulait bien.

C'est une plaisanter­ie

Des pêcheurs de hareng, comme Hervé Mallet et Sté‐ phane Beaudin, trouvent que l'UPM, dont ils sont membres, n'en fait pas assez pour eux. On se sent aban‐ donnés, disent-ils.

La liste de leurs critiques est assez longue. De la diffi‐ culté d'obtenir une rencontre avec la ministre fédérale des Océans, Diane Lebouthill­ier, à leur volonté d'obtenir une partie du quota de crabe des neiges de l'UPM, en passant par la place prépondéra­nte occupée par les homardiers au sein de cette organisati­on.

L'UPM garroche la balle au MPO, le MPO garroche la balle à l'UPM. Ça fait huit ans que ça dure.

Stéphane Beaudin, pê‐ cheur

On sent bien l'exaspéra‐ tion du pêcheur Stéphane Beaudin.

Il y avait le hareng de prin‐ temps, on a un moratoire, commence-t-il à énumérer. Il y avait le maquereau, on a un moratoire. Il y avait la morue, on a un moratoire. Il y avait la plie, on a un moratoire làdessus aussi. La seule chose qui nous reste, c'est une pêche au flétan de l'Atlan‐ tique, qui est un derby de six à douze heures par année. C'est une plaisanter­ie.

L'UPM se défend

L'UPM considère qu'il est grandement exagéré de pen‐ ser qu'elle a abandonné les pêcheurs de hareng.

Au sujet de l'accès au crabe des neiges géré par l'UPM, le directeur général souligne que c'est un accès qui est communauta­ire pour l'ensemble de nos membres du Nouveau-Brunswick. On a environ 1000 pêcheurs. On essaie de traiter tout le monde également.

Il mentionne également que quatre ou cinq pêcheurs d'espèces pélagiques vont pouvoir pêcher du crabe ce printemps, à la suite d'un ti‐ rage au sort.

C'est souvent la réaction normale de certaines per‐ sonnes de critiquer une déci‐ sion lorsque ça va à l'en‐ contre de ce qui était de‐ mandé par une personne ou un groupe, pense Martin Mallet. On essaie de faire notre possible pour satisfaire aux besoins de tout le monde dans la grande fa‐ mille de l'UPM. Évidemment, on ne peut pas satisfaire les besoins de seulement quelques pêcheurs, à l'insu de la grande majorité.

La réaction de la mi‐ nistre fédérale des Pêches et des Océans

À la suite des propos émis par les pêcheurs Hervé Mal‐ let et Stéphane Beaudin, la ministre fédérale Diane Le‐ bouthillie­r a fait parvenir une note à Radio-Canada pour montrer qu'elle était bien au fait de la situation.

J'ai eu plusieurs ren‐ contres avec les pêcheurs pé‐ lagiques et je sais qu'actuelle‐ ment, avec les changement­s climatique­s qui réchauffen­t nos océans, ça ne va pas bien dans le secteur des pêches pour de nombreuses es‐ pèces, y compris le maque‐ reau et le hareng, écrit-elle.

Nous avons besoin de la science, de nous tourner vers de nouvelles pêches et de prendre des décisions res‐ ponsables. Le travail va conti‐ nuer et je vais m'assurer de garder nos pêcheurs au cou‐ rant au fur et à mesure que j'ai de nouvelles informatio­ns à leur partager, affirme-t-elle.

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