L’industrie des pêches critique sévèrement Fourchette bleue
L'Association québécoise de l'industrie de la pêche (AQIP) dénonce la décision de retirer la crevette nor‐ dique et le flétan du Groen‐ land de la liste Fourchette bleue.
Pour une quinzième an‐ née, cette initiative du Musée Exploramer vise à mettre en valeur les espèces du SaintLaurent qui sont pêchées de façon écoresponsable.
L'association voit une in‐ cohérence à retirer la cre‐ vette nordique et le flétan du Groenland dans un contexte où la direction d'Exploramer fait la promotion des pro‐ duits de la mer québécois.
On parle de souveraineté alimentaire, alors ce n’est pas le temps de boycotter nos es‐ pèces qui sont disponibles comme la crevette nordique et le flétan du Groenland.
Jean-Paul Gagné, direc‐ teur général, Association québécoise de l'industrie de la pêche
Les pêcheurs de crevette du Québec et de l’Atlantique pourront pêcher un total de 3060 tonnes pour tout l’es‐ tuaire et le golfe du SaintLaurent. Il s'agit d'un quota minimum imposé par Pêches et Océans Canada pour res‐ pecter la biomasse, rappelle Jean-Paul Gagné.
L'AQIP dénonce aussi que Fourchette bleue fasse la promotion d'espèces issues de pêches accidentelles, esti‐ mant que ça ne fait que fragi‐ liser encore plus les stocks et risquer de détruire ces es‐ pèces plutôt que de les re‐ tourner à la mer en atten‐ dant qu’elles soient évaluées par Pêches et Océans Ca‐ nada.
Par ailleurs, Jean-Paul Ga‐ gné accuse la direction d'Ex‐ ploramer et de Fourchette bleue d'avoir dépeint les transformateurs comme des entreprises qui étaient insen‐ sibles aux marchés québé‐ cois.
On nous a fait passer pour des industriels qui n’avaient aucune conscience pour le Québec, ajoute t-il.
Il soutient que les indus‐ triels ont augmenté de 10 % leur part de marché dans la province depuis cinq ans en écoulant 35 % des poissons et fruits de mer sur le mar‐ ché québécois.
Mais à partir de là, il faut vendre à l’étranger égale‐ ment, on n’a pas le choix, soutient Jean-Paul Gagné. C’est de l’argent neuf qui per‐ met à nos usines de fonction‐ ner et d’employer autant de personnes, alors je ne com‐ prends pas qu’on dénonce constamment l’exportation comme si c’était un problème et nos produits, ils sont re‐ cherchés et on a réussi à les faire connaître à l’étranger pour leur qualité.
La directrice générale d'Exploramer et de Four‐ chette bleue, Sandra Gau‐ thier, refuse de commenter cette sortie de l'AQIP. Elle ré‐ pond toutefois que l'associa‐ tion fait partie des membres de l'industrie et des scienti‐ fiques consultés chaque an‐ née pour établir la liste des espèces Fourchette bleue et que l'AQIP n'a jamais voulu apporter de suggestions.