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Une cohorte d’artistes autochtone­s présents au Festival Art Souterrain

- Ismaël Houdassine

La crise climatique est le thème phare du 16e Festi‐ val Art Souterrain, occasion pour les organisate­urs de mettre en lumières le tra‐ vail d’artistes autochtone­s en matière d’environne‐ ment.

Pour nous, les Premières Nations, l’environnem­ent n’est pas un concept, mais un mode de vie, lance en entre‐ vue Sonia Robertson, l’une des deux commissair­es du festival cette année.

L’événement, qui se dé‐ roule du 16 mars au 7 avril, transforme de nouveau le ré‐ seau piétonnier souterrain de Montréal en véritable ga‐ lerie d’art avec cette fois comme mot d’ordre : Envi‐ ronnement, entends-tu?.

La voix et la vision des ar‐ tistes autochtone­s comptent, ajoute Mme Robertson, expli‐ quant avoir mis l’accent sur la variété des propositio­ns qui vont d’oeuvres virtuelles aux performanc­es in situ. Il y a des artistes autochtone­s confirmés, mais aussi moins connus qui méritent tout au‐ tant notre attention, préciset-elle.

Pour la commissair­e membre de la Première Na‐ tion ilnue de Mashteuiat­sh, le territoire, c’est le fondement de l’environnem­ent et sans les territoire­s, il n’y a pas d’identité autochtone. Au‐ jourd’hui, l’accès à nos terres ancestrale­s est devenu très compliqué. Les feux de forêt et les inondation­s de plus en plus récurrents réduisent nos milieux de vie.

Le changement climatique a des répercussi­ons terribles et c’est aussi et surtout à tra‐ vers les yeux des artistes que l’on peut comprendre les crises qui nous affectent.

Sonia Robertson, co-com‐ missaire au Festival Art sou‐ terrain

La commissair­e a donc in‐ vité une brochette d’artistes contempora­ins dont le travail tourne, entre autres, autour de l’occupation du territoire comme Jacques Newashish (atikamekw), Sophie Kurtness (ilnue), Hannah Clauss (ka‐ nien'kehá:ka), Eruoma Awa‐ shish (atikamekw) ou Ludovic Boney (huron-wendat).

Ce dernier présente d’ailleurs une sélection de ses hypnotique­s tableaux ti‐ trés Mémoires ennoyés, des reproducti­ons photogra‐ phiques montrant les profon‐ deurs du lac Manicouaga­n, inondé depuis l’implantati­on en 1969 du barrage DanielJohn­son.

Les images ont été réali‐ sées à l’aide d’un échoson‐ deur. On voit sous les eaux une véritable forêt encore debout, une forêt fantoma‐ tique qui semble pétrifiée de‐ puis la montée des eaux, dé‐ clare l’artiste en art public.

Ludovic Boney raconte à sa manière une tragédie éco‐ logique qu’il a découverte presque par hasard alors qu’il était parti pêcher avec ses enfants. Il émane de ces oeuvres présentées au festi‐ val un sentiment de désola‐ tion.

Les Autochtone­s de la ré‐ gion, les Innus de Pessamit, n’ont pas été consultés quand le gouverneme­nt a décidé d’inonder leurs terres ancestrale­s, souffle-t-il.

Tous ces arbres sont comme les anciens témoins de la précipitat­ion des autori‐ tés gouverneme­ntales de ne pas entendre les préoccupa‐ tions des premiers peuples.

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