L’Alberta élabore sa première réglementation sur l’intelligence artificielle
Le gouvernement de l'Al‐ berta est en train d'élabo‐ rer une réglementation sur l'intelligence artificielle qui sera prête au cours des 18 prochains mois, possible‐ ment dès cet automne.
Le bureau du ministère des Technologies et de l'Inno‐ vation en a fait l'annonce dans une déclaration écrite. Celle-ci précise que la régle‐ mentation fera partie d'une prochaine mise à jour des protections de la vie privée et qu'elle donnera aux Alber‐ tains les protections de la vie privée les plus solides au Ca‐ nada.
Nous développons égale‐ ment des protections contre la technologie [de l'hypertru‐ cage] (deepfake) afin de ga‐ rantir que ceux qui créent des images ou des vidéos in‐ times sans consentement s'exposent à des sanctions sévères.
Il n'existe actuellement aucune loi régissant l'utilisa‐ tion de l'intelligence artifi‐ cielle en Alberta.
Selon Diane McLeod, commissaire à l'information et à la protection de la vie privée de l'Alberta, cela doit changer, mais il faut le faire correctement.
Sommes-nous en retard? Pas vraiment, maintient Mme McLeod. Devons-nous mettre en place une réglementa‐ tion? Oui, nous devons le faire. Mais nous devons nous assurer qu'il contient tous les éléments nécessaires.
Diane McLeod, qui est avocate, explique qu'il faut du temps pour déterminer quels sont les bons élé‐ ments.
Il y a beaucoup d'incon‐ nues à l'heure actuelle, car il s'agit d'une technologie très récente. Nous ne savons pas vraiment de quoi elle est ca‐ pable. Nous ne savons pas quels dommages peuvent en résulter.
Diane McLeod, commis‐ saire à l'information et à la protection de la vie privée de l'Alberta
Je suis en train de parler au gouvernement de la né‐ cessité de développer quelque chose d'unique pour l'Alberta.
Mme McLeod a été nom‐ mée à son poste en 2022, après avoir occupé pendant neuf ans une fonction simi‐ laire au sein du gouverne‐ ment du Yukon.
L'UE et le Canada se penchent également sur les réglementations en ma‐ tière d'IA
Mercredi, le Parlement de l'Union européenne a adopté la loi sur l'intelligence artifi‐ cielle. Il s'agit de la première instance dirigeante au monde à adopter une régle‐ mentation complète en ma‐ tière d'IA.
La loi interdit ou limite l'utilisation de l'IA dans cer‐ taines situations.
Selon le Parlement euro‐ péen, cette loi garantit la sé‐ curité et le respect des droits fondamentaux, tout en sti‐ mulant l'innovation.
Cette réglementation de‐ vrait entrer en vigueur dans 27 pays de l'Union euro‐ péenne dans le courant de l'année.
Au Canada, un projet de loi fédérale réglementant l'IA est en cours d'examen par le Parlement. Le projet de loi C27 est actuellement étudié par une commission parle‐ mentaire. Aucune date n'a été avancée à savoir si et quand le projet pourrait de‐ venir une loi.
Les règles doivent être flexibles, selon un avocat spécialiste de l'IA
Quelle que soit la juridic‐ tion, un professeur adjoint de droit et d'intelligence arti‐ ficielle de l'Université de Cal‐ gary estime que les règles doivent être flexibles pour s'adapter aux progrès ra‐ pides de la technologie, pour éviter d'avoir à les mettre à jour fréquemment.
Nous devrions nous inté‐ resser davantage à l'élabora‐ tion de principes directeurs, plutôt qu'à l'élaboration d'une loi rigide, dont l'inter‐ prétation peut être faite par le tribunal, considère Gideon Christian.
La commissaire à la pro‐ tection de la vie privée, Diane McLeod, partage cet avis.
Il faudra faire preuve d'une certaine souplesse au fur et à mesure que nous avançons, en reconnaissant que la loi n'est pas toujours facile à modifier. Mais elle doit être d'un niveau suffi‐ samment élevé pour pouvoir s'appliquer à un large éven‐ tail de circonstances, dit-elle.
Avec les informations d’Acton Clarkin
solde de 6000 $, mais n'a pas mentionné que si le compte descendait en dessous de 6000 $, il y aurait des frais mensuels de 30 $; À un tes‐ teur qui indiquait avoir reçu un héritage de 50 000 $, mais aussi des dettes (hypothèque et carte de crédit presque loadée), les conseillers finan‐ ciers tentaient généralement de privilégier les investisse‐ ments, mais peu le rembour‐ sement des dettes.
Ne pas conseiller à un client de rembourser entière‐ ment ses dettes à taux d'inté‐ rêt élevé constitue une viola‐ tion d'un article de la Loi sur les banques, mentionne M. Conacher.
Par ailleurs, les frais reliés à d'éventuels investisse‐ ments dans des fonds com‐ muns de placement étaient presque tout le temps mini‐ misés par les conseillers fi‐ nanciers. Certains ont même prétendu à tort que les frais n’étaient facturés que sur les bénéfices.
Les gens se font exploi‐ ter
Les gens se font exploiter, affirme Sandi Martin, planifi‐ catrice financière agréée. Elle travaillait pour une grande banque, mais l'a quittée il y a plus de dix ans parce qu'elle ne supportait pas l'environ‐ nement de vente.
Mme Martin souligne que les frais sont généralement de 2,5 % par an pour les fonds communs de place‐ ment et qu'ils réduisent la va‐ leur potentielle d'un porte‐ feuille de près de moitié sur 25 ans.
Aucune des banques n’a accepté une demande d’in‐ terview devant la caméra.
Les exemples décrits ne reflètent pas l'expérience que des millions de Canadiens vivent quotidiennement avec les employés des banques canadiennes.
L'Association des ban‐ quiers canadiens
De son côté, l'Agence de la consommation en matière fi‐ nancière du Canada (ACFC), l'organisme de réglementa‐ tion bancaire, se dit préoccu‐ pée par les pratiques de vente des banques et affirme prendre la situation très au sérieux.
L’ACFC précise qu’en vertu de la loi entrée en vigueur en 2018, les banques ont l'obli‐ gation d'offrir des produits ou des services appropriés aux consommateurs et ne sont pas autorisées à fournir des informations fausses ou trompeuses.
Mais selon Duff Conacher l’ACFC est l’équivalent d’un chien de garde édenté. Elle devrait selon lui multiplier les inspections inopinées et im‐ poser des sanctions bien plus lourdes en cas de viola‐ tion.
Il souligne que l'ACFC a imposé moins de 20 millions $ d'amendes sur 20 ans, alors que les régulateurs aux États-Unis et au RoyaumeUni ont imposé des amendes de plusieurs milliards de dol‐ lars en seulement 10 ans.
Le ministre fédéral des Fi‐ nances supervise l'ACFC, mais Chrystia Freeland a re‐ fusé une demande d'entre‐ vue devant la caméra et a évité les questions lorsque Marketplace l'a rencontrée lors d'un récent événement à Toronto.
Dans un communiqué, un porte-parole du bureau de Freeland a écrit que le gou‐ vernement avait une tolé‐ rance zéro à l'égard des banques offrant des conseils financiers trompeurs ou in‐ appropriés, et qu'il avait in‐ troduit de nouvelles protec‐ tions des consommateurs dans la Loi sur les banques.
D'après un article d'Eric Johnson, journaliste d'en‐ quête à CBC.
teur du jeu.
Selon Thomas Burelli, le NYT jouit de son statut de Goliath contre David dans sa démarche « agressive ». Tu peux prendre le risque de leur dire "non, j’ai le droit, je ne suis pas en train de violer des droits d’auteur". Ça pour‐ rait toutefois finir en pour‐ suite judiciaire, et les gens sont trop petits pour pouvoir se battre, dit M. Burelli.
Ces situations se négo‐ cient souvent en coulisses, à coup de menaces. Mais peu de décisions de justice ont été rendues.
Thomas Burelli, profes‐ seur de droit à l'Université d'Ottawa
La Presse et Louan Beng‐ mah ont affirmé à Radio-Ca‐ nada ne pas avoir reçu de communications du New York Times. Mais ça ne sau‐ rait tarder, croit Thomas Bu‐ relli.
Ce spécialiste de droit du jeu vidéo affirme que La Presse fait erreur en repre‐ nant le design du jeu. Ça va de soi que tu ne peux pas faire ça. C’est vraiment une copie : même grille, mêmes couleurs, mêmes instruc‐ tions. Il faut modifier. Seul le mot Wordle y est absent, bien qu’on y mentionne que Le mot est comme le popu‐ laire jeu du New York Times.
À partir du moment où l’on copie votre oeuvre, on peut demander d’arrêter cet usage, peu importe si la co‐ pie a été créée avant ou après un rachat.
Thomas Burelli, profes‐ seur de droit civil à l'Univer‐ sité d'Ottawa
Michaël Majeau, le direc‐ teur des communications et de l’image de marque du quotidien montréalais, af‐ firme que la version du jeu de La Presse, accessible gra‐ tuitement à son lectorat, a été développée par [ses] équipes internes en respec‐ tant la législation canadienne encadrant le droit d’auteur.
Louan Bengmah, dont le jeu compte plusieurs millions d’adeptes, affirme qu’il ferait en sorte de garder une ver‐ sion intacte du jeu, s’il rece‐ vait une demande de retrait en provenance du quotidien américain.
Le développeur français souligne que plusieurs créa‐ teurs de clones de Wordle n’en touchent pas un sou. Il a lui-même refusé des proposi‐ tions publicitaires qui lui au‐ raient permis de rentabiliser sa version du jeu, mais il croit en l’Internet libre, gratuit, et sans publicité. En revanche, La Presse tire des revenus publicitaires placés à l’ouver‐ ture de la section des jeux, selon le directeur des com‐ munications et de l’image de marque de La Presse.
Je trouve ça dommage que le NYT attaque les clones de Wordle [...] Le nombre de variantes créatives de ce jeu est une force. S'y attaquer, c'est faire du mal au concept qui a réjoui Internet en 2022, soutient M. Bengmah.
Un outil de préservation des langues
Pour Fabio Scetti, profes‐ seur en linguistique à l’Uni‐ versité du Québec à Trois-Ri‐ vières (UQTR) spécialisé no‐ tamment dans les langues en contexte minoritaire, le New York Times aurait tout intérêt à créer des ponts avec ces clones de Wordle, afin d’aider à la préservation des langues.
Accueillir les clones de Wordle plutôt que de les at‐ taquer, ça permettrait au New York Times de s’ouvrir à des langues minoritaires, et de gagner un plus grand pu‐ blic.
Fabio Scetti, professeur en linguistique à l’Université du Québec à Trois-Rivières
Le chercheur, qui a no‐ tamment créé une commu‐ nauté Facebook portant sur le Valoc, une langue gallo-ita‐ lique parlée par quelque 1000 personnes au nord de l’Italie, peut en témoigner : Le web apporte une certaine ouverture, un [nouveau souffle] à certaines langues. Et contrairement à Facebook, dont le public est plus âgé, le jeu a le potentiel de joindre les plus jeunes.
Il cite Duolingo en exemple. Au début, c’était très anglophone. Tu appre‐ nais une autre langue, mais toujours à partir de l’anglais. Maintenant, tu peux ap‐ prendre le grec à partir du français. Tu as plein d’autres options. Ça crée beaucoup de ponts entre d’autres langues, souligne-t-il.
[De s’ouvrir ainsi] permet‐ trait à Wordle de garder sa [notoriété], et d’être relancé, peut-être.
Fabio Scetti, professeur en linguistique à l’Université du Québec à Trois-Rivières
Mais le poids de la préser‐ vation des langues ne peut toutefois pas reposer sur un seul jeu. On voit que la so‐ ciété contemporaine n’est pas nécessairement prête à soutenir ces langues. Il n’y a pas de politiques linguis‐ tiques ni de règles pour pré‐ venir leur disparition, dit le chercheur.
Thomas Burelli souligne que le NYT pourrait octroyer dans le futur des licences de Wordle en d’autres langues.
la désinformation web, abon‐ nez-vous en cliquant ici.
Vous avez inventé le terme « perroquet stochas‐ tique » pour décrire les grands modèles de lan‐ gage. Pouvez-vous expli‐ quer ce que cela signifie?
Dans l'expression « perro‐ quet stochastique », le mot « perroquet » fait référence au verbe parroting en anglais, qui signifie « répéter sans comprendre ». Le but ici n’est pas d’insulter les perroquets, qui sont de merveilleuses créatures avec leur propre vie intérieure! (Rires)
« Stochastique » signifie « aléatoire », selon un calcul de probabilités. Ainsi, lorsque les grands modèles de lan‐ gage sont utilisés pour pro‐ duire du texte, nous les utili‐ sons pour distribuer les mots les plus probables dans une situation donnée pour en‐ suite les choisir aléatoire‐ ment. Mais tous les mots n'ont pas une chance égale d’être choisis : certains sont plus susceptibles de sortir que d’autres.
Qu'y a-t-il de dangereux ou de risqué dans le fait de croire que les grands mo‐ dèles de langage sont conscients?
Sur le plan individuel, si nous tombons dans l'idée se‐ lon laquelle les modèles de langage pensent, raisonnent, sont conscients, ont des idées et ont accès à beau‐ coup d'informations, nous nous prédisposons à voir de mauvaises informations comme s'il s'agissait de bonnes informations, et cela peut être nuisible. Imaginez quelqu'un qui demande des conseils médicaux à ChatGPT et qui suit ces conseils ou quelqu’un qui suit une re‐ cette générée par l’IA qui af‐ firme que du poulet doit être cuit saignant.
Sur le plan sociétal, nous voyons beaucoup de sugges‐ tions selon lesquelles les ro‐ bots conversationnels pour‐ raient être utilisés comme des enseignants-robots, des thérapeutes-robots, des avo‐ cats-robots ou des médecinsrobots. Cela ne fonctionnera tout simplement pas. Mais si suffisamment de gens croient que cela pourrait fonctionner, nos gouverne‐ ments pourraient s'en sortir en comblant les trous dans le filet social avec des systèmes qui ne devraient pas servir à cela.
Pourquoi les gens de l'industrie de l’IA utilisentils un vocabulaire qui prête des caractéristiques hu‐ maines aux modèles de langage alors qu'ils com‐ prennent très bien com‐ ment ces systèmes fonc‐ tionnent?
C'est un phénomène inté‐ ressant, n'est-ce pas? Cer‐ taines personnes sont réelle‐ ment tombées dans ce type de raisonnement, alors que d’autres semblent le faire. Commençons par celles qui semblent le faire : les entre‐ prises qui construisent ces modèles ont certainement intérêt à ce que le public pense que ceux-ci sont beau‐ coup plus puissants qu’ils ne le sont. Ça facilite leur vente.
Sinon, je pense que les in‐ génieurs qui les ont conçus, en général, ne sont pas lin‐ guistes, donc ils ne sont pas sensibles à la manière dont fonctionne le langage. Lorsque le système dit quelque chose qui semble impressionnant - par exemple, s’il semble affirmer sa propre conscience -, cela semble trop impressionnant pour être le fruit du hasard. Ils ne prennent pas le recul nécessaire pour constater qu'ils sont ceux qui donnent un sens à ce langage.
Et il y a aussi la possibilité que les gens qui construisent ces modèles veulent tout simplement croire qu'ils ont créé quelque chose de vrai‐ ment, vraiment cool.
des milliers de protéines en même temps, et c’est intéres‐ sant. Mais leurs résultats montrent des changements dans les niveaux d'insuline, des triglycérides, ce qui est connu depuis des décennies.
Benoît Arsenault, Univer‐ sité Laval
Je trouve l'étude très inté‐ ressante, mais il y a un dan‐ ger à surinterpréter les ob‐ servations. C'est comme si on avait pris pour acquis que le jeûne avait des bénéfices sur la santé. Pour moi, c'est loin d'être aussi clair, précise le professeur.
Bémols sur le jeûne in‐ termittent
Le professeur Arsenault rappelle qu’il y a plusieurs contre-indications aux jeûnes, particulièrement aux jeûnes intermittents, qui sont souvent pratiqués pour des raisons cosmétiques.
On va se le dire, les gens jeûnent surtout pour être minces, parce qu'on vit dans une société qui valorise la minceur, dans laquelle la culture des diètes gangrène beaucoup l'esprit des gens.
Benoît Arsenault, Univer‐ sité Laval
Les personnes qui sont at‐ teintes de maladies chro‐ niques doivent faire très at‐ tention. Ceux qui ont des troubles de conduite alimen‐ taire qui veulent jeûner sont aussi à risque, relève Benoît Arsenault.
Le professeur note égale‐ ment que si l’étude est inté‐ ressante sur le plan métabo‐ lique et physiologique, elle ne renseigne pas sur les pos‐ sibles bénéfices du jeûne in‐ termittent en particulier.
À court terme, les gens perdent de la graisse, on ne remet pas ça en question!, af‐ firme-t-il. Il y a aussi des bé‐ néfices sur l’hypertension ar‐ térielle, sur la sensibilité à l'insuline chez les personnes prédiabétiques ou chez ceux qui font un peu de cholesté‐ rol, qui voient leurs lipides sanguins diminuer légère‐ ment.
Bien manger avant tout
Selon le professeur, les études montrent que le jeûne n’est pas meilleur que la restriction calorique en continu (comme les régimes) pour perdre du poids.
Qu'on mange nos calories à l'intérieur d'une fenêtre dans une journée ou qu'on mange un petit peu moins à chaque repas, il n’y a vrai‐ ment aucune valeur ajoutée du jeûne intermittent. C'est une façon comme une autre de se restreindre. C’est ma‐ thématique!
Benoît Arsenault, Univer‐ sité Laval
Il y a des gens qui disent que le jeûne présente de pe‐ tits effets bénéfiques supplé‐ mentaires parce qu’on l’aligne avec nos rythmes cir‐ cadiens, mais aucune étude crédible ne l’a montré, in‐ dique le professeur.
Des études montrent aussi qu’il faut adopter des profils d'alimentation médi‐ terranéenne. Pour être en santé, il faut suivre les re‐ commandations du Guide ali‐ mentaire canadien. Et ce n’est pas compliqué, manger plus de fruits et légumes, plus de fibres, plus de pro‐ duits à grains entiers, plus de protéines végétales.
Benoit Arsenault, Univer‐ sité Laval
On n'a pas besoin de jeû‐ ner pour être en meilleure santé. Il faut d'abord miser sur la qualité plutôt que la quantité, conclut le profes‐ seur.
Vers de nouveaux traite‐ ments
Les auteurs estiment que leur étude fournit une feuille de route pour de futures re‐ cherches qui pourraient conduire à des interventions thérapeutiques, y compris pour les personnes qui pour‐ raient bénéficier du jeûne, mais qui ne peuvent pas suivre un jeûne prolongé ou des régimes imitant le jeûne, tels que les régimes céto‐ gènes.
d’impunité de 93 %, selon les calculs de l’ONG « Impunidad Cero » (Impunité Zéro). Dans le cas des disparitions, le taux d’impunité est de 99 %.
L’insécurité est un des grands échecs d’AMLO, sou‐ tient Tony Payan, qui estime que le président sortant n’a pas eu de stratégie concrète pour faire face au crime or‐ ganisé.
Les analystes craignent que ce ne soit encore pire en cette année électorale. En 2021, lors des élections légis‐ latives et étatiques, il y a eu une augmentation marquée de la violence contre les can‐ didats, dont plus de 60 ont été assassinés, souligne Ceci‐ lia Farfan, qui redoute l’im‐ pact de cette violence sur la qualité de la démocratie.
Le type de personnes qui posent leur candidature va changer, croit-elle. On va voir des gens qui ont peut-être déjà un accord avec ces structures criminelles, alors que d'autres ne se présente‐ ront pas par crainte qu'il leur arrive quelque chose.
Les attaques contre les politiciens, les candidats, les fonctionnaires et les repré‐ sentants du gouvernement ont augmenté en janvier 2024, note ACLED. Au moins quatre candidats aux élec‐ tions de juin ont été assassi‐ nés alors que les disputes entre les groupes criminels pour le contrôle territorial s’intensifient.
Le groupe de surveillance Data Civica note dans son rapport sur la violence poli‐ tique que 2023 a été l’année la plus violente de notre base de données. Et tout porte à croire que 2024 sera pire.
Il est probable que les plus grandes élections de l’histoire subiront également les plus grandes attaques de la part du crime organisé. Data Civica
Outre la présidence, quelque 20 000 autres postes seront en jeu le 2 juin, dont ceux de l’ensemble des séna‐ teurs et des députés, de neuf gouverneurs et de milliers de représentants locaux, ce qui fait que ces élections seront
historiques.
Corruption au plus haut niveau
La corruption est un autre problème qui préoccupe les Mexicains. Elle a pris une nouvelle ampleur ces der‐ nières années, soutient Mme Farfan. Un cas flagrant est ce‐ lui de l’ex-procureur de l’État de Nayarit, Edgar Veytia, qui, entre autres crimes, est ac‐ cusé d’avoir abusé de son pouvoir pour forcer des pro‐ priétaires à lui céder leur ter‐ rain à bas prix.
On voit de plus en plus de dossiers qui ressemblent à celui de Nayarit : il ne s’agit plus de pots-de-vin [versés à des fonctionnaires corrom‐ pus], mais plutôt des gens qui essaient de s’enrichir en utilisant l'appareil de l’État, soutient Mme Farfan.
Une corruption qui vient du sommet de l’État, note Tony Payan. Arrivé au pou‐ voir en critiquant la corrup‐ tion, AMLO doit maintenant s’en défendre.
Un de ses fils aurait aidé des amis à obtenir des contrats de plusieurs millions de dollars, ont révélé des en‐ quêtes journalistiques. Un autre vivrait dans une mai‐ son à Houston appartenant à un dirigeant d’une compa‐ gnie pétrolière qui reçoit des contrats très lucratifs de Pe‐ mex, la compagnie pétrolière publique. Des allégations fausses, selon le président.
Qu’est-ce qui le différencie des familles d’autres prési‐ dents qui se sont enrichis grâce au trafic d’influence et aux contrats publics? se de‐ mande M. Payan.
C’est une des administra‐ tions les plus corrompues qu’on a eues depuis au moins 40 ans.
Tony Payan, directeur de l’Institut Baker pour les ÉtatsUnis et le Mexique de l’Uni‐ versité Rice
Sans parler des alléga‐ tions contre AMLO lui-même, allégations portant sur des paiements qu’il aurait reçus de la part de cartels pour la campagne électorale de 2006. Le président a qualifié ces enquêtes journalistiques de calomnies.
Une économie qui peine à décoller
La situation économique des Mexicains ne s’est guère améliorée ces dernières an‐ nées.
Il y a bien eu des verse‐ ments ponctuels, mais cela n’est pas suffisant, croit Adriana Baez Carlos, profes‐ seure à l'Université nationale autonome du Mexique (UNAM) et spécialiste des questions de genre. Le gou‐ vernement a lancé des pro‐ grammes d’appui pour les jeunes, les mères célibataires ou les aînés, mais il n’y a pas eu de progrès en ce qui concerne le taux d’emploi ou l’activité économique, sou‐ ligne-t-elle.
Les gens ont de quoi man‐ ger, mais ce n’est pas grâce à leur travail c’est plutôt grâce à l’aide de l’État.
Adriana Baez, professeure à l'UNAM et spécialiste des questions de genre
La pauvreté au Mexique est au même niveau qu’il y a six ans, déplore Tony Payan. Les programmes de transfert d’argent ne règlent pas le manque de compétences qui empêche les gens d’avoir ac‐ cès à de meilleurs emplois et à de meilleurs salaires.
Quelque 47 millions de Mexicains sont pauvres, dont 9 millions souffrent de pau‐ vreté extrême, selon des données gouvernementales.
Le nombre de Mexicains qui quittent leur pays en dit long sur l’échec des poli‐ tiques économiques, estime M. Payan. Ce sont des gens qui disent : dans ce pays, il n’y a pas d’avenir, pas d’occa‐ sions économiques, pas de croissance, pas de sécurité.
Entre 2015 et 2020, plus de 800 000 Mexicains ont émigré, selon les données of‐ ficielles.
Militarisation tous azi‐ muts
Le gouvernement de Fe‐ lipe Calderon (2006-2012) avait fait appel aux militaires pour combattre les narcotra‐ fiquants et reprendre le contrôle de certaines régions du pays.
Pendant la campagne, Andres Manuel Lopez Obra‐ dor avait promis de renvoyer les militaires dans leur ca‐ serne. Il leur a plutôt donné une place croissante dans la gestion du pays.
Le Mexique est en train de se militariser, soutient Mme Baez. Le président leur a re‐ mis des activités civiles, comme la construction de l’aéroport, l'administration des douanes ou l’entretien des routes.
Ce sont notamment les forces armées qui ont construit le fameux train maya, qu’elles vont égale‐ ment administrer.
Tony Payan s’inquiète des risques que cela représente pour la démocratie, notam‐ ment à cause du manque de transparence. En invoquant la sécurité nationale, on donne très peu d'information aux citoyens, précise-t-il.
Quelles solutions?
La proposition de Claudia Sheinbaum est très claire. Son slogan est la continuité, résume Tony Payan. Les mili‐ taires vont rester dans les rues et les programmes pré‐ sidentiels vont se poursuivre.
On offre de la continuité quand les choses vont bien, mais on ne peut pas le faire lorsqu'elles vont mal.
Tony Payan, directeur de l’Institut Baker pour les ÉtatsUnis et le Mexique de l’Uni‐ versité Rice
Son problème est qu’elle ne peut pas offrir autre chose, puisqu’elle est la can‐ didate du président sortant. AMLO a été son mentor, il l’a choisie, souligne M. Payan. Elle ne peut pas, du moins pas tout de suite, prendre de distance envers lui ou ses programmes.
En ce qui concerne la sé‐ curité, Claudia Sheinbaum entend poursuivre la straté‐ gie du gouvernement, intitu‐ lée des câlins plutôt que des balles, et s’attaquer aux ra‐ cines de la violence en of‐ frant d'autres options aux jeunes pour éviter qu’ils soient recrutés par le crime organisé.
Pour sa part, Xochitl Gal‐ vez propose la construction de trois prisons à sécurité maximale, une initiative de type Bukele, selon Mme Baez. Elle veut retirer les acti‐ vités civiles aux militaires et améliorer la relation avec les États-Unis, notamment en créant une agence binatio‐ nale des douanes pour ren‐ forcer le contrôle à la fron‐ tière, en ciblant particulière‐ ment le trafic d’armes des États-Unis vers le Mexique.
Fini les câlins pour les cri‐ minels, dit-elle, on appliquera la loi.
Aucune des deux candi‐ dates ne pose toutefois un diagnostic clair sur les causes de la violence, estime Mme Farfan. Qui plus est, elles ne proposent pas de remplacer l'armée par une sécurité pu‐ blique civile.
Une niste? approche fémi‐
Ce qui est sûr, c’est qu’on verra une différence du fait que le pays sera gouverné par une femme, croit Adriana Baez.
Les deux candidates ont proposé une série de me‐ sures visant spécifiquement les femmes. Claudia Shein‐ baum a notamment annoncé qu’elle mettra en place un programme en vertu duquel sera versée une rente aux femmes au foyer de plus de 60 ans afin de leur donner une compensation pour les soins aux enfants. Les deux veulent prioriser un système de garderies.
Que deux femmes se re‐ trouvent en lice pour la prési‐ dence montre bien les avan‐ cées des Mexicaines dans l’espace public, souligne Mme Baez. C’est le résultat de dif‐ férentes lois imposant la pa‐ rité à différents niveaux de l’État et au sein des partis.
Il y a eu une poussée im‐ portante en faveur des droits politiques des femmes; l'éga‐ lité n'a pas été atteinte parce que le machisme est très profondément enraciné, mais nous avons fait des pro‐ grès majeurs.
Adriana Baez, professeure à l'Université nationale auto‐ nome du Mexique
Que ce soit l'une ou l'autre qui l'emporte, croitelle, les Mexicaines seront gagnantes.