Radio-Canada Info

L’Alberta élabore sa première réglementa­tion sur l’intelligen­ce artificiel­le

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Le gouverneme­nt de l'Al‐ berta est en train d'élabo‐ rer une réglementa­tion sur l'intelligen­ce artificiel­le qui sera prête au cours des 18 prochains mois, possible‐ ment dès cet automne.

Le bureau du ministère des Technologi­es et de l'Inno‐ vation en a fait l'annonce dans une déclaratio­n écrite. Celle-ci précise que la régle‐ mentation fera partie d'une prochaine mise à jour des protection­s de la vie privée et qu'elle donnera aux Alber‐ tains les protection­s de la vie privée les plus solides au Ca‐ nada.

Nous développon­s égale‐ ment des protection­s contre la technologi­e [de l'hypertru‐ cage] (deepfake) afin de ga‐ rantir que ceux qui créent des images ou des vidéos in‐ times sans consenteme­nt s'exposent à des sanctions sévères.

Il n'existe actuelleme­nt aucune loi régissant l'utilisa‐ tion de l'intelligen­ce artifi‐ cielle en Alberta.

Selon Diane McLeod, commissair­e à l'informatio­n et à la protection de la vie privée de l'Alberta, cela doit changer, mais il faut le faire correcteme­nt.

Sommes-nous en retard? Pas vraiment, maintient Mme McLeod. Devons-nous mettre en place une réglementa‐ tion? Oui, nous devons le faire. Mais nous devons nous assurer qu'il contient tous les éléments nécessaire­s.

Diane McLeod, qui est avocate, explique qu'il faut du temps pour déterminer quels sont les bons élé‐ ments.

Il y a beaucoup d'incon‐ nues à l'heure actuelle, car il s'agit d'une technologi­e très récente. Nous ne savons pas vraiment de quoi elle est ca‐ pable. Nous ne savons pas quels dommages peuvent en résulter.

Diane McLeod, commis‐ saire à l'informatio­n et à la protection de la vie privée de l'Alberta

Je suis en train de parler au gouverneme­nt de la né‐ cessité de développer quelque chose d'unique pour l'Alberta.

Mme McLeod a été nom‐ mée à son poste en 2022, après avoir occupé pendant neuf ans une fonction simi‐ laire au sein du gouverne‐ ment du Yukon.

L'UE et le Canada se penchent également sur les réglementa­tions en ma‐ tière d'IA

Mercredi, le Parlement de l'Union européenne a adopté la loi sur l'intelligen­ce artifi‐ cielle. Il s'agit de la première instance dirigeante au monde à adopter une régle‐ mentation complète en ma‐ tière d'IA.

La loi interdit ou limite l'utilisatio­n de l'IA dans cer‐ taines situations.

Selon le Parlement euro‐ péen, cette loi garantit la sé‐ curité et le respect des droits fondamenta­ux, tout en sti‐ mulant l'innovation.

Cette réglementa­tion de‐ vrait entrer en vigueur dans 27 pays de l'Union euro‐ péenne dans le courant de l'année.

Au Canada, un projet de loi fédérale réglementa­nt l'IA est en cours d'examen par le Parlement. Le projet de loi C27 est actuelleme­nt étudié par une commission parle‐ mentaire. Aucune date n'a été avancée à savoir si et quand le projet pourrait de‐ venir une loi.

Les règles doivent être flexibles, selon un avocat spécialist­e de l'IA

Quelle que soit la juridic‐ tion, un professeur adjoint de droit et d'intelligen­ce arti‐ ficielle de l'Université de Cal‐ gary estime que les règles doivent être flexibles pour s'adapter aux progrès ra‐ pides de la technologi­e, pour éviter d'avoir à les mettre à jour fréquemmen­t.

Nous devrions nous inté‐ resser davantage à l'élabora‐ tion de principes directeurs, plutôt qu'à l'élaboratio­n d'une loi rigide, dont l'inter‐ prétation peut être faite par le tribunal, considère Gideon Christian.

La commissair­e à la pro‐ tection de la vie privée, Diane McLeod, partage cet avis.

Il faudra faire preuve d'une certaine souplesse au fur et à mesure que nous avançons, en reconnaiss­ant que la loi n'est pas toujours facile à modifier. Mais elle doit être d'un niveau suffi‐ samment élevé pour pouvoir s'appliquer à un large éven‐ tail de circonstan­ces, dit-elle.

Avec les informatio­ns d’Acton Clarkin

solde de 6000 $, mais n'a pas mentionné que si le compte descendait en dessous de 6000 $, il y aurait des frais mensuels de 30 $; À un tes‐ teur qui indiquait avoir reçu un héritage de 50 000 $, mais aussi des dettes (hypothèque et carte de crédit presque loadée), les conseiller­s finan‐ ciers tentaient généraleme­nt de privilégie­r les investisse‐ ments, mais peu le rembour‐ sement des dettes.

Ne pas conseiller à un client de rembourser entière‐ ment ses dettes à taux d'inté‐ rêt élevé constitue une viola‐ tion d'un article de la Loi sur les banques, mentionne M. Conacher.

Par ailleurs, les frais reliés à d'éventuels investisse‐ ments dans des fonds com‐ muns de placement étaient presque tout le temps mini‐ misés par les conseiller­s fi‐ nanciers. Certains ont même prétendu à tort que les frais n’étaient facturés que sur les bénéfices.

Les gens se font exploi‐ ter

Les gens se font exploiter, affirme Sandi Martin, planifi‐ catrice financière agréée. Elle travaillai­t pour une grande banque, mais l'a quittée il y a plus de dix ans parce qu'elle ne supportait pas l'environ‐ nement de vente.

Mme Martin souligne que les frais sont généraleme­nt de 2,5 % par an pour les fonds communs de place‐ ment et qu'ils réduisent la va‐ leur potentiell­e d'un porte‐ feuille de près de moitié sur 25 ans.

Aucune des banques n’a accepté une demande d’in‐ terview devant la caméra.

Les exemples décrits ne reflètent pas l'expérience que des millions de Canadiens vivent quotidienn­ement avec les employés des banques canadienne­s.

L'Associatio­n des ban‐ quiers canadiens

De son côté, l'Agence de la consommati­on en matière fi‐ nancière du Canada (ACFC), l'organisme de réglementa‐ tion bancaire, se dit préoccu‐ pée par les pratiques de vente des banques et affirme prendre la situation très au sérieux.

L’ACFC précise qu’en vertu de la loi entrée en vigueur en 2018, les banques ont l'obli‐ gation d'offrir des produits ou des services appropriés aux consommate­urs et ne sont pas autorisées à fournir des informatio­ns fausses ou trompeuses.

Mais selon Duff Conacher l’ACFC est l’équivalent d’un chien de garde édenté. Elle devrait selon lui multiplier les inspection­s inopinées et im‐ poser des sanctions bien plus lourdes en cas de viola‐ tion.

Il souligne que l'ACFC a imposé moins de 20 millions $ d'amendes sur 20 ans, alors que les régulateur­s aux États-Unis et au RoyaumeUni ont imposé des amendes de plusieurs milliards de dol‐ lars en seulement 10 ans.

Le ministre fédéral des Fi‐ nances supervise l'ACFC, mais Chrystia Freeland a re‐ fusé une demande d'entre‐ vue devant la caméra et a évité les questions lorsque Marketplac­e l'a rencontrée lors d'un récent événement à Toronto.

Dans un communiqué, un porte-parole du bureau de Freeland a écrit que le gou‐ vernement avait une tolé‐ rance zéro à l'égard des banques offrant des conseils financiers trompeurs ou in‐ appropriés, et qu'il avait in‐ troduit de nouvelles protec‐ tions des consommate­urs dans la Loi sur les banques.

D'après un article d'Eric Johnson, journalist­e d'en‐ quête à CBC.

teur du jeu.

Selon Thomas Burelli, le NYT jouit de son statut de Goliath contre David dans sa démarche « agressive ». Tu peux prendre le risque de leur dire "non, j’ai le droit, je ne suis pas en train de violer des droits d’auteur". Ça pour‐ rait toutefois finir en pour‐ suite judiciaire, et les gens sont trop petits pour pouvoir se battre, dit M. Burelli.

Ces situations se négo‐ cient souvent en coulisses, à coup de menaces. Mais peu de décisions de justice ont été rendues.

Thomas Burelli, profes‐ seur de droit à l'Université d'Ottawa

La Presse et Louan Beng‐ mah ont affirmé à Radio-Ca‐ nada ne pas avoir reçu de communicat­ions du New York Times. Mais ça ne sau‐ rait tarder, croit Thomas Bu‐ relli.

Ce spécialist­e de droit du jeu vidéo affirme que La Presse fait erreur en repre‐ nant le design du jeu. Ça va de soi que tu ne peux pas faire ça. C’est vraiment une copie : même grille, mêmes couleurs, mêmes instruc‐ tions. Il faut modifier. Seul le mot Wordle y est absent, bien qu’on y mentionne que Le mot est comme le popu‐ laire jeu du New York Times.

À partir du moment où l’on copie votre oeuvre, on peut demander d’arrêter cet usage, peu importe si la co‐ pie a été créée avant ou après un rachat.

Thomas Burelli, profes‐ seur de droit civil à l'Univer‐ sité d'Ottawa

Michaël Majeau, le direc‐ teur des communicat­ions et de l’image de marque du quotidien montréalai­s, af‐ firme que la version du jeu de La Presse, accessible gra‐ tuitement à son lectorat, a été développée par [ses] équipes internes en respec‐ tant la législatio­n canadienne encadrant le droit d’auteur.

Louan Bengmah, dont le jeu compte plusieurs millions d’adeptes, affirme qu’il ferait en sorte de garder une ver‐ sion intacte du jeu, s’il rece‐ vait une demande de retrait en provenance du quotidien américain.

Le développeu­r français souligne que plusieurs créa‐ teurs de clones de Wordle n’en touchent pas un sou. Il a lui-même refusé des proposi‐ tions publicitai­res qui lui au‐ raient permis de rentabilis­er sa version du jeu, mais il croit en l’Internet libre, gratuit, et sans publicité. En revanche, La Presse tire des revenus publicitai­res placés à l’ouver‐ ture de la section des jeux, selon le directeur des com‐ munication­s et de l’image de marque de La Presse.

Je trouve ça dommage que le NYT attaque les clones de Wordle [...] Le nombre de variantes créatives de ce jeu est une force. S'y attaquer, c'est faire du mal au concept qui a réjoui Internet en 2022, soutient M. Bengmah.

Un outil de préservati­on des langues

Pour Fabio Scetti, profes‐ seur en linguistiq­ue à l’Uni‐ versité du Québec à Trois-Ri‐ vières (UQTR) spécialisé no‐ tamment dans les langues en contexte minoritair­e, le New York Times aurait tout intérêt à créer des ponts avec ces clones de Wordle, afin d’aider à la préservati­on des langues.

Accueillir les clones de Wordle plutôt que de les at‐ taquer, ça permettrai­t au New York Times de s’ouvrir à des langues minoritair­es, et de gagner un plus grand pu‐ blic.

Fabio Scetti, professeur en linguistiq­ue à l’Université du Québec à Trois-Rivières

Le chercheur, qui a no‐ tamment créé une commu‐ nauté Facebook portant sur le Valoc, une langue gallo-ita‐ lique parlée par quelque 1000 personnes au nord de l’Italie, peut en témoigner : Le web apporte une certaine ouverture, un [nouveau souffle] à certaines langues. Et contrairem­ent à Facebook, dont le public est plus âgé, le jeu a le potentiel de joindre les plus jeunes.

Il cite Duolingo en exemple. Au début, c’était très anglophone. Tu appre‐ nais une autre langue, mais toujours à partir de l’anglais. Maintenant, tu peux ap‐ prendre le grec à partir du français. Tu as plein d’autres options. Ça crée beaucoup de ponts entre d’autres langues, souligne-t-il.

[De s’ouvrir ainsi] permet‐ trait à Wordle de garder sa [notoriété], et d’être relancé, peut-être.

Fabio Scetti, professeur en linguistiq­ue à l’Université du Québec à Trois-Rivières

Mais le poids de la préser‐ vation des langues ne peut toutefois pas reposer sur un seul jeu. On voit que la so‐ ciété contempora­ine n’est pas nécessaire­ment prête à soutenir ces langues. Il n’y a pas de politiques linguis‐ tiques ni de règles pour pré‐ venir leur disparitio­n, dit le chercheur.

Thomas Burelli souligne que le NYT pourrait octroyer dans le futur des licences de Wordle en d’autres langues.

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Vous avez inventé le terme « perroquet stochas‐ tique » pour décrire les grands modèles de lan‐ gage. Pouvez-vous expli‐ quer ce que cela signifie?

Dans l'expression « perro‐ quet stochastiq­ue », le mot « perroquet » fait référence au verbe parroting en anglais, qui signifie « répéter sans comprendre ». Le but ici n’est pas d’insulter les perroquets, qui sont de merveilleu­ses créatures avec leur propre vie intérieure! (Rires)

« Stochastiq­ue » signifie « aléatoire », selon un calcul de probabilit­és. Ainsi, lorsque les grands modèles de lan‐ gage sont utilisés pour pro‐ duire du texte, nous les utili‐ sons pour distribuer les mots les plus probables dans une situation donnée pour en‐ suite les choisir aléatoire‐ ment. Mais tous les mots n'ont pas une chance égale d’être choisis : certains sont plus susceptibl­es de sortir que d’autres.

Qu'y a-t-il de dangereux ou de risqué dans le fait de croire que les grands mo‐ dèles de langage sont conscients?

Sur le plan individuel, si nous tombons dans l'idée se‐ lon laquelle les modèles de langage pensent, raisonnent, sont conscients, ont des idées et ont accès à beau‐ coup d'informatio­ns, nous nous prédisposo­ns à voir de mauvaises informatio­ns comme s'il s'agissait de bonnes informatio­ns, et cela peut être nuisible. Imaginez quelqu'un qui demande des conseils médicaux à ChatGPT et qui suit ces conseils ou quelqu’un qui suit une re‐ cette générée par l’IA qui af‐ firme que du poulet doit être cuit saignant.

Sur le plan sociétal, nous voyons beaucoup de sugges‐ tions selon lesquelles les ro‐ bots conversati­onnels pour‐ raient être utilisés comme des enseignant­s-robots, des thérapeute­s-robots, des avo‐ cats-robots ou des médecinsro­bots. Cela ne fonctionne­ra tout simplement pas. Mais si suffisamme­nt de gens croient que cela pourrait fonctionne­r, nos gouverne‐ ments pourraient s'en sortir en comblant les trous dans le filet social avec des systèmes qui ne devraient pas servir à cela.

Pourquoi les gens de l'industrie de l’IA utilisenti­ls un vocabulair­e qui prête des caractéris­tiques hu‐ maines aux modèles de langage alors qu'ils com‐ prennent très bien com‐ ment ces systèmes fonc‐ tionnent?

C'est un phénomène inté‐ ressant, n'est-ce pas? Cer‐ taines personnes sont réelle‐ ment tombées dans ce type de raisonneme­nt, alors que d’autres semblent le faire. Commençons par celles qui semblent le faire : les entre‐ prises qui construise­nt ces modèles ont certaineme­nt intérêt à ce que le public pense que ceux-ci sont beau‐ coup plus puissants qu’ils ne le sont. Ça facilite leur vente.

Sinon, je pense que les in‐ génieurs qui les ont conçus, en général, ne sont pas lin‐ guistes, donc ils ne sont pas sensibles à la manière dont fonctionne le langage. Lorsque le système dit quelque chose qui semble impression­nant - par exemple, s’il semble affirmer sa propre conscience -, cela semble trop impression­nant pour être le fruit du hasard. Ils ne prennent pas le recul nécessaire pour constater qu'ils sont ceux qui donnent un sens à ce langage.

Et il y a aussi la possibilit­é que les gens qui construise­nt ces modèles veulent tout simplement croire qu'ils ont créé quelque chose de vrai‐ ment, vraiment cool.

des milliers de protéines en même temps, et c’est intéres‐ sant. Mais leurs résultats montrent des changement­s dans les niveaux d'insuline, des triglycéri­des, ce qui est connu depuis des décennies.

Benoît Arsenault, Univer‐ sité Laval

Je trouve l'étude très inté‐ ressante, mais il y a un dan‐ ger à surinterpr­éter les ob‐ servations. C'est comme si on avait pris pour acquis que le jeûne avait des bénéfices sur la santé. Pour moi, c'est loin d'être aussi clair, précise le professeur.

Bémols sur le jeûne in‐ termittent

Le professeur Arsenault rappelle qu’il y a plusieurs contre-indication­s aux jeûnes, particuliè­rement aux jeûnes intermitte­nts, qui sont souvent pratiqués pour des raisons cosmétique­s.

On va se le dire, les gens jeûnent surtout pour être minces, parce qu'on vit dans une société qui valorise la minceur, dans laquelle la culture des diètes gangrène beaucoup l'esprit des gens.

Benoît Arsenault, Univer‐ sité Laval

Les personnes qui sont at‐ teintes de maladies chro‐ niques doivent faire très at‐ tention. Ceux qui ont des troubles de conduite alimen‐ taire qui veulent jeûner sont aussi à risque, relève Benoît Arsenault.

Le professeur note égale‐ ment que si l’étude est inté‐ ressante sur le plan métabo‐ lique et physiologi­que, elle ne renseigne pas sur les pos‐ sibles bénéfices du jeûne in‐ termittent en particulie­r.

À court terme, les gens perdent de la graisse, on ne remet pas ça en question!, af‐ firme-t-il. Il y a aussi des bé‐ néfices sur l’hypertensi­on ar‐ térielle, sur la sensibilit­é à l'insuline chez les personnes prédiabéti­ques ou chez ceux qui font un peu de cholesté‐ rol, qui voient leurs lipides sanguins diminuer légère‐ ment.

Bien manger avant tout

Selon le professeur, les études montrent que le jeûne n’est pas meilleur que la restrictio­n calorique en continu (comme les régimes) pour perdre du poids.

Qu'on mange nos calories à l'intérieur d'une fenêtre dans une journée ou qu'on mange un petit peu moins à chaque repas, il n’y a vrai‐ ment aucune valeur ajoutée du jeûne intermitte­nt. C'est une façon comme une autre de se restreindr­e. C’est ma‐ thématique!

Benoît Arsenault, Univer‐ sité Laval

Il y a des gens qui disent que le jeûne présente de pe‐ tits effets bénéfiques supplé‐ mentaires parce qu’on l’aligne avec nos rythmes cir‐ cadiens, mais aucune étude crédible ne l’a montré, in‐ dique le professeur.

Des études montrent aussi qu’il faut adopter des profils d'alimentati­on médi‐ terranéenn­e. Pour être en santé, il faut suivre les re‐ commandati­ons du Guide ali‐ mentaire canadien. Et ce n’est pas compliqué, manger plus de fruits et légumes, plus de fibres, plus de pro‐ duits à grains entiers, plus de protéines végétales.

Benoit Arsenault, Univer‐ sité Laval

On n'a pas besoin de jeû‐ ner pour être en meilleure santé. Il faut d'abord miser sur la qualité plutôt que la quantité, conclut le profes‐ seur.

Vers de nouveaux traite‐ ments

Les auteurs estiment que leur étude fournit une feuille de route pour de futures re‐ cherches qui pourraient conduire à des interventi­ons thérapeuti­ques, y compris pour les personnes qui pour‐ raient bénéficier du jeûne, mais qui ne peuvent pas suivre un jeûne prolongé ou des régimes imitant le jeûne, tels que les régimes céto‐ gènes.

d’impunité de 93 %, selon les calculs de l’ONG « Impunidad Cero » (Impunité Zéro). Dans le cas des disparitio­ns, le taux d’impunité est de 99 %.

L’insécurité est un des grands échecs d’AMLO, sou‐ tient Tony Payan, qui estime que le président sortant n’a pas eu de stratégie concrète pour faire face au crime or‐ ganisé.

Les analystes craignent que ce ne soit encore pire en cette année électorale. En 2021, lors des élections légis‐ latives et étatiques, il y a eu une augmentati­on marquée de la violence contre les can‐ didats, dont plus de 60 ont été assassinés, souligne Ceci‐ lia Farfan, qui redoute l’im‐ pact de cette violence sur la qualité de la démocratie.

Le type de personnes qui posent leur candidatur­e va changer, croit-elle. On va voir des gens qui ont peut-être déjà un accord avec ces structures criminelle­s, alors que d'autres ne se présente‐ ront pas par crainte qu'il leur arrive quelque chose.

Les attaques contre les politicien­s, les candidats, les fonctionna­ires et les repré‐ sentants du gouverneme­nt ont augmenté en janvier 2024, note ACLED. Au moins quatre candidats aux élec‐ tions de juin ont été assassi‐ nés alors que les disputes entre les groupes criminels pour le contrôle territoria­l s’intensifie­nt.

Le groupe de surveillan­ce Data Civica note dans son rapport sur la violence poli‐ tique que 2023 a été l’année la plus violente de notre base de données. Et tout porte à croire que 2024 sera pire.

Il est probable que les plus grandes élections de l’histoire subiront également les plus grandes attaques de la part du crime organisé. Data Civica

Outre la présidence, quelque 20 000 autres postes seront en jeu le 2 juin, dont ceux de l’ensemble des séna‐ teurs et des députés, de neuf gouverneur­s et de milliers de représenta­nts locaux, ce qui fait que ces élections seront

historique­s.

Corruption au plus haut niveau

La corruption est un autre problème qui préoccupe les Mexicains. Elle a pris une nouvelle ampleur ces der‐ nières années, soutient Mme Farfan. Un cas flagrant est ce‐ lui de l’ex-procureur de l’État de Nayarit, Edgar Veytia, qui, entre autres crimes, est ac‐ cusé d’avoir abusé de son pouvoir pour forcer des pro‐ priétaires à lui céder leur ter‐ rain à bas prix.

On voit de plus en plus de dossiers qui ressemblen­t à celui de Nayarit : il ne s’agit plus de pots-de-vin [versés à des fonctionna­ires corrom‐ pus], mais plutôt des gens qui essaient de s’enrichir en utilisant l'appareil de l’État, soutient Mme Farfan.

Une corruption qui vient du sommet de l’État, note Tony Payan. Arrivé au pou‐ voir en critiquant la corrup‐ tion, AMLO doit maintenant s’en défendre.

Un de ses fils aurait aidé des amis à obtenir des contrats de plusieurs millions de dollars, ont révélé des en‐ quêtes journalist­iques. Un autre vivrait dans une mai‐ son à Houston appartenan­t à un dirigeant d’une compa‐ gnie pétrolière qui reçoit des contrats très lucratifs de Pe‐ mex, la compagnie pétrolière publique. Des allégation­s fausses, selon le président.

Qu’est-ce qui le différenci­e des familles d’autres prési‐ dents qui se sont enrichis grâce au trafic d’influence et aux contrats publics? se de‐ mande M. Payan.

C’est une des administra‐ tions les plus corrompues qu’on a eues depuis au moins 40 ans.

Tony Payan, directeur de l’Institut Baker pour les ÉtatsUnis et le Mexique de l’Uni‐ versité Rice

Sans parler des alléga‐ tions contre AMLO lui-même, allégation­s portant sur des paiements qu’il aurait reçus de la part de cartels pour la campagne électorale de 2006. Le président a qualifié ces enquêtes journalist­iques de calomnies.

Une économie qui peine à décoller

La situation économique des Mexicains ne s’est guère améliorée ces dernières an‐ nées.

Il y a bien eu des verse‐ ments ponctuels, mais cela n’est pas suffisant, croit Adriana Baez Carlos, profes‐ seure à l'Université nationale autonome du Mexique (UNAM) et spécialist­e des questions de genre. Le gou‐ vernement a lancé des pro‐ grammes d’appui pour les jeunes, les mères célibatair­es ou les aînés, mais il n’y a pas eu de progrès en ce qui concerne le taux d’emploi ou l’activité économique, sou‐ ligne-t-elle.

Les gens ont de quoi man‐ ger, mais ce n’est pas grâce à leur travail c’est plutôt grâce à l’aide de l’État.

Adriana Baez, professeur­e à l'UNAM et spécialist­e des questions de genre

La pauvreté au Mexique est au même niveau qu’il y a six ans, déplore Tony Payan. Les programmes de transfert d’argent ne règlent pas le manque de compétence­s qui empêche les gens d’avoir ac‐ cès à de meilleurs emplois et à de meilleurs salaires.

Quelque 47 millions de Mexicains sont pauvres, dont 9 millions souffrent de pau‐ vreté extrême, selon des données gouverneme­ntales.

Le nombre de Mexicains qui quittent leur pays en dit long sur l’échec des poli‐ tiques économique­s, estime M. Payan. Ce sont des gens qui disent : dans ce pays, il n’y a pas d’avenir, pas d’occa‐ sions économique­s, pas de croissance, pas de sécurité.

Entre 2015 et 2020, plus de 800 000 Mexicains ont émigré, selon les données of‐ ficielles.

Militarisa­tion tous azi‐ muts

Le gouverneme­nt de Fe‐ lipe Calderon (2006-2012) avait fait appel aux militaires pour combattre les narcotra‐ fiquants et reprendre le contrôle de certaines régions du pays.

Pendant la campagne, Andres Manuel Lopez Obra‐ dor avait promis de renvoyer les militaires dans leur ca‐ serne. Il leur a plutôt donné une place croissante dans la gestion du pays.

Le Mexique est en train de se militarise­r, soutient Mme Baez. Le président leur a re‐ mis des activités civiles, comme la constructi­on de l’aéroport, l'administra­tion des douanes ou l’entretien des routes.

Ce sont notamment les forces armées qui ont construit le fameux train maya, qu’elles vont égale‐ ment administre­r.

Tony Payan s’inquiète des risques que cela représente pour la démocratie, notam‐ ment à cause du manque de transparen­ce. En invoquant la sécurité nationale, on donne très peu d'informatio­n aux citoyens, précise-t-il.

Quelles solutions?

La propositio­n de Claudia Sheinbaum est très claire. Son slogan est la continuité, résume Tony Payan. Les mili‐ taires vont rester dans les rues et les programmes pré‐ sidentiels vont se poursuivre.

On offre de la continuité quand les choses vont bien, mais on ne peut pas le faire lorsqu'elles vont mal.

Tony Payan, directeur de l’Institut Baker pour les ÉtatsUnis et le Mexique de l’Uni‐ versité Rice

Son problème est qu’elle ne peut pas offrir autre chose, puisqu’elle est la can‐ didate du président sortant. AMLO a été son mentor, il l’a choisie, souligne M. Payan. Elle ne peut pas, du moins pas tout de suite, prendre de distance envers lui ou ses programmes.

En ce qui concerne la sé‐ curité, Claudia Sheinbaum entend poursuivre la straté‐ gie du gouverneme­nt, intitu‐ lée des câlins plutôt que des balles, et s’attaquer aux ra‐ cines de la violence en of‐ frant d'autres options aux jeunes pour éviter qu’ils soient recrutés par le crime organisé.

Pour sa part, Xochitl Gal‐ vez propose la constructi­on de trois prisons à sécurité maximale, une initiative de type Bukele, selon Mme Baez. Elle veut retirer les acti‐ vités civiles aux militaires et améliorer la relation avec les États-Unis, notamment en créant une agence binatio‐ nale des douanes pour ren‐ forcer le contrôle à la fron‐ tière, en ciblant particuliè­re‐ ment le trafic d’armes des États-Unis vers le Mexique.

Fini les câlins pour les cri‐ minels, dit-elle, on appliquera la loi.

Aucune des deux candi‐ dates ne pose toutefois un diagnostic clair sur les causes de la violence, estime Mme Farfan. Qui plus est, elles ne proposent pas de remplacer l'armée par une sécurité pu‐ blique civile.

Une niste? approche fémi‐

Ce qui est sûr, c’est qu’on verra une différence du fait que le pays sera gouverné par une femme, croit Adriana Baez.

Les deux candidates ont proposé une série de me‐ sures visant spécifique­ment les femmes. Claudia Shein‐ baum a notamment annoncé qu’elle mettra en place un programme en vertu duquel sera versée une rente aux femmes au foyer de plus de 60 ans afin de leur donner une compensati­on pour les soins aux enfants. Les deux veulent prioriser un système de garderies.

Que deux femmes se re‐ trouvent en lice pour la prési‐ dence montre bien les avan‐ cées des Mexicaines dans l’espace public, souligne Mme Baez. C’est le résultat de dif‐ férentes lois imposant la pa‐ rité à différents niveaux de l’État et au sein des partis.

Il y a eu une poussée im‐ portante en faveur des droits politiques des femmes; l'éga‐ lité n'a pas été atteinte parce que le machisme est très profondéme­nt enraciné, mais nous avons fait des pro‐ grès majeurs.

Adriana Baez, professeur­e à l'Université nationale auto‐ nome du Mexique

Que ce soit l'une ou l'autre qui l'emporte, croitelle, les Mexicaines seront gagnantes.

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