Ottawa exige une stratégie de protection du caribou d’ici le 1er mai
Ottawa ne reprendra pas les négociations avec le Québec sur les espèces en péril tant que la stratégie de protection de l'habitat du caribou forestier et montagnard ne sera pas déposée. Le ministre fédé‐ ral, Steven Guilbeault, « en‐ courage fortement » la pro‐ vince à lui acheminer le do‐ cument avant le 1er mai.
Les récents reports de l'échéancier par le Québec n'ont visiblement pas plu au gouvernement fédéral. Le Québec devait lui présenter sa stratégie de protection de l'habitat du caribou forestier avant la fin de l'année 2023, puis en février dernier.
Incapable de s'entendre à l'étape des consultations in‐ terministérielles, notamment sur des considérations éco‐ nomiques, le gouvernement Legault a de nouveau relégué l'adoption de la stratégie à plus tard.
Je suis très préoccupé par ces délais supplémentaires compte tenu de la situation extrêmement précaire de cette espèce et de la néces‐ sité de mettre en oeuvre rapi‐ dement des mesures de conservation concrètes et ambitieuses, écrit M. Guil‐ beault dans une lettre en‐ voyée jeudi dernier à Benoit
Charette, ministre québécois de l'Environnement, de la Lutte contre les changements climatiques, de la Faune et des Parcs.
Au plus tard le 1er mai
M. Guilbeault fixe une nouvelle échéance pour le Québec. J'encourage forte‐ ment le gouvernement du Québec à publier sa Stratégie pour les caribous forestiers et montagnards au plus tard le 1er mai, peut-on lire dans la missive dont Radio-Canada a obtenu copie.
Il s'agit d'une première date butoir exigée par Ot‐ tawa en plus d'un an et demi.
À l'été 2022, la province s'était engagée à présenter sa stratégie l'été suivant, soit en juin 2023. Québec devait alors proposer des mesures qui assureraient un taux de perturbation maximal de 35 % dans l'habitat de chacune des hardes de caribous fores‐ tiers et montagnards en sol québécois, une condition fixée par Environnement Ca‐ nada.
La date butoir a cepen‐ dant été éliminée des exi‐ gences fédérales à la suite des feux de forêt historiques de l'été dernier. Le gouverne‐ ment Trudeau avait en effet accepté de donner davan‐ tage de temps au Québec pour lui permettre de calcu‐ ler les impacts des feux sur la possibilité forestière, ainsi que leur incidence sur la stra‐ tégie caribou.
Depuis, le Québec ne fait que reporter.
Négociations rompues
La lettre révèle également que les négociations entre la province et Ottawa sont rom‐ pues concernant le renouvel‐ lement de l'Entente CanadaQuébec pour la protection des espèces en péril. Cette dernière, arrivée à échéance en mars 2022, n'est plus en vigueur.
La réouverture des négo‐ ciations sur un éventuel ac‐ cord de collaboration ne peut avoir lieu tant qu’Environne‐ ment et Changement clima‐ tique Canada n’a pas reçu et évalué la Stratégie, ajoute le ministre Guilbeault.
Cette entente, qui per‐ mettrait des transferts d'ar‐ gent du fédéral vers le Qué‐ bec, vise à établir des objec‐ tifs communs entre les deux gouvernements afin de ré‐ pondre aux exigences de la Loi sur les espèces en péril au Canada.
De 2018 à 2022, la précé‐ dente entente a permis au Québec de recevoir 8,3 mil‐ lions de dollars du gouverne‐ ment fédéral, seulement pour la protection du cari‐ bou.
Décrets
Steven Guilbeault ne ferme toujours pas la porte à une intervention du gouver‐ nement fédéral au Québec pour protéger l'habitat es‐