Les employés d’Airbus Canada à Mirabel se dotent d’un mandat de grève
Les 1300 travailleurs syndi‐ qués spécialisés dans la construction de l’Airbus A220 (anciennement C Se‐ ries) à Mirabel ont rejeté l'offre patronale dans le cadre des négociations sur leur convention collective et se sont dotés d'un vote de grève.
Ce vote de grève fait en sorte que le comité de négo‐ ciation a désormais le pou‐ voir de déclencher une grève générale si l’employeur ne démontre pas davantage d’ouverture aux revendica‐ tions des travailleuses et des travailleurs, mentionne dans un communiqué de presse le syndicat, la section locale 712 de l’Association internatio‐ nale des machinistes et des travailleurs et travailleuses de l’aérospatiale (AIMTA).
Le syndicat indique que plus de 82 % des travailleurs se sont prononcés lors du vote.
Parmi eux, 99,6 % des membres se sont prononcé contre l'offre patronale. Le vote de grève a pour sa part été soutenu par 98,9 % des membres qui ont voté.
Les membres ont été in‐ sultés de voir que les aug‐ mentations proposées ne compensaient même pas la perte du pouvoir d’achat pro‐ voquée par l’inflation des dernières années.
Éric Rancourt, représen‐ tant de l’AIMTA pour le Qué‐ bec
Les hausses de salaire, les primes de quart et d’affecta‐ tion, les vacances, l’horaire de travail, l’obtention de ga‐ ranties d’emploi [ainsi que] le régime de retraite et d’assu‐ rances collectives sont les principaux enjeux de la négo‐ ciation, mentionne le syndi‐ cat.
Celui-ci souligne que l'offre de la direction (10,25 % de hausse de salaire sur trois ans) est trop faible pour com‐ penser la hausse du coût de la vie.
Par courriel, la direction de l'entreprise a dit prendre acte des résultats du vote.
Cette première offre avait été proposée au syndicat à la suite des discussions ou‐ vertes qui ont eu lieu depuis quelques mois et prenait en compte notamment le contexte actuel de l’A220, qui n’a pas encore atteint son seuil de rentabilité. Un porte-parole d'Airbus Airbus ajoute qu'il s'agit d'une étape dans les négocia‐ tions et dit souhaiter conti‐ nuer le dialogue constructif qui s’est amorcé au cours des derniers mois afin que nous puissions, ensemble, trouver un accord qui convienne aux deux parties, tout en veillant au succès à long terme de l’A220.
Les deux parties poursui‐ vront leurs discussions à la table de négociation lundi.
Même si le syndicat a dé‐ sormais le pouvoir de déclen‐ cher une grève, il n'en est pas encore là, a indiqué M. Ran‐ court.
Ce qu'on va faire, dès de‐ main matin [lundi], c'est éta‐ blir des moyens de pression à l'intérieur de l'usine, pour ralentir la production, entre autres, a-t-il dit, sans vouloir divulguer plus de détails.
La convention collective des travailleurs de Mirabel est venue à échéance le 1er décembre 2023, et les discus‐ sions avec la partie patronale se sont amorcées en no‐ vembre dernier.
Mauvaise nouvelle pour Airbus
Cette nouvelle survient à un mauvais moment pour Airbus Canada, qui mise sur une accélération de la ca‐ dence de production pour être capable de passer gra‐ duellement de 6 à 14 appa‐ reils assemblés chaque mois d'ici 2026.
Cette hausse de la ca‐ dence implique du recrute‐ ment et surtout l'engage‐ ment des travailleurs, sou‐ ligne M. Rancourt.
Les délais de livraison s’étirent actuellement jusqu’à la fin de la décennie pour les avions monocouloirs (dont le A220) et jusqu’en 2028 pour les longs-courriers, comme le A320, précisait il y a un mois à Radio-Canada Christian Scherer, patron d'Airbus Avions commerciaux.
En 2023, le chiffre d’af‐ faires d’Airbus a progressé de 11 % pour atteindre 65,4 mil‐ liards d’euros (95 G$ CA). La division Avions commerciaux, qui a progressé de 15 %, a généré près des trois quarts des revenus et 78 % du béné‐ fice d'exploitation de l’entre‐ prise.