Une nouvelle appli pour les femmes qui n’aiment pas aller chez le mécanicien
Beaucoup de propriétaires de voiture ont des anec‐ dotes selon lesquelles des mécaniciens ont tenté de leur en passer une petite vite. Or, l'idée d'emmener leur voiture chez le mécani‐ cien peut être une source d'anxiété pour bien des femmes, selon Stefanie Bruinsma, ingénieure en mécanique. La perception d'un environnement do‐ miné par les hommes peut les amener à se sentir inti‐ midées et vulnérables, ditelle.
C’est pour cette raison qu’elle a décidé de lancer une application mobile pour per‐ mettre aux femmes qui n’aiment pas aller chez le mé‐ canicien de poser des ques‐ tions à d’autres femmes ex‐ pertes en mécanique.
Mme Bruinsma, de Kitche‐ ner en Ontario, a lancé en mode bêta l’application Auto‐ Cate. Elle dit souhaiter offrir aux femmes un soutien com‐ parable à celui d'une grande soeur qui s’y connaît en mé‐ canique.
J'ai six soeurs aînées. Elles sont adorables et mer‐ veilleuses, mais aucune d'entre elles n'est mécani‐ cienne. Bien sûr, lorsqu'elles ont un problème, elles m'ap‐ pellent. Je me suis donc de‐ mandé comment rendre cette petite ou grande soeur plus accessible à tous ceux qui ont le même problème.
La plateforme met en re‐ lation les propriétaires de voitures avec des expertes automobiles pour des consultations éducatives et des conseils avant qu'elles ne prennent des décisions concernant leur véhicule.
Les membres d'AutoCate peuvent s'abonner à un ser‐ vice mensuel pour accéder à des expertes par téléphone ou par vidéoconférence. Ces expertes peuvent les aider à :
Comprendre les voyants d'avertissement et les codes d'erreur Déterminer l'ur‐ gence d'une réparation Obte‐ nir des estimations de prix pour différents services Po‐ ser des questions et obtenir des conseils sur l'entretien de leur véhicule
Les membres ne pourront pas faire réparer leur voiture par l'intermédiaire de la pla‐ teforme, mais les experts mis à leur disposition veilleront à ce qu'ils n'aient pas à suivre le processus seuls.
Imaginez quelque chose qui s'apparente à la télé‐ santé. Vous avez quelqu'un que vous pouvez appeler et qui peut rapidement faire le tri, explique Mme Bruinsma.
Brittany Blake, résidente de Kitchener et propriétaire d'une voiture, reconnaît l'uti‐ lité d'un tel service.
C'est un peu ironique parce que mon frère a tou‐ jours été très doué pour tout ce qui touche à l'automobile, si bien qu'il est maintenant mécanicien diesel. Mais à chaque fois que j'allais faire vérifier ou réparer un véhi‐ cule, j'étais angoissée et je ne savais jamais vraiment de quoi il s'agissait ni pourquoi j'étais angoissée, dit-elle.
Elle attribue ces senti‐ ments à un manque de confiance dans les connais‐ sances du mécanicien.
Je ne sais toujours pas quand les choses doivent être réparées, mais j'ai com‐ mencé à trouver des mécani‐ ciens en qui j'avais confiance, explique Mme Blake.
L'un d'eux était un bon ami et il m'emmenait dans le garage pour me montrer et m'apprendre sous la voiture à quoi cela ressemblait et de quoi il parlait.
Mme Bruinsma espère qu'AutoCate contribuera à changer la donne dans l'in‐ dustrie automobile en offrant aux femmes les outils et les ressources dont elles ont be‐ soin pour se sentir plus à l'aise et en confiance.
Lorsque quelqu'un entre dans un atelier de méca‐ nique, je pense qu'il est de la responsabilité de cet atelier d'éduquer les gens et ce n'est tout simplement pas ainsi que l'industrie a fonctionné. Le secteur n'est pas conçu pour enseigner et éduquer les gens sur leur propre véhi‐ cule. Je pense donc que c'est là que l'industrie a des la‐ cunes en matière de services.
L'inspiration derrière Au‐ toCate est née des propres expériences de Mme Bruinsma en tant que femme dans l'industrie automobile.
Dès le début de sa car‐ rière, des propriétaires de ga‐ rage m'ont regardée et m'ont dit : "Je n'engage pas de filles", ou : "Si je t'engageais, tu serais une distraction pour les autres gars du garage". Elle désire donc contribuer à faire bouger les choses.
Nous ciblons les femmes, mais notre plateforme est bien sûr ouverte à tous, ajoute-t-elle.
AutoCate est encore en phase de développement, mais Mme Bruinsma est convaincue que son service a le potentiel de révolutionner l'expérience des femmes dans l'industrie automobile.
Avec les informations de Karis Mapp de CBC
dangereux.
Thomas Burelli, profes‐ seur de droit au Départe‐ ment de droit civil de l’Uni‐ versité d’Ottawa
Selon le site spécialisé 404 Media, le premier à avoir rap‐ porté la nouvelle, deux de‐ mandes de retrait ont été émises en janvier contre des versions non officielles du jeu en coréen et en bos‐ niaque. Au début de mars, une nouvelle demande a été acheminée au jeu Wirdle, en shetland, un dialecte écos‐ sais menacé.
Le nerf de la guerre est toutefois Reactle, ce clone de Wordle créé avant le rachat du jeu par le NYT, dont le programme est offert en ac‐ cès libre sur le site GitHub. Son code a été copié près de 2000 fois, selon les données de GitHub, permettant la naissance de nombreux déri‐ vés du jeu de lettres. Reactle a depuis été débranché.
Au Canada, le linguiste et développeur Aidan Pine, créateur du jeu Not Wordle : Gitksan, qui met en valeur le gitxsanimx, une langue au‐ tochtone parlée en Colom‐ bie-Britannique, affirme avoir reçu un avis. J'ai apporté quelques modifications au code et je l'ai soumis à Gi‐ tHub pour un examen, mais je n'ai pas encore reçu de ré‐ ponse à ce sujet, mentionnet-il.
Je serais extrêmement dé‐ çu, et de nombreuses per‐ sonnes de la communauté mondiale de revitalisation des langues aussi, si le NYT décidait d'exercer son droit d'auteur en interdisant les jeux à but non lucratif en langues autochtones, sans proposer de solutions de re‐ change.
Aidan Pine
Le [New York] Times a in‐ tenté une action contre un utilisateur de GitHub et d'autres personnes qui ont partagé son code pour dé‐ fendre ses droits de pro‐ priété intellectuelle de Wordle, a expliqué à RadioCanada Jordan Cohen, direc‐ teur des communications du New York Times.
L'utilisateur de GitHub a créé un projet de clone de Wordle qui expliquait aux autres comment créer une version contrefaite du jeu, comportant de nombreux éléments protégés par le droit d'auteur.
Jordan Cohen, directeur des communications du New York Times
En conséquence, des cen‐ taines de sites web ont com‐ mencé à apparaître avec des jeux contrefaits qui utilisent la marque Wordle sans auto‐ risation ou permission. Gi‐ tHub a offert à l'utilisateur la possibilité de modifier son code et de supprimer les ré‐ férences à Wordle, mais il a refusé, a ajouté le porte-pa‐ role par courriel.
Le NYT affirme ne pas voir d'inconvénient à ce que des personnes créent des jeux de mots semblables qui n'en‐ freignent pas les marques déposées Wordle du [New York]Times ou les droits d'au‐ teur du jeu.
Selon Thomas Burelli, le NYT jouit de son statut de Goliath contre David dans sa démarche « agressive ». Tu peux prendre le risque de leur dire "non, j’ai le droit, je ne suis pas en train de violer des droits d’auteur". Ça pour‐ rait toutefois finir en pour‐ suite judiciaire, et les gens sont trop petits pour pouvoir se battre, dit M. Burelli.
Ces situations se négo‐ cient souvent en coulisses, à coup de menaces. Mais peu de décisions de justice ont été rendues.
Thomas Burelli, profes‐ seur de droit à l'Université d'Ottawa
La Presse et Louan Beng‐ mah ont affirmé à Radio-Ca‐ nada ne pas avoir reçu de communications du New York Times. Mais ça ne sau‐ rait tarder, croit Thomas Bu‐ relli.
Ce spécialiste de droit du jeu vidéo affirme que La Presse fait erreur en repre‐ nant le design du jeu. Ça va de soi que tu ne peux pas faire ça. C’est vraiment une copie : même grille, mêmes couleurs, mêmes instruc‐ tions. Il faut modifier. Seul le mot Wordle y est absent, bien qu’on y mentionne que Le mot est comme le popu‐ laire jeu du New York Times.
À partir du moment où l’on copie votre oeuvre, on peut demander d’arrêter cet usage, peu importe si la co‐ pie a été créée avant ou après un rachat.
Thomas Burelli, profes‐ seur de droit civil à l'Univer‐ sité d'Ottawa
Michaël Majeau, le direc‐ teur des communications et de l’image de marque du quotidien montréalais, af‐ firme que la version du jeu de La Presse, accessible gra‐ tuitement à son lectorat, a été développée par [ses] équipes internes en respec‐ tant la législation canadienne encadrant le droit d’auteur.
Louan Bengmah, dont le jeu compte plusieurs millions d’adeptes, affirme qu’il ferait en sorte de garder une ver‐ sion intacte du jeu, s’il rece‐ vait une demande de retrait en provenance du quotidien américain.
Le développeur français souligne que plusieurs créa‐ teurs de clones de Wordle n’en touchent pas un sou. Il a lui-même refusé des proposi‐ tions publicitaires qui lui au‐ raient permis de rentabiliser sa version du jeu, mais il croit en l’Internet libre, gratuit, et sans publicité. En revanche, La Presse tire des revenus publicitaires placés à l’ouver‐ ture de la section des jeux, selon le directeur des com‐ munications et de l’image de marque de La Presse.
Je trouve ça dommage que le NYT attaque les clones de Wordle [...] Le nombre de variantes créatives de ce jeu est une force. S'y attaquer, c'est faire du mal au concept qui a réjoui Internet en 2022, soutient M. Bengmah.
Un outil de préservation des langues
Pour Fabio Scetti, profes‐ seur en linguistique à l’Uni‐ versité du Québec à Trois-Ri‐ vières (UQTR) spécialisé no‐ tamment dans les langues en contexte minoritaire, le New York Times aurait tout intérêt à créer des ponts avec ces clones de Wordle, afin d’aider à la préservation des langues.
Accueillir les clones de Wordle plutôt que de les at‐ taquer, ça permettrait au New York Times de s’ouvrir à des langues minoritaires, et de gagner un plus grand pu‐ blic.
Fabio Scetti, professeur en linguistique à l’Université du Québec à Trois-Rivières
Le chercheur, qui a no‐ tamment créé une commu‐ nauté Facebook portant sur le Valoc, une langue gallo-ita‐ lique parlée par quelque 1000 personnes au nord de l’Italie, peut en témoigner : Le web apporte une certaine ouverture, un [nouveau souffle] à certaines langues. Et contrairement à Facebook, dont le public est plus âgé, le jeu a le potentiel de joindre les plus jeunes.
Il cite Duolingo en exemple. Au début, c’était très anglophone. Tu appre‐ nais une autre langue, mais toujours à partir de l’anglais. Maintenant, tu peux ap‐ prendre le grec à partir du français. Tu as plein d’autres options. Ça crée beaucoup de ponts entre d’autres langues, souligne-t-il.
[De s’ouvrir ainsi] permet‐ trait à Wordle de garder sa [notoriété], et d’être relancé, peut-être.
Fabio Scetti, professeur en linguistique à l’Université du Québec à Trois-Rivières
Mais le poids de la préser‐ vation des langues ne peut toutefois pas reposer sur un seul jeu. On voit que la so‐ ciété contemporaine n’est pas nécessairement prête à soutenir ces langues. Il n’y a pas de politiques linguis‐ tiques ni de règles pour pré‐ venir leur disparition, dit le chercheur.
Thomas Burelli souligne que le NYT pourrait octroyer dans le futur des licences de Wordle en d’autres langues.
de conscience et, d'autre part, de choses comme l'in‐ telligence ou la compré‐ hension?
Ce sont tous des concepts différents et mal définis. Si nous voulons parler de com‐ préhension, nous devons la définir : dans mon travail uni‐ versitaire, je définis la com‐ préhension du langage comme la mise en corres‐ pondance entre le langage et des concepts à l'extérieur du langage.
Une grande partie du tour de passe-passe des grands modèles de langage, c'est que tout n’est que du lan‐ gage. Quand le modèle semble comprendre, en réa‐ lité, c'est la personne qui l'uti‐ lise qui fait tout le travail de compréhension et tout le tra‐ vail de création de sens.
Lorsqu'on entre du texte dans un grand modèle de langage et que du texte en ressort, on donne du sens à ce texte de la même manière qu'on donne du sens à un texte provenant d'une per‐ sonne : on s’imagine un es‐ prit doté d’une intention communicative à l'origine de ce texte.
Lorsqu'il s'agit d'une autre personne, ce n'est pas faux d'imaginer un esprit. On pourrait se tromper quant à son intention communica‐ tive, mais souvent, nous sommes assez bons pour la deviner correctement. Lors‐ qu’il s'agit d'un grand modèle de langage, il n'y a pas du tout d'esprit, donc nous créons nous-mêmes cette compréhension.
Cet article a initialement été publié dans l'édition du 9 mars de l'infolettre des Dé‐ crypteurs. Pour obtenir des contenus exclusifs comme celui-ci ainsi que des ana‐ lyses sur tout ce qui touche la désinformation web, abon‐ nez-vous en cliquant ici.
Vous avez inventé le terme « perroquet stochas‐ tique » pour décrire les grands modèles de lan‐ gage. Pouvez-vous expli‐ quer ce que cela signifie?
Dans l'expression « perro‐ quet stochastique », le mot « perroquet » fait référence au verbe parroting en anglais, qui signifie « répéter sans comprendre ». Le but ici n’est pas d’insulter les perroquets, qui sont de merveilleuses créatures avec leur propre vie intérieure! (Rires)
« Stochastique » signifie « aléatoire », selon un calcul de probabilités. Ainsi, lorsque les grands modèles de lan‐ gage sont utilisés pour pro‐ duire du texte, nous les utili‐ sons pour distribuer les mots les plus probables dans une situation donnée pour en‐ suite les choisir aléatoire‐ ment. Mais tous les mots n'ont pas une chance égale d’être choisis : certains sont plus susceptibles de sortir que d’autres.
Qu'y a-t-il de dangereux ou de risqué dans le fait de croire que les grands mo‐ dèles de langage sont conscients?
Sur le plan individuel, si nous tombons dans l'idée se‐ lon laquelle les modèles de langage pensent, raisonnent, sont conscients, ont des idées et ont accès à beau‐ coup d'informations, nous nous prédisposons à voir de mauvaises informations comme s'il s'agissait de bonnes informations, et cela peut être nuisible. Imaginez quelqu'un qui demande des conseils médicaux à ChatGPT et qui suit ces conseils ou quelqu’un qui suit une re‐ cette générée par l’IA qui af‐ firme que du poulet doit être cuit saignant.
Sur le plan sociétal, nous voyons beaucoup de sugges‐ tions selon lesquelles les ro‐ bots conversationnels pour‐ raient être utilisés comme des enseignants-robots, des thérapeutes-robots, des avo‐ cats-robots ou des médecinsrobots. Cela ne fonctionnera tout simplement pas. Mais si suffisamment de gens croient que cela pourrait fonctionner, nos gouverne‐ ments pourraient s'en sortir en comblant les trous dans le filet social avec des systèmes qui ne devraient pas servir à cela.
Pourquoi les gens de l'industrie de l’IA utilisentils un vocabulaire qui prête des caractéristiques hu‐ maines aux modèles de langage alors qu'ils com‐ prennent très bien com‐ ment ces systèmes fonc‐ tionnent?
C'est un phénomène inté‐ ressant, n'est-ce pas? Cer‐ taines personnes sont réelle‐ ment tombées dans ce type de raisonnement, alors que d’autres semblent le faire. Commençons par celles qui semblent le faire : les entre‐ prises qui construisent ces modèles ont certainement intérêt à ce que le public pense que ceux-ci sont beau‐ coup plus puissants qu’ils ne le sont. Ça facilite leur vente.
Sinon, je pense que les in‐ génieurs qui les ont conçus, en général, ne sont pas lin‐ guistes, donc ils ne sont pas sensibles à la manière dont fonctionne le langage. Lorsque le système dit quelque chose qui semble impressionnant - par exemple, s’il semble affirmer sa propre conscience -, cela semble trop impressionnant pour être le fruit du hasard. Ils ne prennent pas le recul nécessaire pour constater qu'ils sont ceux qui donnent un sens à ce langage.
Et il y a aussi la possibilité que les gens qui construisent ces modèles veulent tout simplement croire qu'ils ont créé quelque chose de vrai‐ ment, vraiment cool.