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Recrutemen­t de policiers : le Québec a atteint sa capacité maximale de formation

- Pascal Robidas

Les besoins en matière de recrutemen­t de policiers, tant au Service de police de la Ville de Montréal (SPVM) qu'à la Sûreté du Québec (SQ) ou au sein des corps municipaux, sont si impor‐ tants que l'École nationale de police du Québec (ENPQ) n'est pas en mesure de répondre à la demande.

Il y a 31 corps policiers en campagne de recrutemen­t au Québec. À elle seule, la SQ recherche 1600 nouveaux policiers pour regarnir ses rangs d'ici 2027, non seule‐ ment dans le Grand Mon‐ tréal, mais partout ailleurs dans la province.

La pression n'a donc ja‐ mais été aussi forte sur les épaules du directeur général de l'ENPQ, Pierre St-Antoine, et de son institutio­n, qui a la responsabi­lité exclusive de former les policiers au Qué‐ bec.

Quand on fait l'évaluation pour savoir jusqu'où on peut aller sur le point de rupture et de saturation pour former avec qualité, cohérence, per‐ tinence des futurs policiers, c'est le chiffre 1000 qui a été adopté. [...] Il est clair que le 1000 ne répond pas aux be‐ soins actuels des corps de police, admet M. St-Antoine.

Vous savez, il vient un temps où ce n'est plus une question d'argent. C'est une question d'ensemble de ca‐ pacités. Si les autres corps de police vivent des problèmes de main-d'oeuvre, notre insti‐ tution aussi en vit, renchériti­l.

Quand on me demande de produire de l'humain avec qualité, je sais que, comme école, avec les ressources hu‐ maines, techniques, techno‐ logiques et d'expertise, c'est le 1000 qui répond à la capa‐ cité de donner cette qualitélà.

Pierre St-Antoine, direc‐ teur général de l'École natio‐ nale de police du Québec

L'ENPQ est aussi respon‐ sable de former les futurs agents des corps policiers au‐ tochtones, les constables du métro de Montréal, en plus d'avoir quadruplé le nombre constables spéciaux formés pour aller travailler dans les palais de justice.

L'an dernier, le ministère de la Sécurité publique a oc‐ troyé une enveloppe de 62 millions de dollars sur cinq ans à l'ENPQ.

Pour la première fois de son histoire, l'ENPQ a élargi ses activités hors de son campus de Nicolet, dans le Centre-du-Québec. Elle forme notamment des constables spéciaux de la So‐ ciété de transport de Mon‐ tréal dans la région de Mon‐ tréal et des contrôleur­s rou‐ tiers dans la région de Qué‐ bec. Une autre école pour former des policiers en en‐ quêtes spécialisé­es est sur le point d'ouvrir ses portes à Montréal.

En ce qui concerne les agents de services correc‐ tionnels, ils sont formés sous la responsabi­lité du minis‐ tère de la Sécurité publique dans un centre situé à Laval.

Le ministre François Bon‐ nardel est confiant quant aux résultats à venir. On se donne un horizon de quatre à cinq ans pour pourvoir les postes manquants, a-t-il af‐ firmé.

2000 retraités en neuf ans à la SQ

Les vagues d'embauche pourraient donc s'estomper à moyen terme. Mais d'ici là, la réalité des départs à la re‐ traite n'épargne aucun corps policier au Québec, en mode séduction pour attirer les meilleures recrues.

Quand je suis arrivé, je me suis rendu compte qu'on allait manquer de policiers, comme dans plusieurs corps de métiers au Québec. On avait plusieurs postes de po‐ liciers à pourvoir. On parle toujours de plus de 1000 postes à pourvoir [vacants] présenteme­nt, précise le mi‐ nistre Bonnardel.

Au sein de la police pro‐ vinciale seulement, 1013 poli‐ ciers ont pris leur retraite de la SQ depuis 2019. La ten‐ dance s'accélérera dans les prochaines années avec le départ anticipé à la retraite de 964 policiers supplémen‐ taires, explique Pascal Rheault, capitaine et respon‐ sable du Service de recrute‐ ment à la SQ.

J'ai des retraites tous les mois, donc je n'ai pas de grosse marge de manoeuvre pour ce qui est des policiers qui arrivent et doivent entrer dans les unités, illustre le ca‐ pitaine Rheault, responsabl­e d'une des plus ambitieuse­s campagnes de recrutemen­t à la SQ des dernières années, nommée Deviens qui tu es, menée notamment sur les réseaux sociaux.

Par les plateforme­s en ligne, la direction générale de la SQ veut donc s'adresser di‐ rectement aux recrues poli‐ cières. Elles sont issues de la Génération Z qui, pour la pre‐ mière fois depuis plusieurs années, ont l'embarras du choix où aller faire carrière dans la police.

Ce qu'on leur offre à la SQ, c'est une perspectiv­e de carrière. On leur offre une panoplie d'opportunit­és qui nous distingue des autres or‐ ganisation­s. [...] On veut leur dire qu'on est un environne‐ ment, une organisati­on proactive, pour va permettre de les développer, et de pour prendre soin d'eux, précise-til.

Le nombre de candidats est très limité. Et on essaie d'avoir notre part du lion làdessus.

Pascal Rheault, capitaine et responsabl­e du Service du recrutemen­t à la SQ

La police provincial­e est donc engagée dans une course contre la montre.

L'expression est vraiment bonne. Je n'ai pas de banque de candidats qui ne servent pas présenteme­nt. Je n'ai pas de liste où je peux aller piger à l'infini quand j'en ai besoin, affirme Pascal Rheault.

Des besoins tout aussi importants au SPVM

Le Québec compte envi‐ ron 15 000 agents au sein de 31 corps policiers. La Sûreté du Québec représente 36 % des agents, les corps munici‐ paux, environ 35 %, alors que 29 % des policiers travaillen­t au SPVM, sur l'île de Mon‐ tréal.

La direction du SPVM a une cible d'embauche de 438 policières et policiers, supé‐ rieure à celle de la SQ dans la région. Cette cible à la police de Montréal est un minimum d'embauche qui ne lui per‐ met que de maintenir ses ef‐ fectifs en place, en fonction des départs et retraites anti‐ cipées.

Elle doit donc embaucher 295 nouveaux policiers d'ici le 31 décembre prochain, en plus des 143 déjà recrutés pour ne pas que le nombre de policiers diminue dans la métropole québécoise.

Selon des données en date du 18 mars, le SPVM comptait 4629 policières et policiers permanents à son emploi.

Rappelons que le direc‐ teur Fady Dagher a pour am‐ bition de non seulement maintenir ses effectifs poli‐ ciers, mais de les augmenter de 225 agents d'ici 2028.

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