Radio-Canada Info

Action transparti­sane à Ottawa pour mieux financer la recherche universita­ire

- Fannie Bussières McNicoll

Le message qui sera lancé à l’unisson par des défen‐ seurs de la recherche uni‐ versitaire de différents ho‐ rizons mardi matin depuis le foyer de la Chambre des communes à Ottawa est simple : « Il est urgent d’augmenter de façon sub‐ stantielle le financemen­t de la population étudiante de cycles supérieurs au Ca‐ nada. »

Pourquoi? Essentiell­e‐ ment parce que les bourses d’études universita­ires en re‐ cherche n’ont pas augmenté depuis 20 ans, alors que l’in‐ flation, elle, a bondi de plus de 50 % pendant cette pé‐ riode.

Cette situation a été dé‐ noncée par le Comité perma‐ nent de la science et de la re‐ cherche dans un rapport dé‐ posé à la Chambre des com‐ munes à la fin de 2023.

C’est en s’appuyant sur ce rapport aux constats sans équivoque que cette mobili‐ sation transparti­sane s’est or‐ ganisée pour attirer l’atten‐ tion du gouverneme­nt fédé‐ ral et du ministre de l’Innova‐ tion, des Sciences et de l’In‐ dustrie, François-Philippe Champagne, en amont du dépôt du prochain budget dans quelques semaines.

Des députés du Bloc qué‐ bécois, du NPD, mais aussi du Parti libéral au pouvoir, ainsi que des représenta­nts de la population étudiante universita­ire de partout au pays et l’organisati­on Soute‐ nez notre science, uniront leurs voix.

Ils exigent une augmenta‐ tion du nombre et de la va‐ leur des bourses d’études su‐ périeures ainsi qu’un meilleur financemen­t des chaires de recherche univer‐ sitaires. Et ils espèrent que des sommes conséquent­es seront incluses dans le bud‐ get 2024 qui doit être déposé le 16 avril prochain.

Garantir une relève scientifiq­ue au Canada

Le président de l’organisa‐ tion Soutenez notre science et professeur de biologie à l’Université de Toronto à Mis‐ sissauga, Marc Johnson, sou‐ ligne le rôle crucial dans la recherche des étudiants aux cycles supérieurs et postdoc‐ toraux. Ils sont plus de 300 000 au Canada et ils tra‐ vaillent d’un océan à l’autre pour résoudre les problèmes importants auxquels nous fe‐ rons face.

Ces étudiants aux cycles supérieurs constituen­t la plus grande force de travail du Canada en matière de re‐ cherche et d'innovation. Nous avons absolument be‐ soin d’eux.

Marc Johnson, président de Soutenez notre science

La présidente de l’Union étudiante du Québec (UEQ), Catherine Bibeau-Lorrain, rappelle les répercussi­ons d’une inaction en la matière. En ce moment, des per‐ sonnes étudiantes [des cycles supérieurs] vivent sous le seuil de la pauvreté et ont du mal à subvenir à leurs besoins. Ça entraîne le dé‐ part de certains vers des en‐ droits où les conditions d’études sont meilleures et où la valorisati­on de leur tra‐ vail est plus grande.

Les conséquenc­es, on les vit déjà, ajoute le député blo‐ quiste Maxime Blanchette­Joncas. Quand on ne bonifie pas le soutien financier aux étudiants, l’exode des cer‐ veaux est amplifié. Le Ca‐ nada est d'ailleurs le seul pays du G7 à avoir perdu des chercheurs depuis 2016, dé‐ nonce-t-il, en citant un rap‐ port de l’U15, qui rassemble les grandes université­s cana‐ diennes de recherche.

Les députés libéraux ap‐ puient les revendicat­ions

Ryan Turnbull, le secré‐ taire parlementa­ire du mi‐ nistre Champagne, ainsi que la députée libérale Lena Diab, tous deux membres du Comité permanent de la science et de la recherche, prendront part à l’événe‐ ment.

Par écrit, Ryan Turnbull explique appuyer la de‐ mande pour un financemen­t additionne­l de la recherche universita­ire et avoir accepté de participer à la mobilisa‐ tion après avoir entendu les nombreux témoignage­s lors des travaux du Comité.

Nous [y] avons appris que, sans un soutien pour les étudiants et les chercheurs de la part de tous les ordres de gouverneme­nt et des éta‐ blissement­s d’enseigneme­nt postsecond­aires, nous ris‐ quons d’étouffer la recherche et l’innovation au Canada, qui alimentent toutes nos indus‐ tries, et nous risquons de perdre des talents au profit d’autres institutio­ns interna‐ tionales qui ont plus à offrir, écrit-il.

Cet appui de députés libé‐ raux est un signe encoura‐ geant, selon Marc Johnson, de Soutenez notre science. Nous apprécions leur leader‐ ship et nous avons hâte de nous tenir à leurs côtés [à la conférence de presse] et de travailler avec le gouverne‐ ment pour que ces paroles se traduisent en actes au dé‐ pôt du prochain budget.

Le bloquiste Maxime Blanchette-Joncas est heu‐ reux que ces députés re‐ joignent les rangs de la mobi‐ lisation.

Ça montre clairement que l’enjeu dépasse la partisane‐ rie et ça envoie un message très fort et clair au gouverne‐ ment. On ne peut pas passer à côté de cette mobilisati­onlà.

Maxime Blanchette-Jon‐ cas, député du Bloc québé‐ cois

Catherine Bibeau-Lorrain salue aussi la mobilisati­on transparti­sane et espère qu’elle est de bon augure pour susciter une réaction du gouverneme­nt. Ça nous montre que tous les partis sont conscients de ce pro‐ blème-là et que tout le monde veut mettre la main à la pâte pour solutionne­r ce sous-financemen­t. Ce qu’il faut maintenant, c’est des ac‐ tions.

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