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Procès pour fraudes financière­s : Trump incapable d’obtenir une garantie de 455 M$ US

- Sophie-Hélène Lebeuf

À une semaine de l'échéance fixée par la jus‐ tice, les avocats qui repré‐ sentent Donald Trump dans la poursuite civile pour fraudes financière­s au sein de la Trump Organiza‐ tion affirment, dans un do‐ cument déposé en cour lundi, qu'il lui est « prati‐ quement impossible » de fournir la garantie exigée de près d'un demi-milliard de dollars américains.

Ils demandent un sursis de paiement à la division d'appel de la Cour suprême de l'État de New York afin d'empêcher l'État de saisir ses biens, une conséquenc­e juridique à laquelle s'expose Donald Trump s'il ne se conforme pas au jugement.

Fin février, un juge de la cour d'appel avait rejeté cette demande et refusé son offre de garantie de 100 millions de dollars américains, une somme équivalant à moins du tiers de la pénalité, avant intérêts, qui lui a été impo‐ sée.

La requête de suspension de paiement est désormais devant l'ensemble des juges de la cour d'appel.

Les avocats de l'ancien président républicai­n sou‐ tiennent que lui et ses fils aî‐ nés, Donald Trump fils et Eric Trump, eux aussi condamnés pour fraudes financière­s, ont contacté une trentaine de so‐ ciétés de cautionnem­ent par l'intermédia­ire de quatre courtiers distincts.

Les efforts diligents et continus des défendeurs ont prouvé qu'une caution attei‐ gnant le montant total du ju‐ gement est pratiqueme­nt im‐ possible à réunir.

Extrait d'un document dé‐ posé en cour par les avocats de Donald Trump

L'un des plus grands défis est non seulement l'incapa‐ cité et la réticence de la grande majorité des sociétés de cautionnem­ent à fournir une garantie pour cette somme sans précédent, mais aussi, et de façon encore plus importante, la réticence de tous les fournisseu­rs de cau‐ tionnement contactés par les défendeurs à accepter des biens immobilier­s en garan‐ tie, stipulent-ils.

M. Trump a dénoncé dans un communiqué lundi soir une chasse aux sorcières et dénoncé une amende anti‐ constituti­onnelle, antiaméri‐ caine, sans précédent et pra‐ tiquement impossible pour N'IMPORTE QUELLE entre‐ prise, y compris une entre‐ prise aussi prospère que la mienne.

Il y a un mois, l'ancien pré‐ sident américain, qui veut re‐ conquérir la Maison-Blanche, a été condamné à payer 354,9 millions de dollars américains, plus des intérêts avoisinant les 100 millions, pour avoir frauduleus­ement surestimé la valeur nette de ses avoirs dans le but de tromper ses créanciers. Do‐ nald Trump fils et Eric Trump ont pour leur part été condamnés à verser une somme globale d'environ 4 millions chacun.

L'officialis­ation de la pro‐ cédure judiciaire a établi l'échéance du paiement ou du dépôt de la garantie au 25 mars.

Selon Reuters, les intérêts augmentero­nt d'environ 114 000 $ US par jour, la majeure partie correspond­ant à la part de Donald Trump, jus‐ qu'à l'acquitteme­nt des péna‐ lités.

Au terme de la poursuite civile intentée par la procu‐ reure générale de l'État de New York, Letitia James, Do‐ nald Trump et ses fils aînés ont été reconnus coupables d'avoir exagéré la valeur nette de leurs avoirs afin d'obtenir de meilleurs taux de prêts bancaires et des conditions d'assurance plus avantageus­es.

La pénalité qui leur a été imposée ne constitue pas une amende, mais corres‐ pond à la valeur estimée de l'argent engrangé grâce au stratagème de fraudes sur une période de dix ans.

Ils ont fait appel de leur condamnati­on.

En entrevue au réseau ABC en février dernier, la procureure générale de l'État de New York a indiqué qu'elle entendait enclencher le mé‐ canisme juridique menant à la saisie des biens de Donald Trump s'il n'avait pas les fonds pour respecter le juge‐ ment, évoquant même l'édi‐ fice emblématiq­ue qui porte son nom.

Nous sommes prêts à faire en sorte que [le mon‐ tant prévu dans] le jugement soit payé aux New-Yorkais, et oui, je regarde le 40, Wall Street tous les jours, a-t-elle dit.

Caution d'appel

À défaut de payer les pé‐ nalités, Donald Trump et ses fils ont la possibilit­é d'obtenir un type de prêt appelé cau‐ tion d’appel, la voie qu'ils ont choisie, mais qu'ils se disent incapables d'obtenir.

Il s'agit d'une garantie de paiement fournie par une ou des sociétés de cautionne‐ ment advenant que le défen‐ deur perde son appel et soit incapable de verser la péna‐ lité. En échange, ce dernier s'engage à fournir à la so‐ ciété des garanties et à lui verser une commission pou‐ vant atteindre, selon le New York Times, 3 % du montant de la caution.

Donald Trump, qui se targue d'avoir une fortune de plusieurs milliards de dollars, en incluant la valeur de ses propriétés et d'autres inves‐ tissements, a déclaré l'an dernier disposer de liquidités totalisant environ 400 mil‐ lions de dollars américains.

Selon le New York Times, la valeur nette de ses biens provient essentiell­ement de ses biens immobilier­s, un type d'avoirs rarement ac‐ cepté en garantie par les so‐ ciétés de cautionnem­ent.

Une garantie offerte dans la cause contre E. Jean Carroll

La semaine dernière, un juge fédéral a approuvé l'offre de garantie présentée par Donald Trump dans un dossier distinct, qui l'oppo‐ sait à l'autrice et chroni‐ queuse E. Jean Carroll. La caution protégera l'ex-pré‐ sident républicai­n, pendant toute la procédure d'appel, de toute tentative de recou‐ vrement de la somme qu'il a été condamné à lui verser.

En début d'année, un tri‐ bunal civil de New York l'a condamné à verser 83,3 mil‐ lions de dollars américains à Mme Carroll pour l'avoir dif‐ famée, sur fond d'accusa‐ tions de viol dans les années 1990.

Donald Trump fait aussi

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