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Élections en Russie : Vladimir Poutine largement réélu président

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Vladimir Poutine, 71 ans, au pouvoir depuis près d'un quart de siècle, a été largement et sans surprise réélu président de la Rus‐ sie, d'après les premiers ré‐ sultats officiels.

Malgré les manifestat­ions symbolique­s de quelques milliers d'opposants à midi devant certains bureaux de vote, le président russe a été réélu avec plus de 87 % des voix, selon un sondage effec‐ tué à la sortie des bureaux de scrutin par le Centre russe de recherche sur l'opinion publique (VCIOM).

Vladimir Poutine obtient ainsi un nouveau mandat de six ans et devrait à terme dé‐ passer en longévité Joseph Staline au Kremlin.

Dans un discours retrans‐ mis à la télévision publique, Poutine a pris la parole et a déclaré que sa réélection prouve que la Russie a choisi la bonne voie, que cela per‐ mettra de consolider la so‐ ciété russe et que son pays sera ainsi plus fort et plus ef‐ ficace. Il a également remer‐ cié les soldats qui se battent en Ukraine et a promis d'at‐ teindre tous ses objectifs après sa réélection.

Le président russe a par ailleurs assuré que la mort en prison de son principal détracteur, Alexeï Navalny, était un événement triste, prononçant ainsi en public le nom de cet opposant, un fait rarissime.

Quant à M. Navalny, il est décédé. Oui, il est décédé, c'est toujours un événement triste, mais nous avons eu d'autres cas où des per‐ sonnes en prison sont décé‐ dées, a déclaré M. Poutine.

Il a également affirmé qu'il avait accepté le principe d'un échange impliquant Alexeï Navalny avant sa mort en détention. La principale condition pour la réalisatio­n de cet échange entre M. Na‐ valny et des Russes empri‐ sonnés dans des pays occi‐ dentaux aurait été que l'op‐ posant ne revienne jamais en Russie, a-t-il précisé.

Qui plus est, il a assuré que les actions de protesta‐ tion à l'appel de l'opposition n'avaient eu aucun effet sur la présidenti­elle, tout en me‐ naçant de poursuites ceux qui ont gâché des bulletins de vote.

La participat­ion a été offi‐ ciellement estimée à 74,22 % à la fermeture des bureaux de vote, soit un taux supé‐ rieur aux 67,5 % du scrutin précédent, en 2018.

Le vote s'est déroulé pen‐ dant trois jours dans les bu‐ reaux de vote répartis sur les 11 fuseaux horaires du plus vaste pays du monde. Le scrutin a commencé ven‐ dredi à 8 h (heure locale) sur la péninsule du Kamtchatka et en Tchoukotka, deux ré‐ gions reculées de l'ExtrêmeOri­ent russe, et s'est achevé dimanche à 20 h à Kalinin‐ grad, une enclave russe fron‐ talière de l'Union euro‐ péenne.

Il s'est également déroulé dans les régions illégaleme­nt annexées de l'Ukraine, en ligne et dans certaines am‐ bassades à travers le monde.

Malgré des contrôles stricts, plusieurs dizaines de cas de vandalisme dans les bureaux de vote ont été si‐ gnalés au cours de la période électorale.

Midi contre Poutine

L'issue du scrutin ne fai‐ sait guère de doute en l'ab‐ sence de rival crédible parmi les trois autres candidats en lice, d'autant que le principal opposant au président russe, Alexeï Navalny, est mort en détention le mois dernier.

Les partisans d'Alexeï Na‐ valny avaient appelé les Russes à un midi contre Pou‐ tine en se rendant tous en milieu de journée dans les bureaux de vote.

Ioulia Navalnaïa, sa veuve, a pour sa part participé à une manifestat­ion devant l'am‐ bassade de Russie à Berlin, en Allemagne, où elle a voté.

J'ai écrit [sur le bulletin de vote] le nom "Navalny" parce qu'il n'est pas possible [...] qu'un mois avant les élec‐ tions, le principal opposant à Poutine, déjà emprisonné, ait été tué, a-t-elle expliqué à la presse après avoir voté.

Il a été impossible d'esti‐ mer de manière indépen‐ dante l'ampleur de la partici‐ pation à cette contestati­on, puisque des dizaines de mil‐ liers de policiers et de membres des forces de l'ordre ont exercé un contrôle strict sur le déroulemen­t du scrutin.

Peu après le dépouille‐ ment des premiers bureaux de vote, l'ex-président russe Dmitri Medvedev a salué di‐ manche la victoire éclatante de Vladimir Poutine.

Dmitri Medvedev est dé‐ sormais le numéro 2 du Conseil de sécurité russe. Il avait occupé la présidence de 2008 à 2012, avec Poutine comme premier ministre, car ce dernier était touché par la limite des mandats.

La Russie a fait son choix, s'est félicitée la cheffe de la Commission électorale, Ella Pamfilova. La télévision d'État a quant à elle souligné le soutien colossal dont bénéfi‐ cie le maître du Kremlin.

De son côté, l'équipe d'Alexeï Navalny a dénoncé le score dimanche, quelques minutes après l'annonce du dépouillem­ent des suffrages d'un quart des bureaux de vote.

Les pourcentag­es inven‐ tés pour Poutine n'ont évi‐ demment aucun rapport avec la réalité. Cela ne vaut pas la peine d'en parler, a ré‐ agi sur Twitter Léonid Volkov, ex-bras droit en exil du dé‐ funt.

Des médias russes indé‐ pendants ont publié des images de bulletins de vote nuls diffusées par des élec‐ teurs, sur lesquels on pouvait lire Tueur et voleur inscrit sur l'un et On vous attend à La Haye sur l'autre, en référence à un mandat d'arrêt émis contre Poutine pour des ac‐ cusations de crimes de guerre liées à sa responsabi‐ lité présumée dans les enlè‐ vements d'enfants en Ukraine.

Pourtant, certaines per‐ sonnes ont déclaré à l'Asso‐ ciated Press qu'elles étaient heureuses de voter pour Poutine. Dmitri Sergienko, qui a voté à Moscou, a dit : Je suis content de tout et je veux que tout continue comme c'est le cas actuelle‐ ment.

Zelensky dénonce un si‐ mulacre

Cette élection s'est dérou‐ lée avec en toile de fond la guerre en Ukraine, ordonnée en février 2022 par Vladimir Poutine avec le lancement d'une opération militaire spé‐ ciale dans ce pays.

En Ukraine, le président Volodymyr Zelensky n'a pas tardé à réagir aux premiers résultats qui ont déclaré Pou‐ tine largement vainqueur. Ces jours-ci, le dictateur russe simule encore une élection. Il est évident pour chacun dans le monde que ce personnage, comme cela s'est déjà souvent produit au cours de l'Histoire, est ivre de pouvoir et fait tout pour gou‐ verner éternellem­ent, a-t-il écrit sur le réseau social X.

Les alliés occidentau­x de l'Ukraine ont eux aussi dé‐ noncé des élections qui n'étaient ni libres ni équi‐ tables.

Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche a fait valoir que Poutine avait empri‐ sonné ses opposants poli‐ tiques et empêché les autres de se présenter contre lui, tandis que le ministère alle‐ mand des Affaires étrangères a affirmé que le régime de

Poutine est autoritair­e [et qu']il repose sur la censure, la répression et la violence.

Dans un message diffusé sur le réseau X, le chef de la diplomatie britanniqu­e, Da‐ vid Cameron, a quant à lui dénoncé l'organisati­on illé‐ gale d'élections sur le terri‐ toire ukrainien, l'absence de choix pour les électeurs et l'absence de contrôle indé‐ pendant de l'Organisati­on pour la sécurité et la coopé‐ ration en Europe.

77 interpella­tions en Russie

Dans l'ensemble, la mobi‐ lisation de l'opposition s'est déroulée dans le calme, mais l'ONG OVD-Info, spécialisé­e dans le suivi de la répression, a fait état d'au moins 77 in‐ terpellati­ons en Russie pour diverses formes d'actions de protestati­on électorale­s.

La porte-parole de la di‐ plomatie russe a quant à elle affirmé que les électeurs qui se sont regroupés en masse aux ambassades russes, comme à Paris, à Londres et à Berlin, n'étaient pas des partisans de l'opposition.

Ils sont venus voter, sai‐ sissant l'occasion que leur pays, la Russie, leur a offerte malgré toutes les menaces de l'Occident, a écrit Maria Zakharova sur Telegram.

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