Les terrasses « cinq étoiles » de Patio Design

Des amas de mauvaises herbes tapissent l’impo‐ sant monticule de terre et de morceaux de métal abandonnés chez Maxime Lafleur. Dans sa cour ar‐ rière, qu’il décrit comme « complètement dévastée » par Patio Design, seules les grenouilles se baignent dans la piscine.

L’image détonne avec les publicités de l’entreprise de Laval, qui se font abondantes à l’approche du printemps et font miroiter des clients sou‐ riants sur des terrasses luxueuses.

Sur le bord de l’autoroute, on voit leurs grosses pan‐ cartes. On entend à la radio qu’ils font de meilleurs patios que ce que ton beau-frère peut faire. En ligne, les avis sont majoritairement bons. Ils vivent sur une réputation qui n'est pas fondée, martèle Maxime Lafleur.

Au printemps 2022, le ré‐ sident de La Prairie signait un contrat d’une valeur de 160 000 $ pour sa cour de rêve, qui comprenait un patio avec une chambre froide au soussol, une piscine creusée et un aménagement en pavé uni. Maxime Lafleur s’engage à verser 85 % de ce montant, soit 140 000 $, dès le début des travaux, en échange d’une promesse alléchante.

Le vendeur nous assurait que le projet serait terminé dans deux ou trois semaines et que le 24 juin, on se bai‐ gnerait, dit-il.

Mais cette promesse ne s’est pas réalisée.

Selon des échanges de courriels avec la municipalité, l’entreprise aurait tardé à soumettre les demandes de permis. Puis des équipes dif‐ férentes de Patio Design se seraient succédé sur le chan‐ tier, critiquant le travail des précédentes, selon Maxime Lafleur.

Une équipe m’a dit : ton patio est déjà en train de faire la banane. Une autre m’a dit : tes murs ne sont pas assez solides, raconte-t-il.

Près de deux ans plus tard, le chantier n’est pas ter‐ miné et ne respecte ni les plans ni les codes du bâti‐ ment, selon un expert em‐ bauché par Maxime Lafleur.

Tout est à refaire. C’est une erreur de débutant, af‐ firme Richard Gervais, ins‐ pecteur en bâtiment et an‐ cien administrateur de l'Ordre des technologues professionnels du Québec.

Patio Design aurait, selon

Richard Gervais, mal nivelé le terrassement, ce qui crée un effet domino : la piscine est trop élevée, l’eau s’accumule sur le pavé uni, et la fonda‐ tion de la chambre froide se trouve au niveau du sol, ce qui cause des infiltrations d’eau.

À cela s'ajoutent d’autres doléances, comme la butte de terre souillée abandonnée sur le terrain.

Patio Design a refusé de nous accorder une entrevue sur le sujet, car l’affaire fait l’objet d’un litige. Mais dans ses communications avec son client, elle nie quel‐ conque malfaçon et rejette le blâme pour les retards dans les travaux, invoquant des modifications aux plans déjà approuvés.

L’entreprise a même dé‐ posé un avis d’hypothèque légale sur la maison de son client pour une partie du solde restant au contrat, soit 13 000 $. On croit qu'ils jouent de l'intimidation, qu'ils essaient de nous épuiser émotivement et financière‐ ment, s’indigne Maxime La‐ fleur.

Une image qui ne colle pas

L’affaire est devant les tri‐ bunaux. Il n’en demeure pas moins que les faits allégués par Maxime Lafleur et l’état de sa cour arrière ne collent pas avec l’image publique de l’entreprise. D’autant plus que d’autres clients de Patio Design nous ont rapporté des insatisfactions similaires.

La facture a donc décidé d’examiner l’entreprise de plus près, en particulier ses avis en ligne.

L’analyse de ses avis Google et Facebook soulève des drapeaux rouges. À titre d’exemple, des dizaines d’avis positifs ont été écrits le même jour, parfois dans la même heure dans le cas de Google, et ce, à de multiples reprises.

Dans la section Avis de la page Facebook de Patio De‐ sign, une soixantaine d’avis élogieux sont tous apparus le 22 février 2023. La facture a découvert que la plupart de ces profils correspondent à des employés, à d’ex-em‐ ployés ou encore à des proches et amis. Or, aucune de ces personnes ne s'identi‐ fiait comme telle.

La facture a aussi extrait plus de 700 avis sur la page