Les primes ne suffiront peut-être pas à retenir les infirmières en milieu rural
Alors que la Colombie-Bri‐ tannique va proposer à partir du 1er avril des inci‐ tations financières pour at‐ tirer des infirmières dans les communautés rurales, des voix se font entendre pour déclarer que cela ne suffit pas.
Christina Rogers, une in‐ firmière autorisée à Terrace, dans le centre ouest de la province, est spécialisée dans le travail et l'accouchement. Elle estime que le manque de ressources dans des commu‐ nautés comme la sienne pourrait décourager cer‐ taines infirmières à déména‐ ger pour y travailler.
Selon elle, le faible nombre de personnes dans son équipe se traduit par un surcroît de travail et de res‐ ponsabilités, ce qui peut en‐ gendrer un stress accru.
Lorsqu'un bébé naît dans un centre de niveau supé‐ rieur, on fait appel à une unité de soins intensifs néo‐ natals pour accompagner l’arrivée du nouveau-né. Ici nous n’en avons pas. Il y a seulement l’infirmière et le médecin ou la sage-femme. Nous nous occupons de la mère, nous nous occupons du bébé, explique Christina Rogers.
L’infirmière a grandi à Ter‐ race et y a le soutien de ses amis et de sa famille. Elle fait remarquer que si les incita‐ tions financières peuvent at‐ tirer de nouvelles infirmières dans les communautés les plus reculées, rien ne garantit que le personnel y restera plus longtemps que les deux ans requis.
Au début du mois, le gou‐ vernement provincial a an‐ noncé l'octroi de 237,6 mil‐ lions de dollars afin d’établir un nouveau ratio infirmièrespatients dans les hôpitaux de la province. Pour y parvenir, le ministère de la Santé a lancé des primes à la signa‐ ture pouvant aller jusqu'à 30 000 $ dans certaines commu‐ nautés rurales et éloignées, en échange d’un engagement de deux ans.
« Le travail de 3 ou 4 personnes »
Clifford Belgica, spécialiste de l'information clinique à la Régie de la santé du Fraser, a travaillé dans divers environ‐ nements de soins de santé, notamment dans des salles d'urgence en Colombie-Bri‐ tannique et aux États-Unis. Il affirme que les incitations peuvent être un attrait ma‐ jeur, mais que cela ne suffit pas.
Est-ce suffisamment at‐ trayant? Je ne sais pas. Aller travailler dans une région éloignée implique beaucoup de responsabilités. Les res‐ sources y sont limitées et vous ferez le travail de trois ou quatre personnes.
Clifford Belgica, spécialiste de l'information clinique, Ré‐ gie de la santé du Fraser
Veena Sriram est profes‐ seure adjointe en politique de santé mondiale à l'Univer‐ sité de la Colombie-Britan‐ nique (UBC). Elle considère que les changements appor‐ tés par la province aux ratios infirmières-patients consti‐ tuent une étape prometteuse pour le maintien des effectifs en milieu rural, mais ajoute que la province devrait égale‐ ment se concentrer sur des questions telles que le loge‐ ment abordable pour aider les infirmières qui décident de déménager.
« Une partie de la solu‐ tion »
Cela doit faire partie d'un ensemble plus large de poli‐ tiques visant à garantir que les professionnels de la santé se sentent en sécurité et sou‐ tenus. Ils doivent sentir que ce sont de bons emplois à occuper, explique-t-elle, ajou‐ tant qu'ils doivent avoir le sentiment de pouvoir construire une vie sur le long terme dans ces communau‐ tés.
Shirley Bond, députée provinciale du parti BC Uni‐ ted, pense que l'épuisement professionnel et les environ‐ nements de travail dange‐ reux sont des facteurs qui doivent également être pris en compte.
Les incitations financières sont une partie de la solution pour attirer les gens dans les régions rurales. Mais je peux vous dire que nous devons nous attaquer à des pro‐ blèmes beaucoup plus fon‐ damentaux. Des infirmières racontent des histoires de violence sur leur lieu de tra‐ vail, de surcharge de travail.
Shirley Bond, députée provinciale du parti BC Uni‐ ted
Leur moral est mis à rude épreuve. Ce sont des pro‐ blèmes très difficiles à ré‐ soudre.
Avec les informations de Tarnjit Parmar