Avant les rues: quand le cinéma québécois s’ouvre aux Autochtones
Le premier film réalisé par Chloé Leriche est diffusé le vendredi 22 mars à 23 h 05, sur ICI Télé.
En 2016, Chloé Leriche sensibilité et respect (et vous invitons à découvrir le travail de trois réalisatrices autoch‐ tones admirables : Sonia Bonspille Boileau, Alanis Obomsawin et Tracey Deer).
Avant les rues, de Chloé Leriche (2016): la collabora‐ tion avant tout
Shawnouk, jeune autoch‐ tone, commet l’irréparable lors d’un cambriolage qu’un voyou de passage lui a convaincu de commettre. Hanté par son geste et ses doutes, il prend la fuite, cher‐ chant par tous les moyens à s’apaiser. Quête de rédemp‐ tion, Avant les rues faisait dé‐ couvrir le charismatique Rykko Bellemare (Iris de la ré‐ vélation de l’année). Mais il s’inscrivait surtout dans l’his‐ toire par sa méthode de fa‐ brication, résolument axée sur la collaboration avec les membres de la communauté atikamekw de Manawan (Chloé Leriche a longtemps collaboré au Wapikoni mo‐ bile).
Un film sensible et juste, dont la poésie s’illustre no‐ tamment dans une scène prenante de purification dans les bois.
Compléments: Le film en langue atika‐ mekw à les cultures autochtones et québécoise se parlent-elles au cinéma, autant devant que derrière la caméra? Écoutez l'épisode 19 du ba‐ lado Plein écran Kuessipan, de Myriam (2019): penser le
Avant les rues projeté Val-d'Or Comment
Verreault
collectif
Deux jeunes femmes qui grandissent ensemble dans une communauté innue. Deux destins à travers les‐ quels toutes les questions liées au vivre-ensemble se posent avec intelligence et pertinence. Voilà ce qu’a filmé Myriam Verreault en s’inspirant librement du ro‐ man de Naomi Fontaine.
Et puisque la réflexion sur la diversité et la représenta‐ tion de l’autre au cinéma ne cesse de s’enrichir, Kuessipan se pose comme une oeuvre exemplaire. Non pas parce qu’elle respecte la bien-pen‐ sance, mais parce qu’elle par‐ vient à mêler avec sensibilité récit intime et collectif.
Et aussi parce qu’après un prix remporté par le film à Windsor, Myriam Verreault a créé une bourse destinée aux cinéastes autochtones. Un film lumineux et tragique à la fois, porté par deux ac‐ trices admirables: Sharon Fontaine-Ishpatao et Yamie Grégoire.
Nouveau-Québec,
de Sa‐
rah Fortin (2022): le cinéma comme un trait d’union
Schefferville, au coeur de la péninsule du Labrador, sur le territoire traditionnel des peuples innu et naskapi. Loin, très loin, et même au terminus de la ligne de train Tshiuetin. C’est là que dé‐ barquent Sophie (Christine Beaulieu), avec son amou‐ reux ( Jean-Sébastien Cour‐ chesne), pour rendre un der‐ nier hommage à son père. C’est là aussi que le couple se trouvera coincé, pour les be‐ soins d’une enquête poli‐ cière. Paysages sauvages, ac‐ trices et acteurs embarqués dans une expérience immer‐ sive et mis en contact avec d’autres, sur place, qui n’ont aucune expérience en inter‐ prétation (dont le formidable Jean-Luc Kanapé, véritable révélation de Nouveau-Qué‐ bec), réflexion sur notre rap‐ port toujours complexe à l’autre :
Sarah Fortin n’a pas choisi la voie de la facilité pour sa première fiction. Mais cet éloignement crée les condi‐ tions d’une rencontre alloch‐ tones-autochtones tou‐ chante.
Avant les rues, sur ICI Télé, le vendredi 22 mars à 23 h 05.
La bande-annonce (source : YouTube)