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Yves Michaud, 1930-2024 : le « Robin des banques » s’éteint

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Journalist­e, diplomate, po‐ liticien, homme d’affaires, Yves Michaud a mené une vie de combattant. Le fon‐ dateur du Mouvement d'éducation et de défense des actionnair­es est dé‐ cédé mardi soir à la rési‐ dence Notre-Dame-de-laPaix à Montréal, où il habi‐ tait. Il avait 94 ans.

Yves Michaud s'est battu toute sa vie autant pour la langue et la culture que pour l’indépendan­ce du Québec. Mais c'est sa lutte pour la jus‐ tice envers les petits action‐ naires qui lui aura valu le sur‐ nom de « Robin des banques ».

Le destin a toujours prévu dans mon cas être contesta‐ taire et être dans l’opposition de quelque chose, disait-il à Gilles Morin dans le cadre de l'émission Mémoires de dé‐ putés, en 2011.

C’est sa défense de la langue française qui le mè‐ nera vers l'indépendan­tisme. En 1969, alors qu'il est dé‐ puté de Gouin, la loi 63, qui propose d’accorder aux pa‐ rents le libre choix de la langue d’enseigneme­nt, le pousse à démissionn­er du Parti libéral du Québec.

Grand ami de René Lé‐ vesque, il fait alors le pas vers le Parti québécois (PQ), fondé l'année précédente.

Les deux hommes se connaissen­t depuis l'époque où Yves Michaud dirigeait le journal Le Clairon, à SaintHyaci­nthe, son alma mater. René Lévesque, alors au ser‐ vice de Radio Canada Inter‐ national, y a écrit des articles et des chroniques de cinéma pour lesquels il reçoit la ron‐ delette somme de 5 $.

Les années passent. Yves Michaud endosse la direction de l’hebdomadai­re La Patrie et prend la tête de l’éphé‐ mère journal indépendan‐ tiste Le Jour, de 1974 à 1976. Deux mois après la ferme‐ ture de ce dernier, le PQ est élu, le 15 novembre 1976.

Bien qu'il n'ait jamais été député pour le PQ, Yves Mi‐ chaud était de tous ses com‐ bats.

Le premier ministre René Lévesque lui offre un poste de conseiller diplomatiq­ue. En 1979, il emménage à Pa‐ ris, à titre de délégué géné‐ ral.

À l’instar de Claude Morin, il est de ceux qui ont fait rayonner le Québec à l'inter‐ national, et plus particuliè­re‐ ment en France. Son rôle sera déterminan­t dans le dossier Pechiney, un impor‐ tant investisse­ment français pour construire une usine d'aluminium en sol québé‐ cois.

C’est aussi lui qui a inspiré une place du Québec dans le 6e arrondisse­ment de Paris, à la croisée du Café de Flore, des Deux Magots et de l'église Saint-Germain-desPrés.

Yves Michaud revient au Québec avec le titre de com‐ mandeur de la Légion d’hon‐ neur.

Lévesque, c’est une grande partie de ma vie. Il a été mon plus grand ami avec Robert [Bourassa, NDLR]. Je suis toujours inconsolab­le de sa mémoire. Il avait tellement de qualités. Il avait des dé‐ fauts épouvantab­les, mais quel être séduisant! On ne pouvait jamais s’ennuyer avec lui.

Yves Michaud à Gilles Mo‐ rin, dans Mémoires de dépu‐ tés

Après ses années poli‐ tiques, il effectue un bref passage de trois ans comme PDG du Palais des congrès.

» Le « Robin des banques

À partir de 1995, et pen‐ dant les 15 années suivantes, il se fera David devant Go‐ liath, en se portant à la dé‐ fense des petits actionnair­es. Il crée l'Associatio­n de protec‐ tion des épargnants et inves‐ tisseurs du Québec, qui de‐ viendra le Mouvement d'édu‐ cation et de défense des ac‐ tionnaires (MEDAC). Cette ba‐ taille lui vaudra le surnom de « Robin des banques ».

Je voulais réduire les privi‐ lèges des dirigeants des banques, disait-il à Gilles Mo‐ rin. En 1997, il remporte une importante victoire. La Cour supérieure lui donne raison et force les banques à en‐ voyer à tous les actionnair­es ses propositio­ns pour limiter

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