Toujours pas de preuve que les coûteuses bourses Perspective sont efficaces, selon l’UdeM
Le recteur de l’Université de Montréal, Daniel Jutras, lance un pavé dans la mare et remet en question la pertinence et l’efficacité du programme de bourses Perspective Québec (PBPQ), une des mesures phares du gouvernement Legault pour remédier au manque de main-d’oeuvre dans certains secteurs né‐ vralgiques de l’économie.
Rappelons que ce pro‐ gramme a été annoncé à l’au‐ tomne 2021 dans le contexte de l’Opération main-d'oeuvre (OPMO). Il permet à tous les étudiants inscrits à un des programmes d’études ciblés de toucher, pour chaque ses‐ sion à temps plein terminée avec succès, une bourse de 1500 dollars au cégep et de 2500 dollars à l’université.
Les programmes en ques‐ tion mènent à un emploi dans les domaines de l’ensei‐ gnement, de l’éducation à la petite enfance, du génie, des technologies de l’information ou de la santé ainsi que des services sociaux.
On prévoyait dès sa créa‐ tion que ce programme de bourses coûterait 1,7 milliard de dollars sur cinq ans au mi‐ nistère de l’Enseignement su‐ périeur, ce qui représente une importante portion de l’investissement de 3,9 mil‐ liards de dollars prévu pour l’ensemble de l’OPMO.
Le programme de bourses Perspective Québec avait connu un départ pour le moins cahoteux, mais la dis‐ tribution des bourses a mal‐ gré tout débuté rondement à l’hiver 2023.
Depuis, 189 000 bourses ont été accordées, pour un total de 394 millions de dol‐ lars distribués.
Des chiffres qui ne convainquent pas l’UdeM
En entrevue avec RadioCanada, le recteur de l’Uni‐ versité de Montréal se montre critique vis-à-vis de ce programme, deux ans après son lancement.
C'est quand même une enveloppe énorme et je ne sais pas si elle a été utilisée à son maximum.
Daniel Jutras, recteur de l’Université de Montréal
L’Université de Montréal est un des établissements d’enseignement qui reçoivent le plus d’étudiants admis‐ sibles au programme de bourses Perspective Québec avec 30 programmes admis‐ sibles dans trois des quatre secteurs ciblés au niveau uni‐ versitaire.
Il faut que l'investisse‐ ment produise une inscrip‐ tion qu’on n’aurait pas ou bien une persévérance [dans les études] qu’on n’aurait pas. Mais le lien de causalité n’est pas clair, explique Daniel Ju‐ tras, plutôt sceptique quant à l’efficacité de ces bourses.
À l’automne, à la suite d'une analyse basée sur le nombre d'inscriptions aux programmes concernés, l’Université avait en effet brossé un premier portrait très nuancé des impacts des bourses Perspective Québec.
On remarquait par exemple une hausse des ins‐ criptions en criminologie et en mathématiques-informa‐ tique. On notait aussi une hausse en travail social, mais celle-ci était attribuable à une augmentation de la capacité d’accueil. En revanche, on no‐ tait des baisses au chapitre des nouveaux inscrits dans des programmes en psycho‐ logie, en informatique, en sciences infirmières, en psy‐ choéducation et en sciences de l’éducation.
Par ailleurs, à la lumière des données transmises par le Service de l'admission et du recrutement de l'Univer‐ sité de Montréal en ce qui a trait à la dernière vague de demandes d’admission pour l’automne 2024, le constat n’est guère plus reluisant.
Si on regarde le nombre de personnes qui ont déposé une demande d’admission dans au moins un des pro‐ grammes admissibles aux bourses Perspective Québec, on observe une baisse de 19 % entre 2021 - avant l’arrivée du programme - et 2024, de même qu’une diminution de 14 % dans la dernière année.
La baisse est particulière‐ ment marquée dans les pro‐ grammes en enseignement, dont le baccalauréat en édu‐ cation préscolaire et en en‐ seignement primaire, et dans certains programmes en santé et services sociaux, comme les baccalauréats en criminologie et en psychoé‐ ducation.
Si un des objectifs du pro‐ gramme de bourses est d’at‐ tirer les étudiants et étu‐ diantes dans ces disciplines [ciblées par les bourses Pers‐ pective], force est de consta‐ ter qu’à la lumière des statis‐ tiques des demandes d’ad‐ mission pour les trimestres d’automne des dernières an‐ nées, il ne va pas de soi que cet objectif est atteint, écrit Geneviève O’Meara, porteparole de l’Université de Montréal.
La baisse observée dans ces programmes est similaire à celle observée dans tous les autres programmes de baccalauréat de l’Université.
De l’argent bien investi?
Le recteur Daniel Jutras critique par ailleurs l’absence de modulation du montant accordé en fonction des ca‐ pacités financières ou du profil des étudiants. Ce n’est pas la même réalité en génie ou en informatique, où il y a beaucoup de stages rémuné‐ rés. Cet élément-là, je pense, avait été mal jaugé, poursuitil.
J’ai le sentiment que cette mesure aurait été mieux adaptée si on avait tenu compte des besoins finan‐ ciers des étudiants plutôt que d’avoir un montant for‐ faitaire distribué à tous les étudiants de toutes ces disci‐ plines.
Daniel Jutras, recteur de l’Université de Montréal
M. Jutras, qui est aussi président du Bureau de coor‐ dination interuniversitaire (BCI), déplore que le milieu universitaire n’ait pas été consulté de manière structu‐ rée en amont, pendant la ré‐ flexion concernant la créa‐ tion de ces bourses.
Il comprend qu'il y ait des besoins en main-d'oeuvre et que certaines mesures incita‐ tives puissent être un bon moyen d’y remédier en par‐ tie, mais il critique malgré tout l’approche utilitaire adoptée. Le choix de cibler certains secteurs, je pense, peut faire un temps, mais il ne faut pas que ça s'installe, souligne-t-il.
Québec répond compte-gouttes au
Radio-Canada a tenté d’obtenir les documents et les analyses internes effec‐ tuées au ministère de l’Ensei‐ gnement supérieur (MES) jus‐ qu’à présent pour évaluer l’ef‐ ficacité du programme de bourses Perspective Québec.
Toutefois, la réponse re‐ çue de la part du Ministère nous a renvoyés vers des do‐ cuments déjà rendus publics il y a près d’un an à la suite de demandes d’accès. Il a aussi refusé de nous faire parvenir certains documents repérés en rapport avec notre demande, au motif qu’ils font partie d’un proces‐ sus décisionnel en cours ou qu’ils ont été produits pour la ministre de l’Enseignement supérieur, Pascale Déry.
Le MES nous a toutefois fait parvenir des données au sujet du nombre de bourses distribuées, qui fait état d’une hausse du nombre de bénéficiaires. Environ 61 600 étudiants avaient reçu cette aide financière pour la ses‐
sion d’automne 2022, alors que plus de 66 000 l’ont re‐ çue pour celle d’automne 2023.
Le nombre de bénéfi‐ ciaires est demeuré sensible‐ ment stable dans les pro‐ grammes liés à l’enseigne‐ ment et à l’éducation à l’en‐ fance, mais il a augmenté en génie (+1100), en santé et services sociaux (+1000) ainsi qu'en technologies de l’infor‐ mation (+1600).
Il est toutefois important de préciser que les étudiants doivent faire une demande en ligne pour recevoir cette bourse : elle ne leur est pas versée de manière automa‐ tique.
Au moment d’écrire ces lignes, Radio-Canada était toujours en attente d’une ré‐ ponse du cabinet de la mi‐ nistre Déry par rapport au contenu de ce reportage.
surances qui en découlent pourraient devenir un frein dans l’adoption de ces voi‐ tures, estime M. Simpson.
Le compte à rebours est pourtant lancé, alors qu’Ot‐ tawa s’est engagé à ce que tous les véhicules commer‐ cialisés au pays soient élec‐ triques d’ici 2035.
Un court délai
M. Adesanya de Morning‐ star DBRS estime peu pro‐ bable que le prix des primes d’assurance pour véhicules électriques soit complète‐ ment stabilisé à l'intérieur d’une décennie.
C’est un court délai, juge-til, ajoutant que les assureurs auront besoin de beaucoup de données de réclamation pour fixer adéquatement leurs tarifs.
De son côté, le Bureau d'assurance du Canada, qui représente l’industrie, craint que les gouvernements pro‐ vinciaux plafonnent les aug‐ mentations de prix pour ne pas freiner l’achat de véhi‐ cules électriques.
Si [les assureurs] ne peuvent pas facturer les prix appropriés, vous créez essen‐ tiellement une bulle où les frais de réparation s'accu‐ mulent dans le système, ex‐ plique M. de Pruis.
Selon lui, une intervention trop importante des gouver‐ nements pourrait inciter les assureurs à refiler la facture aux conducteurs de véhicules à combustion, une opinion que partage M. Adesanya.
C’est possible qu’indirecte‐ ment [les autres conduc‐ teurs] subventionnent les as‐ surances pour véhicules élec‐ triques, estime-t-il.
D’ici à ce que le marché se soit stabilisé, l’expert de Mor‐ ningstar DBRS invite les ache‐ teurs de véhicules élec‐ triques à demander une esti‐ mation à plusieurs assureurs, puisque les primes peuvent varier considérablement.
Pour l’instant, M. Vassalle accepte pour sa part de dé‐ bourser plus pour assurer sa voiture Tesla Model 3.
C'est un gros jouet, lance l’automobiliste. Mais c'est vrai que les assurances sont très chères, et je pense que ça décourage les gens de ma‐ nière générale d'acheter des voitures électriques.
Avec des informations de Philippe de Montigny
compagnés de certains ex‐ perts, ajoute Mme Labrie. On peut penser par exemple à l'accompagnement d'une personne qui viendrait ob‐ server des moisissures dans un établissement pour voir ce qui en ressort.
Même si elle est tout à fait consciente que les projets de loi des partis d’opposition sont rarement étudiés et en‐ core plus rarement adoptés, la députée solidaire croit qu’il est important de stimuler le débat autour de cette ques‐ tion.
J'espère qu'il pourra che‐ miner, mais en même temps, déposer un projet de loi, c'est l'occasion d'envoyer un mes‐ sage aussi, affirme Mme La‐ brie.
Respecter la confiden‐ tialité
Interpellé par Radio-Ca‐ nada, le CIUSSS de l'EstrieCHUS confirme qu’il n’a pas permis à Christine Labrie de visiter son centre jeunesse comme il le fait pour tous les visiteurs externes afin de res‐ pecter la confidentialité des jeunes qui y résident.
Toutefois, la députée de Sherbrooke a eu l’occasion de visiter une unité tempo‐ raire avant que des jeunes ne s’y installent afin de lui per‐ mettre de bien apprécier les lieux dans lesquels les jeunes évoluent, ajoute Éliane Thi‐ bault, responsable des rela‐ tions médias.
Le CISSS de Laval a aussi donné des explications sem‐ blables pour expliquer son refus d'offrir la visite récla‐ mée ce mois-ci par le député Guillaume Cliche-Rivard.
Étant donné les circons‐ tances actuelles, il est pri‐ mordial de préserver la quié‐ tude et de protéger la vie pri‐ vée des jeunes.
Marie-Ève Despatie-Ga‐ gnon, conseillère en commu‐ nication au CISSS de Laval
Nous ne voulons pas per‐ turber les travailleurs du Centre ni nuire à la qualité des soins. Une enquête du ministère est désormais en cours et toutes les demandes de visite seront refusées, ajoute Mme Despatie-Ga‐ gnon.
Or, Radio-Canada a pu prendre connaissance d'échanges de courriels entre le bureau de M. Cliche-Rivard et le CISSS de Laval qui dé‐ montrent que cet établisse‐ ment avait d'abord accepté d'organiser une visite pour le député, mais à une date autre que celle proposée ini‐ tialement.
Quelques heures plus tard, le CISSS a indiqué qu'après avoir consulté les autorités responsables, la de‐ mande du député était fina‐ lement refusée.
ridique qui appuie sa déci‐ sion.
C’est valable que le mi‐ nistre informe l’avocat sur les circonstances entourant l’avis juridique, mais de mettre de la pression pour changer la conclusion, c’est de l’ingé‐ rence, dit le professeur Keyes.
Si l'avocat n'a plus confiance dans le gouverne‐ ment qui l'emploie, il faut mettre fin à la relation avec le client, croit-il, ce qui veut dire : chercher un autre emploi.
Le bureau de la prési‐ dente du Conseil du Trésor, Anita Anand, assure que les fonctionnaires méritent un système de paye fiable, ainsi qu’un accès adéquat à un ré‐ gime d’assurance.
Par courriel, l’attaché de presse de la ministre, Ronny Al-Nosir, indique que le gou‐ vernement continue de tra‐ vailler quotidiennement pour améliorer le régime de soins de santé des fonctionnaires, stabiliser les opérations de paie actuelles et travailler sur l’implantation d’un nouveau système de paie.
Notre objectif reste d’as‐ surer que la prestation de services, autant au niveau de la paie que des soins de santé, réponde aux attentes des employés de la fonction publique.
Ronny Al-Nosir, attaché de presse de la présidente du Conseil du Trésor
Le bureau de la ministre souligne d’ailleurs que les dé‐ lais de traitement des de‐ mandes de remboursement auprès de Canada Vie se sont améliorés dans les derniers mois.
journée entière. Il avait perdu 10 kilos il y a quelques se‐ maines. Dieu seul sait com‐ bien maintenant, dit le fils de Marwan Barghouti.
Ce lundi, l’Organisation pour la libération de la Pales‐ tine (OLP) accusait aussi les autorités israéliennes, par voie de communiqué, de soumettre le détenu à l’isole‐ ment et la torture et de me‐ ner une guerre contre les pri‐ sonniers palestiniens.
À partir du 7 octobre, la politique du service des pri‐ sons a été de nous utiliser comme objet de leur ven‐ geance. Ils se sont vengés sur les prisonniers comme si nous faisions partie de la guerre, comme si on en était responsables, raconte Banan Al-Qaddoumi.
Il est l’une des dernières personnes à avoir vu Mar‐ wan Barghouti en prison. M. Al-Qaddoumi était à ses cô‐ tés le 7 octobre, purgeant les derniers mois d’une peine de 16 ans pour activité terro‐ riste. Libre depuis décembre, il est maintenant policier au sein de l’Autorité palesti‐ nienne.
Nous étions dans un état de frayeur constant. Nous étions démunis, nous avions perdu tout pouvoir. Pas de nourriture, pas à boire, rien pour nous couvrir, rien. Ils faisaient irruption dans nos cellules tous les jours comme si nous étions des menaces, raconte Banan Al-Qaddoumi.
Dans le journal Haaretz, le porte-parole du Service israé‐ lien des prisons a démenti ce qu’il qualifie de fausses infor‐ mations. Le service se com‐ porte en accord avec la loi, at-il soutenu.
Si Arab Barghouti et sa mère Fadwa ne perdent pas espoir et luttent depuis plus de 20 ans pour le faire libé‐ rer, c’est parce que Marwan Barghouti ne s’est jamais per‐ mis de baisser les bras et n’a jamais renoncé à un État libre pour les Palestiniens.
Je ne l’ai jamais vu perdre espoir pour l’avenir. Et c’est le genre de pouvoir dont nous, les Palestiniens, avons be‐ soin, parce que nous nous sentons impuissants. Nous sentons que nous n’avons plus d’espoir. Les prisonniers politiques vont changer ça.
Arab Barghouti, fils de Marwan Barghouti
Arab Barghouti se rap‐ pelle les paroles de son père : la guerre ne sert à rien si elle ne peut pas mener à la paix.