Radio-Canada Info

Un rapport accablant sur Culture Shawinigan et son ancien directeur général

- Marilyn Marceau

De la mauvaise gestion fi‐ nancière, des manque‐ ments et des pratiques dis‐ cutables sont répertorié­s dans le rapport sur Culture Shawinigan rendu public ce jeudi par la Ville. Des la‐ cunes observées auprès du directeur général de l’époque, Bryan Perro, sont aussi soulevées.

Raymond Chabot Grant Thornton a reçu le mandat de la Ville de Shawinigan de faire une analyse de la ges‐ tion financière de cet orga‐ nisme et de proposer des mesures pour régler la situa‐ tion.

L’organisati­on a récem‐ ment fait face à une situation particuliè­re liée à des difficul‐ tés financière­s majeures et à des problèmes de gestion. Cette situation a entre autres mené au départ du directeur général et artistique des der‐ nières années, peut-on lire d’entrée de jeu dans le rap‐ port de près de 60 pages qui date du 28 février 2024.

Bryan Perro a démis‐ sionné de son poste de direc‐ teur général et artistique en novembre dernier, après que l’ampleur des déficits de Culture Shawinigan ait été mise au jour.

L’ampleur des déficits

Raymond Chabot Grant Thornton s’est penchée sur les résultats financiers de Culture Shawinigan de 2019 à 2023, toutes des années déficitair­es.

Le déficit cumulé pour 2023 devrait être de 1 M$, es‐ time d’ailleurs la firme.

Les déficits n’ont pas sou‐ levé assez d’inquiétude­s chez Culture Shawinigan, révèle le rapport.

En 2022, les procès-ver‐ baux du C.A. permettent de constater que la présentati­on du résultat déficitair­e ne sou‐ lève pas de questionne­ments sur la santé financière de l’or‐ ganisation, est-il écrit. Malgré un déficit en 2022, le budget 2023 est approuvé en in‐ cluant une augmentati­on des revenus de 24 % et des dé‐ penses de 13 % avec des jus‐ tification­s limitées, peut-on aussi lire. L’augmentati­on des revenus de 2019 à 2023 de 64 % aurait dû nécessiter des justificat­ions plus étoffées.

Les déficits en 2019 et en 2022 auraient dû influencer la dynamique financière 2023. Le budget déficitair­e en 2023 n’aurait pas dû être ac‐ cepté tel quel le 15 mars 2023, conclut la firme.

Entre 2019 et 2023, les re‐ venus ont augmenté de 21% et les dépenses de 31%. À l’exception de 2020, une croissance des dépenses constante et plus rapide que les revenus est observée, constate l’entreprise.

Il y a un manque de temps, de connaissan­ce en planificat­ion financière et en suivi au sein de l’organisa‐ tion. Peu de challenge ou de regard critique sur les activi‐ tés de planificat­ion financière de la part des parties pre‐ nantes, entre autres du C.A. et du comité vérificati­on et gestion des risques.

Extrait du rapport de Ray‐ mond Chabot Grant Thorn‐ ton

Bryan loupe Perro sous la

Bryan Perro a été le direc‐ teur général et artistique de l’organisati­on de juillet 2015 à novembre 2023. Il est écor‐ ché dans le rapport.

La firme constate que peu de contrôles sont effectués en lien avec la contrainte du directeur général et artis‐ tique de signer seulement des contrats qui ne dé‐ passent pas 30 000 $. Des achats de plus de 30 000 $ en multiples factures ont été ob‐ servés par des personnes rencontrée­s en entrevue, re‐ late Raymond Chabot Grant Thornton.

On reproche aussi au di‐ recteur général d’avoir effec‐ tué des révisions budgétaire­s peu élaborées sans docu‐ mentation détaillée des hy‐ pothèses ou d’analyses sur une base de scénario et d’avoir soumis au C.A. des budgets de projets rarement finalisés.

De plus, certaines em‐ bauches auraient été faites par le directeur général sans l’approbatio­n préalable du conseil d’administra­tion.

Malgré la clause Double emploi et conflit d’intérêts chez Culture Shawinigan, peu de contrats séparés d’écri‐ tures octroyés au DGA ont été approuvés par le C.A., se‐ lon des administra­teurs ren‐ contrés dans le cadre de l’éla‐ boration de ce rapport.

Inquiétude­s liées à l’en‐ tente du ministère de la Culture

L’entente de développe‐ ment culturel entre le minis‐ tère de la Culture et des Communicat­ions (MCC) et la Ville de Shawinigan pour 2021-2024 totalise 824 070 $.

Le ministère a soulevé de nombreuses inquiétude­s sur la qualité de la gestion de l’entente, peut-on lire.

320 000 $ en dépenses ef‐ fectuées de 2021 à 2023 (par Culture Shawinigan comme mandataire de la Ville) sont considérés comme non ad‐ missibles par le MCC.

Extrait du rapport de Ray‐ mond Chabot Grant Thorn‐ ton

Questionne­ments soule‐ vés :

Dépenses de salaires d’employés réguliers récla‐ més bien que ces dépenses ne soient pas admissible­s dans l’entente; Dépenses de contrats allouées non admis‐ sibles à l’entente du MCC; Dé‐ penses d’immobilisa­tions questionna­bles, notamment tout le matériel acheté, qui aurait pu être loué pour le projet Parcours de projec‐ tions numériques sur l’his‐ toire de Shawinigan; Autres dépenses contestées, notam‐ ment des dépenses livrées à des adresses personnell­es et des dépenses réclamées à des dates antérieure­s à la si‐ gnature de l’entente ou ulté‐ rieures à la fin du projet en question; Des fonds ont été réaffectés par Culture Shawi‐ nigan sans en avoir fait la de‐ mande au MCC.

Comment cela a-t-il pu arriver?

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