Un bilan « inquiétant » pour les grands projets de transport collectif, selon HEC Montréal
Une nouvelle étude de HEC Montréal sonne l’alarme au sujet des dépassements de coûts et d’échéancier des grands projets de transport collectif au Québec. Les exemples du troisième lien et du tramway sont notam‐ ment montrés du doigt dans la Capitale-Nationale.
C’est inquiétant pour l’en‐ semble de la société qui doit financer tous ces projets, dé‐ plore Jacques Roy, professeur titulaire au Département de gestion des opérations et de la logistique à HEC Montréal.
Selon lui, à l’heure où le déficit de maintien des actifs (DMA) frise les 35 milliards de dollars au Québec, une augmentation de 67 % de‐ puis 5 ans, il importe plus que jamais d’optimiser chaque dollar dépensé pour de nouvelles infrastructures.
À Montréal, on va devoir investir des milliards juste pour garder le métro en état de fonctionnement, rappelle Jacques Roy. Dans ce contexte, il s’étonne dans son étude du manque de planifi‐ cation qui accompagne plu‐ sieurs projets.
La pire erreur qu’on peut faire, c’est de mal évaluer les besoins, insiste-t-il.
Le troisième lien
Jacques Roy cite en exemple le projet de troi‐ sième lien entre Québec et Lévis que le gouvernement Legault a promis, puis aban‐ donné, sans jamais faire la preuve de son utilité.
On nous disait que le be‐ soin était évident ou encore qu’on pouvait le justifier sur la base d’une comparaison du nombre de ponts par mil‐ lion d’habitants à Montréal et à Québec !
Jacques Roy, professeur ti‐ tulaire au Département de gestion des opérations et de la logistique à HEC Montréal
Dans l’étude, l’auteur sou‐ ligne les nombreuses ver‐ sions improvisées qui ont marqué l’évolution du projet, qui devait à l’origine per‐ mettre de relier Québec à Lé‐ vis à l’aide du plus gros tun‐ nel au monde.
Ça fait partie des bonnes pratiques de chercher plutôt à reproduire des projets ou des ouvrages qu’on a déjà réalisés ailleurs, précise Jacques Roy.
Selon lui, tout indique que les considérations politiques ont pris le dessus sur les be‐ soins réels de la population de la Capitale-Nationale dans ce dossier. C'est difficile de penser autrement, soupire-til.
Retarder le tramway a coûté cher
L’étude de HEC Montréal s’attarde aussi sur le chantier du tramway de Québec, ar‐ rêté par le gouvernement ca‐ quiste l’automne dernier, alors que plus d’un demi-mil‐ liard de dollars avaient été in‐ vestis en travaux prépara‐ toires.
L’auteur note que le gou‐ vernement Legault est inter‐ venu à plusieurs reprises pour exiger des modifica‐ tions au tracé original, ce qui a engendré des délais et complexifié la gouvernance du projet.
Ce qu’on appelle l’ingé‐ rence politique dans les pro‐ jets, c’est quelque chose qui est très coûteux.
Jacques Roy, professeur ti‐ tulaire au Département de gestion des opérations et de la logistique à HEC Montréal
Jacques Roy estime que les meilleurs projets dans le monde s’exécutent selon le principe Think slow, act fast, ce qui revient à dire qu’il faut bien planifier pour ensuite agir rapidement.
Ça risque de déraper lors‐ qu'on décide de changer les trajets ou les tracés en cours de route, prévient Jacques Roy.
Éviter un cygne noir
Jacques Roy relève que plus un projet traîne en lon‐ gueur et plus le risque d’être confronté à un événement