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Un bilan « inquiétant » pour les grands projets de transport collectif, selon HEC Montréal

- Olivier Lemieux

Une nouvelle étude de HEC Montréal sonne l’alarme au sujet des dépassemen­ts de coûts et d’échéancier des grands projets de transport collectif au Québec. Les exemples du troisième lien et du tramway sont notam‐ ment montrés du doigt dans la Capitale-Nationale.

C’est inquiétant pour l’en‐ semble de la société qui doit financer tous ces projets, dé‐ plore Jacques Roy, professeur titulaire au Départemen­t de gestion des opérations et de la logistique à HEC Montréal.

Selon lui, à l’heure où le déficit de maintien des actifs (DMA) frise les 35 milliards de dollars au Québec, une augmentati­on de 67 % de‐ puis 5 ans, il importe plus que jamais d’optimiser chaque dollar dépensé pour de nouvelles infrastruc­tures.

À Montréal, on va devoir investir des milliards juste pour garder le métro en état de fonctionne­ment, rappelle Jacques Roy. Dans ce contexte, il s’étonne dans son étude du manque de planifi‐ cation qui accompagne plu‐ sieurs projets.

La pire erreur qu’on peut faire, c’est de mal évaluer les besoins, insiste-t-il.

Le troisième lien

Jacques Roy cite en exemple le projet de troi‐ sième lien entre Québec et Lévis que le gouverneme­nt Legault a promis, puis aban‐ donné, sans jamais faire la preuve de son utilité.

On nous disait que le be‐ soin était évident ou encore qu’on pouvait le justifier sur la base d’une comparaiso­n du nombre de ponts par mil‐ lion d’habitants à Montréal et à Québec !

Jacques Roy, professeur ti‐ tulaire au Départemen­t de gestion des opérations et de la logistique à HEC Montréal

Dans l’étude, l’auteur sou‐ ligne les nombreuses ver‐ sions improvisée­s qui ont marqué l’évolution du projet, qui devait à l’origine per‐ mettre de relier Québec à Lé‐ vis à l’aide du plus gros tun‐ nel au monde.

Ça fait partie des bonnes pratiques de chercher plutôt à reproduire des projets ou des ouvrages qu’on a déjà réalisés ailleurs, précise Jacques Roy.

Selon lui, tout indique que les considérat­ions politiques ont pris le dessus sur les be‐ soins réels de la population de la Capitale-Nationale dans ce dossier. C'est difficile de penser autrement, soupire-til.

Retarder le tramway a coûté cher

L’étude de HEC Montréal s’attarde aussi sur le chantier du tramway de Québec, ar‐ rêté par le gouverneme­nt ca‐ quiste l’automne dernier, alors que plus d’un demi-mil‐ liard de dollars avaient été in‐ vestis en travaux prépara‐ toires.

L’auteur note que le gou‐ vernement Legault est inter‐ venu à plusieurs reprises pour exiger des modifica‐ tions au tracé original, ce qui a engendré des délais et complexifi­é la gouvernanc­e du projet.

Ce qu’on appelle l’ingé‐ rence politique dans les pro‐ jets, c’est quelque chose qui est très coûteux.

Jacques Roy, professeur ti‐ tulaire au Départemen­t de gestion des opérations et de la logistique à HEC Montréal

Jacques Roy estime que les meilleurs projets dans le monde s’exécutent selon le principe Think slow, act fast, ce qui revient à dire qu’il faut bien planifier pour ensuite agir rapidement.

Ça risque de déraper lors‐ qu'on décide de changer les trajets ou les tracés en cours de route, prévient Jacques Roy.

Éviter un cygne noir

Jacques Roy relève que plus un projet traîne en lon‐ gueur et plus le risque d’être confronté à un événement

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