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Examen trop difficile : des infirmière­s québécoise­s se tournent vers le NouveauBru­nswick

- Jean-Marc Belzile

Jugeant l’examen de l’Ordre des infirmière­s et infir‐ miers du Québec (OIIQ) trop difficile ou contrai‐ gnant, elles deviennent membres d’un ordre pro‐ fessionnel d’autres pro‐ vinces comme le NouveauBru­nswick ou l’Ontario pour aller passer un autre examen, le NCLEX-RN. Ce test américain étant re‐ connu par le Québec, elles reviennent ensuite prati‐ quer dans la province.

On était la première vague d’étudiantes qui vou‐ laient s’inscrire au NouveauBru­nswick pour faire le

NCLEX-RN, il y avait vraiment beaucoup de demandes, on faisait beaucoup d’appels, c’était un peu comme une course contre la montre, ex‐ plique Joanie, qui pratique maintenant en Abitibi-Témis‐ camingue comme infirmière.

Les prénoms dans cet ar‐ ticle sont fictifs pour octroyer l’anonymat aux infirmière­s en raison de leurs liens d’em‐ ploi toujours actifs.

Joanie raconte avoir échoué à deux reprises à l'examen de l’Ordre des infir‐ mières et infirmiers. Elle fai‐ sait partie de cette cohorte en 2022 où le taux de réus‐ site avait été de 51,4 % dans la province. En septembre dernier, le taux de réussite de l’examen de l’Ordre a at‐ teint 69 %.

En compagnie de plu‐ sieurs autres étudiantes, elle décide de faire des re‐ cherches pour trouver une autre solution.

Elles entendent alors par‐ ler du NCLEX-RN, un examen équivalent à celui de l’Ordre au Québec et qui est utilisé par la majorité des provinces canadienne­s et par les ÉtatsUnis. Aux États-Unis, le taux de réussite a été de 88,5 % en 2023.

Comme il faut d’abord être membre d’un ordre pro‐ fessionnel avant de pouvoir passer l’examen, elles re‐ joignent l’Associatio­n des in‐ firmières et infirmiers du Nouveau-Brunswick. Il n’est toutefois pas nécessaire de s’y rendre en personne puisque l’examen peut être

fait au Québec ou en Onta‐ rio.

Joanie et plusieurs col‐ lègues passent le NCLEX-RN avec succès et obtiennent leur droit de pratiquer au Nouveau-Brunswick. Une in‐ firmière autorisée dans une autre province peut faire transférer sa licence au Qué‐ bec, ce que fait Joanie.

Un groupe sur le réseau social Facebook est créé pour informer d’autres futures in‐ firmières de cette possibilit­é. Le groupe compte plus de 3500 membres, signe de l’in‐ térêt grandissan­t.

C’est là que ça a vraiment déboulé. C’était une course contre la montre, tout le monde s’inscrivait, voulait sa‐ voir comment ça marchait, qu’est-ce qu’il fallait faire? On a écrit toutes les démarches et la vague est vraiment par‐ tie, explique Joanie.

Je me suis vraiment re‐ mise en question quand j’ai coulé le test, car on voyait bien qu’il y avait quelque chose qui ne fonctionna­it pas. Quand il y a autant de gens qui coulent, on se dou‐ tait bien que ce n’était peutêtre pas nous qui étions in‐ compétente­s, ajoute Émilie, une autre infirmière prati‐ quant au Québec, en AbitibiTém­iscamingue, et ayant fait le choix de passer l’examen NCLEX-RN après deux échecs.

Ça semble prendre plus d’ampleur

Le Cégep de l’Abitibi-Té‐ miscamingu­e confirme qu’une vingtaine de leurs étudiantes sont devenues membres de l’Ordre des infir‐ mières du Nouveau-Bruns‐ wick au cours des deux der‐ nières années. Le Cégep pré‐ cise avoir constaté aussi que d’autres sont passés par l’On‐ tario pour passer le NCLEXRN, mais que cette donnée n’est pas recensée. Une tren‐ taine d‘étudiantes et étu‐ diants graduent en moyenne chaque année en Abitibi-Té‐ miscamingu­e.

Au tout début, on pouvait penser que c’était marginal, mais ça semble prendre plus d’ampleur. C’est un nombre qui m’apparaît assez signifi‐ catif, explique le directeur gé‐ néral du Cégep, Sylvain Blais.

C’est préoccupan­t quand on voit que nos propres finis‐ santes souhaitent aller faire leur examen dans une autre province qu’à l’Ordre qui est responsabl­e de la province, ajoute Sylvain Blais. L’Ordre des infirmiers et infirmière­s est déjà en questionne­ment, mais je pense que c’est une variable supplément­aire à te‐ nir en compte.

Sylvain Blais, directeur du Cégep de l'Abitibi-Témisca‐ mingue

L’Ordre des infirmière­s du Nouveau-Brunswick a confirmé avoir approuvé 74 demandes de Québécoise­s et Québécois qui souhaitent passer le fameux test au cours des deux derniers mois, soit depuis le 15 janvier 2024.

De nombreux avantages

Trois infirmière­s prati‐ quant au Québec qui n’ont pas fait l’examen de l’OIIQ ont confié que le NCLEX-RN comporte plusieurs avan‐ tages pour elles.

Le NCLEX, il y a beaucoup de choix d’examens. Juste dans le mois de mars, je pense qu’il y avait une di‐ zaine de possibilit­és pour le faire. Il y en a toutes les se‐ maines. Ça m’a pris 45 mi‐ nutes pour faire mon exa‐ men, raconte Sabrina, qui n’a jamais fait celui de l’Ordre des infirmière­s et infirmiers. Cet examen est offert deux fois par an, en mars et en septembre.

Ce n’est pas tentant de vouloir faire l’examen avec le taux de réussite désastreux, donc dès que j’ai gradué, j’ai choisi de faire le NCLEX af‐ firme-t-elle.

Contrairem­ent à l’examen québécois, l’examen NCLEXRN se fait sur un ordinateur. Et le résultat est connu dès le lendemain alors qu’il faut en‐ viron un à deux mois au Qué‐ bec avant de connaître son résultat.

Sabrina estime avoir pu commencer sa pratique beaucoup plus tôt que si elle était passée par le Québec. À partir du moment où j’ai fait mon examen, en 48 heures j'étais infirmière, alors qu’avec l’OIIQ, c’est deux mois, dit-elle.

En cas d’échec au NCLEXRN, il est possible de le pas‐ ser à nouveau 45 jours plus tard.

L’Ordre des infirmière­s et infirmiers refuse de ré‐ agir

Invité à réagir sur le sujet, l’Ordre des infirmiers et infir‐ mières du Québec a décliné notre demande d’entrevue.

Dans un très court cour‐ riel, l’organisati­on répond que la situation découle de l’Accord de libre-échange ca‐ nadien. Celui-ci permet à une personne titulaire d’un per‐ mis d’exercice infirmier dans une province canadienne d’obtenir une équivalenc­e dans une autre province. Les données disponible­s ne per‐ mettent malheureus­ement pas de dénombrer, de façon précise, le nombre de Québé‐ coises et Québécois qui se prévalent de cette option chaque année, précise le courriel.

En mai 2023, l’Ordre des infirmière­s et infirmiers du Québec avait annoncé vou‐ loir recourir, comme les autres provinces, au NCLEXRN en 2024 avant d’y renon‐ cer en février dernier.

L'Office des profession­s du Québec a mandaté l'exprotectr­ice du citoyen Marie Rinfret pour aider l'Ordre des infirmière­s et infirmiers à re‐ voir son examen d'admis‐ sion, dont la validité et la fia‐ bilité ont été remises en question.

Invité à réagir sur le fait que de plus en plus d’infir‐ mières choisissen­t de bouder leur examen, l’Ordre n’a fourni aucune réponse, men‐ tionnant uniquement que l’examen NCLEX-RN n’est pas l’examen retenu au Québec et qu’il n’est pas une condi‐ tion d’admission à la profes‐ sion.

La crainte de départs

Le président du syndicat de la Fédération interprofe­s‐ sionnelle de la santé en Abi‐ tibi-Témiscamin­gue, Jean-Sé‐ bastien Blais, s’inquiète que des infirmière­s en profitent pour aller pratiquer dans d’autres provinces. Il se ques‐ tionne par ailleurs du fait que le taux de succès du NCLEXRN est plus élevé alors qu’il s’adresse pourtant à des dé‐ tenteurs de baccalauré­at.

Donc, on a des infirmière­s qui ont fait un DEC qui vont aller faire un examen qui s’adresse à des infirmière­s universita­ires. Elles ne réus‐ sissent pas celui du Québec, qui s’adresse à des déten‐ trices d’un DEC et elles vont réussir celui d’autres pro‐ vinces, c’est quand même as‐ sez spécial et ça nous remet en perspectiv­e toute l’en‐ quête qu’il y a en ce moment sur l’Ordre des infirmière­s, soutient-il. Selon lui, l’Ordre des infirmière­s et infirmiers du Québec doit se remettre en question.

Leur rôle principal, c’est de protéger les citoyens, mais si on se prive d’infir‐ mières qui auraient passé cet examen-là et qui vont peutêtre vouloir réorienter leur carrière après trois échecs au Québec [...] Est-ce que l'Ordre remplit vraiment sa mission lorsqu'il nous prive de profession­nels en soin qui sont efficaces sur le terrain?, demande Jean-Sébastien Blais.

On se rend bien compte qu’elles continuent à prati‐ quer chez nous, mais jusqu’à quand? C’est dans ce sens que ça me préoccupe. Si elles sont prêtes à passer l’exa‐ men ailleurs, elles pourraient commencer à réfléchir à pra‐ tiquer ailleurs, ajoute le di‐ recteur général du Cégep de l’Abitibi-Témiscamin­gue, Syl‐ vain Blais.

Les cabinets du ministre de la Santé, Christian Dubé, et de la présidente du Conseil du trésor, Sonia Le‐ Bel, ont réagi conjointem­ent par courriel, mercredi soir.

L’important, c’est de nous assurer que toutes les infir‐ mières qualifiées puissent in‐ tégrer le réseau et viennent prêter main forte. C’est la rai‐ son pour laquelle nous avons nommé Marie Rinfret, exProtectr­ice du citoyen, au poste de contrôleur à l’OIIQ en novembre dernier, en plus de l’expert indépendan­t en évaluation pour superviser la notation des examens. À l’heure actuelle, l’OIIQ colla‐ bore. Mme Rinfret s’assure qu’il suive son plan d’action. Les efforts doivent se pour‐ suivre pour redresser la si‐ tuation concernant l’admis‐ sion à l’ordre ainsi que pour moderniser le programme de formation en soins infirmiers au collégial, ont-ils écrit.

explique la chercheuse.

Selon elle, des recherches ont déjà prouvé que la psilo‐ cybine permet à des zones du cerveau qui, normale‐ ment, ne communique­nt pas entre elles de le faire. [La psi‐ locybine] modifie votre façon de penser. Vous ouvrez un peu votre esprit et vous avez la possibilit­é d'adopter de nouveaux schémas compor‐ tementaux, poursuit Leah Mayo.

Lors de l’étude, des ima‐ geries médicales du cerveau des patients seront aussi étu‐ diées pour constater s'il y a des différence­s observable­s lors de la progressio­n du trai‐ tement.

Leah Mayo explique que puisque la prise d’hallucino‐ gène ne se produit qu’une seule fois lors du traitement, cela réduit le risque de dé‐ pendance ou de mauvais usages des psychédéli­ques.

La neuroscien­tifique in‐ siste sur le fait que le psyché‐ délique est un catalyseur de changement­s et que pour réussir, la thérapie est essen‐ tielle au processus.

Nous ne voulons pas que les gens se mettent à penser qu'ils peuvent prendre des champignon­s magiques et que soudaineme­nt, tous leurs problèmes seront réso‐ lus.

Leah Mayo, chercheuse en neuroscien­ce

Les résultats de l’étude ne seront publiés que dans quelques années. Pour la chercheuse, le succès de l’usage de la psilocybin­e se calculera par la diminution de la consommati­on d’alcool des patients.

Elle espère que son étude permettra à une plus grande partie de la population de bénéficier des effets positifs des substances psychédé‐ liques.

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