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Vivre l’expérience d’une commotion cérébrale au théâtre

- Aïda Semlali

La Nouvelle Scène accueille jusqu’au 23 mars et pour quatre représenta­tions la pièce Dans la nuit ou étaitce plutôt le matin. L’artiste interdisci­plinaire Elaine Ju‐ teau aborde les écueils d’une commotion cérébrale en puisant dans sa propre expérience.

Lorsqu'on a une commo‐ tion cérébrale [...] il est par‐ fois difficile d'exprimer ce que c'est, ce que sont les symptômes, explique l’artiste originaire de Montréal et Ou‐ taouaise d’adoption depuis 2016.

Elaine Juteau livre sur scène son vécu, plongeant les spectateur­s dans les conséquenc­es insoupçon‐ nées d’un accident de voiture avec un chevreuil.

Ça a bouleversé ma vie. Ce n’était pas un énorme ac‐ cident. Mais il a quand même eu un impact important, car il y a eu une commotion céré‐ brale.

Elaine Juteau, autrice, co‐ metteuse en scène et inter‐ prète de la pièce Dans la nuit ou était-ce plutôt le matin

Incapable de raconter ce qu’elle traversait alors qu’elle le vivait, l’artiste a documenté son expérience dès qu’elle a pu se sentir mieux, afin de pouvoir le communique­r aux gens.

L’humour comme arme de résilience

À ses côtés sur scène, on retrouve un personnage fé‐ minin qui tantôt l'aide à tra‐ verser l'épreuve, tantôt lui nuit, de même qu’une per‐ sonnificat­ion du chevreuil im‐ pliqué dans son accident.

C'est une manière de rendre ça ludique, d'amener de l'humour, de créer de la distance, explique Elaine Ju‐ teau.

Replonger dans ce coup du sort est aussi l’occasion pour l’autrice de mettre en lumière la fragilité de la femme dans cette société de performanc­e.

On veut se relever vite. [...] Et dans le cadre d'une commotion cérébrale, ce n'est pas nécessaire­ment la meilleure stratégie à adopter, fait valoir Elaine Juteau. L’ar‐ tiste conseille plutôt de ralen‐ tir, de prendre du temps pour se reconstrui­re pour que les connexions neuro‐ nales se fassent mieux.

Une expérience multi‐ sensoriell­e

Avoir une commotion cé‐ rébrale, c'est comme avoir une panne d'électricit­é. Ça a beau avoir son petit côté ro‐ mantique, je vous jure que ce n’est pas pratique, déclame le personnage interprété par Elaine Juteau.

Pour que les spectateur­s prennent conscience de ce qu’implique une telle épreuve, la vidéo, l’éclairage et le son ont été savamment pensés.

Les conception­s n'arrivent pas juste comme un soutien, mais [sont] réellement une partie intégrante de l'oeuvre complète, souligne le comet‐ teur en scène du spectacle, Louis-Philippe Roy.

Suggérant une texture ou une saison, les vidéos viennent aussi illustrer l'état d'esprit du personnage prin‐ cipal.

La lumière, parfois aveu‐ glante, vient rappeler que dans le cas d’une commo‐ tion, la luminosité peut nous apparaître déstabilis­ante ou vertigineu­se, commente le Gatinois.

Quant à la musique, elle vient s’ajouter à la partition pour suggérer des émotions et renforcer certaines scènes.

On ne peut pas vivre que par les yeux. Les autres sens sont aussi interpellé­s

Louis-Philippe Roy, comet‐ teur en scène de la pièce

Dans la nuit ou était-ce plutôt le matin

Une spécialist­e en mouve‐ ment, Laurence Castonguay Emery, a par ailleurs été solli‐ citée pour décortique­r le corps et accompagne­r les in‐ terprètes dans certains mo‐ ments du spectacle, poursuit Louis-Philippe Roy.

Résultat : un plongeon d’une heure et quart dans une leçon de résilience pou‐ vant s’appliquer à d’autres enjeux de vie. Un spectacle qui nous fait du bien et en‐ courage à prendre soin de soi, estime Elaine Juteau.

Du texte à la scène, en passant par le court mé‐ trage

Écrit au départ comme un grand monologue, le texte d’Elaine Juteau a d’abord été adapté sous forme de court métrage durant la pandémie, avant d’être revisité une se‐ conde fois, mais pour le théâtre.

Je viens d'une école inter‐ disciplina­ire. Les projets sont souvent amenés à trouver leur propre forme, donc de voyager d'un court métrage au théâtre, à un livre, énu‐ mère Elaine Juteau.

Cette dernière précise qu’un balado pourrait égale‐ ment voir le jour.

Avec des informatio­ns de Marie-Eve Dumulong

Pour y aller

Dans la nuit ou était-ce plutôt le matin Studio B de la Nouvelle Scène Jusqu’au 23 mars, à 19 h 30

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