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« Va falloir sortir dans la rue » : les pêcheurs excédés par la lenteur du MPO

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L’associatio­n qui repré‐ sente les pêcheurs des Ma‐ ritimes dit que ceux-ci en ont assez d’être mal traités par Pêches et Océans Ca‐ nada.

Au congrès annuel qui s’est tenu cette semaine à Moncton, des membres de l’Union des pêcheurs des Ma‐ ritimes (UPM) ont dit à plu‐ sieurs reprises que des moyens de pression plus cos‐ tauds devaient être envisa‐ gés, a écrit le groupe dans un communiqué, jeudi.

Ces pêcheurs disent en avoir ras le bol d’être ignorés par le fédéral. Le dialogue avec le gouverneme­nt est rompu, selon Réjean Co‐ meau, le président de l'UPM.

On voit que le gouverne‐ ment tourne autour du pot, ne prend aucune décision, ne consulte pas, a-t-il affirmé. On voit que le gouverneme­nt ne fait pas son travail. Les pê‐ cheurs sont tannés de ne pas être écoutés.

L’insatisfac­tion règne au sujet de plusieurs dossiers. L’union déplore notamment ce qu’elle appelle des en‐ tentes cachées entre le gou‐ vernement et les Premières Nations qui excluent les pê‐ cheurs côtiers.

Une mauvaise gestion par le ministère des Pêches et des Océans (MPO) de cer‐ tains prédateurs, comme le bar rayé et le phoque gris, met en danger certaines es‐ pèces et l’avenir de plusieurs pêches, comme celles du ma‐ quereau et du hareng, sou‐ tient l’UPM.

Enfin, l’associatio­n accuse le gouverneme­nt de man‐ quer de courage quand vient le temps de faire respecter ses propres règles contre le braconnage.

S'il n'y pas de progrès dès ce printemps, ils sont prêts à prendre les grands moyens, prévient Réjean Comeau.

Si y’a rien qui bouge, va falloir sortir dans la rue. Faire des choses pacifiques, quand même. Mais s'il faut bloquer des entrées, paralyser des choses, on va le faire.

Réjean Comeau, président de l'Union des pêcheurs des Maritimes

L’UPM dit avoir privilégié la voie de la négociatio­n de‐ puis des années, pour se bu‐ ter à la lenteur du MPO et au manque de considérat­ion du

gouverneme­nt.

Le député local veut des décisions plus rapides

Le député fédéral d'Aca‐ die-Bathurst, Serge Cormier, soutient que sa collègue mi‐ nistre des Pêches, Diane Le‐ bouthillie­r, travaille déjà fort sur certains dossiers chers à l’UPM.

Il faudrait que les déci‐ sions soient prises plus rapi‐ dement. Il faudrait que la mi‐ nistre soit informée plus rapi‐ dement.

Serge Cormier, député fé‐ déral d'Acadie-Bathurst

On peut pas penser que cette industrie-là peut se vi‐ rer sur un 10 cents, dit le dé‐ puté. Il est quand même d’ac‐ cord avec les pêcheurs qui trouvent que les décisions viennent trop lentement.

Par communiqué, la mi‐ nistre Lebouthill­ier affirme qu’elle a eu l’occasion de par‐ ler aux gens de l’UPM par vi‐ déoconfére­nce cette se‐ maine. Elle assure qu’elle a l’intention de garder les voies de communicat­ion ouvertes.

D’après le reportage de Mariève Bégin

de dollars.

En revanche, la cimenterie de Joliette est connue pour ses infrastruc­tures désuètes. Elle serait sur le point d'être vendue et le nouveau pro‐ priétaire devra investir des fonds pour mettre les instal‐ lations à la page.

La controvers­ée cimente‐ rie McInnis, en Gaspésie, a en revanche des installati­ons ré‐ centes, mais tous secteurs confondus, c'est l'usine qué‐ bécoise qui produit le plus de gaz à effet de serre, près de 1,4 million de tonnes en 2022.

Biomasse et capture du carbone

Dans un courriel transmis à Radio-Canada, la porte-pa‐ role de la cimenterie McInnis, Lyse Teasdale, affirme que l'entreprise entend respecter les cibles imposées par le gouverneme­nt et qu’elle va produire une feuille de route d’ici le 1er mai.

Comme Lafarge, la cimen‐ terie explore la piste des in‐ grédients alternatif­s et elle a déjà intégré une plus grande quantité de calcaire brut dans 80 % de sa production.

McInnis envisage égale‐ ment une autre option : le re‐ cours à des combustibl­es à faible teneur en carbone pour alimenter ses fours. L’entreprise compte d’ailleurs demander cette année un permis pour utiliser de la bio‐ masse, une matière qui pro‐ viendrait en grande partie des forêts gaspésienn­es.

Une promesse attendue avec impatience depuis plu‐ sieurs années, rappelle le mi‐ litant environnem­entaliste Pascal Bergeron, également porte-parole de l’organisme gaspésien Environnem­ent Vert Plus.

Il note que l'utilisatio­n de combustibl­es alternatif­s car‐ boneutres pourrait réduire les émissions de GES de 10 à 20 %.

Ce serait un gain margi‐ nal, mais non négligeabl­e, se‐ lon le professeur Arezki Tga‐ nit-Hamou, parce que les combustibl­es actuels sont souvent très polluants.

Il s’agit en majorité de combustibl­es fossiles comme le pétrole ou le charbon, mais aussi de déchets indus‐ triels tels que des huiles usées, des résidus de constructi­on ou des pneus.

Le captage du carbone est une autre option régulière‐ ment évoquée par l’industrie. Des technologi­es existent, mais la rentabilit­é est loin d’être assurée, selon M. Ta‐ gnit-Hamou, qui s’attend à des coûts de stockage et de transport très élevés. C'est pourquoi il miserait plutôt pour la réduction à la source.

Limiter béton l’utilisatio­n du

Comme souvent dans la lutte contre les GES, une des solutions les plus évidentes demeure de réduire la consommati­on. C'est le nerf de la guerre, selon le cher‐ cheur.

Il invite d'ailleurs les archi‐ tectes et les ingénieurs à prioriser des modèles qui exigent une moins grande quantité de ciment, c'est-àdire des structures élancées et le recours à des bétons plus performant­s.

Un point de vue que par‐ tage Pascal Bergeron. Il sou‐ haiterait l’adoption d’un plan de sortie du béton au Qué‐ bec. C'est le rôle du politique, dit-il, et c'est la job qui ne se fait pas en ce moment.

Si on n’intervient pas en amont sur la consommati­on, on ne réglera jamais le pro‐ blème.

Pascal Bergeron, porteparol­e de l’organisme Envi‐ ronnement Vert Plus

Par ailleurs, M. Bergeron estime que la bourse du car‐ bone permettrai­t déjà de contraindr­e les cimenterie­s à réduire leurs émissions de GES.

Le problème, soutient-il, c'est que le gouverneme­nt québécois leur a offert un statut spécial avec de très faibles redevances, l'objectif étant de ne pas les pénaliser face à la concurrenc­e étran‐ gère.

Avec le modèle affairiste qu'on nous propose, l'entre‐ prise privée va s'autorégule­r, déplore Pascal Bergeron.

Face au laxisme de Qué‐ bec, ses attentes sont désor‐ mais limitées. Il regrette que le gouverneme­nt demande aux cimenterie­s de présenter leur propre plan de match d'ici le mois de mai, plutôt que d'imposer des mesures coercitive­s.

Est ce que ça va donner quelque chose? Est-ce qu’il va vraiment y avoir des consé‐ quences? s’interroge-t-il. On trouve que c’est assez peu convaincan­t.

Dans les prochains mois, Québec a l'intention d'établir des seuils d'émission de GES pour les cimenterie­s et, en cas de non-respect, il y aura des conséquenc­es pécu‐ niaires importante­s, assure Mélina Jalbert, attachée de presse du ministre de l'Envi‐ ronnement Benoit Charette.

Le Québec vise, d’ici 2030, une réduction de 37,5 % des émissions de GES par rap‐ port à leur niveau de 1990 et la carboneutr­alité pour 2050.

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