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Nouvelles exigences fédérales pour les logiciels potentiell­ement intrusifs

- Brigitte Bureau

Une directive fédérale plus musclée qui obligerait les ministères à évaluer l'im‐ pact sur la vie privée de certaines nouvelles techno‐ logies sera prête cet été, promet la présidente du Conseil du Trésor, Anita Anand. Toutefois, le gou‐ vernement fédéral ne s’en‐ gage pas pour l'instant à en faire une obligation juri‐ dique comme clament. contraigna­nte, plusieurs le ré‐

La ministre Anand compa‐ raissait jeudi devant un co‐ mité parlementa­ire qui se penche sur l'utilisatio­n au fé‐ déral d'outils capables d'ex‐ traire toutes les données de téléphones cellulaire­s et d'or‐ dinateurs.

Oui, il y a un problème, a reconnu la ministre devant le Comité permanent de l'accès à l'informatio­n, de la protec‐ tion des renseignem­ents per‐ sonnels et de l'éthique.

C'est pourquoi nous révi‐ sons notre directive, a-t-elle annoncé.

La directive fédérale en question exige en ce moment que les organismes fédéraux évaluent les risques pour la vie privée avant de lancer tout nouveau programme ou activité qui comporte la col‐ lecte ou le traitement de ren‐ seignement­s personnels.

Le témoignage de la mi‐ nistre Anand survient dans la foulée des révélation­s de Ra‐ dio-Canada, en novembre dernier, selon lesquelles plu‐ sieurs ministères et agences n'avaient pas effectué de telles évaluation­s avant d'uti‐ liser des instrument­s d'ex‐ traction de données.

Ces outils permettent de déverrouil­ler les cellulaire­s et les ordinateur­s, même s’ils sont protégés par un mot de passe ou par une empreinte digitale, et d’accéder à toutes leurs données, y compris celles qui sont cryptées. Cela peut comprendre les cour‐ riels, les messages textes, les contacts, les photos et l’histo‐ rique des déplacemen­ts.

Plusieurs ministères disent utiliser ces outils lors d'enquêtes avec mandat. D'autres les emploient aussi sans mandat pour mener des enquêtes internes lorsque des fonctionna­ires sont soupçonnés de fautes.

Certains ministères ont expliqué plus tôt devant le même comité parlementa­ire qu'ils n'avaient pas jugé né‐ cessaire d'évaluer l’impact sur la vie privée des outils d'extraction de données parce qu'une évaluation avait déjà été faite pour l'en‐ semble de leurs programmes d'enquête, il y a plusieurs an‐ nées.

Cependant, pour plu‐ sieurs membres du Comité, une directive - même renfor‐ cée - ne suffit pas. C'est le cas du député bloquiste René Vil‐ lemure.

Allez-vous, oui ou non, in‐ clure les évaluation­s des fac‐ teurs relatifs à la vie privée dans la loi? a-t-il demandé à la ministre.

Une obligation juridique inscrite dans la Loi sur la pro‐ tection des renseignem­ents personnels est nécessaire, selon lui, pour garantir la conformité des organismes fédéraux.

Il n'est pas le seul à récla‐ mer un tel changement. Lors de leur passage devant le co‐ mité parlementa­ire, le com‐ missaire à la protection de la vie privée, des leaders syndi‐ caux ainsi qu’un expert en communicat­ions et en vie privée ont tenu des propos semblables.

La ministre Anand affirme que des pourparler­s sont en cours à ce sujet avec le mi‐ nistre de la Justice, Arif Virani, mais qu'il est trop tôt pour se prononcer.

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