Des gens d’affaires veulent la levée du moratoire sur la fracturation hydraulique au N.-B.
Certaines personnes du mi‐ lieu des affaires exhortent le gouvernement du Nou‐ veau-Brunswick à dévelop‐ per davantage les res‐ sources naturelles, entre autres les gisements de gaz naturel. Ils demandent la levée du moratoire sur la fracturation hydraulique en place dans la province depuis 2014.
Le PDG du Conseil écono‐ mique du Nouveau-Bruns‐ wick, Gaëtan Thomas, plaide pour que la province déve‐ loppe davantage ses res‐ sources minières et gazières, dont le gaz de schiste.
Au Nouveau-Brunswick, c'est le développement du gaz naturel qui est la plus grande opportunité.
Gaëtan Thomas, PDG du Conseil économique du N.-B.
Gaëtan Thomas croit que l'exploitation du gaz naturel permettrait un boom de l'économie de la province.
Ça va aider beaucoup d'entreprises, le gouverne‐ ment et je crois sincèrement que ça va aider les Premières Nations, dit Gaëtan Thomas.
Il soutient que la province ne peut pas se permettre de continuer à tourner le dos à ses ressources alors que les besoins sont énormes.
Ça changerait bien des choses pour le NouveauBrunswick. On a de la diffi‐ culté à fournir des services en santé et en éducation de premier plan. On a besoin d'acheter de nouveaux sys‐ tèmes et de nouveaux équi‐ pements, dit-il.
Le Nouveau-Brunswick a connu par le passé une vive opposition à la fracturation hydraulique. Cette technique, qui fait l'objet de vives cri‐ tiques aux quatre coins du monde, fissure la roche via des injections d'eau à très haute pression dans le sol. Elle permet ensuite d'aller ré‐ cupérer le gaz de schiste qui s'y trouve.
En 2013, des émeutes avaient eu lieu dans le comté de Kent. Des autopatrouilles ont été incendiées et une vingtaine de personnes ont été arrêtées. Depuis, un mo‐ ratoire sur la fracturation hy‐ draulique a été imposé indé‐ finiment en raison notam‐ ment du manque d'accepta‐ bilité sociale.
Levée du moratoire sur la fracturation hydraulique
Gaëtan Thomas pense que les temps ont changé.
On peut lever le mora‐ toire, mais en ayant de la ri‐ gueur environnementale. [...] Un moratoire, c'était pas fait pour être permanent la façon dont j'avais compris ça. On parle quand même de di‐ zaine de milliards au fil des ans qui pourraient être injec‐ tés dans la province, pour‐ suit-il.
L'ancien patron d'Énergie Nouveau-Brunswick pense aussi que le gaz naturel pour‐ rait servir d'énergie de transi‐ tion. Si la province veut at‐ teindre la carboneutralité d'ici 2050, conformément aux objectifs d'Ottawa, le Nouveau-Brunswick devra produire de l'hydrogène mais tous les experts disent que l'hydrogène passe par le gaz naturel. .
Le PDG de la compagnie d'exploration minière Major Drilling International, qui est présent dans une quinzaine de pays pour y faire de l'ex‐ ploration minière, va plus loin.
Denis Larocque estime qu’il faut non seulement le‐ ver le moratoire sur la fractu‐ ration hydraulique, mais aussi développer l'uranium. Ce métal, qui sert à alimenter les centrales nucléaires, est frappé par une interdiction d'exploration et d'exploita‐ tion depuis 2008 au Nou‐ veau-Brunswick.
Si les ressources sont là les gens vont venir mais tout de suite on a la pancarte "fer‐ mée" sur la porte donc les gens vont ailleurs, estime De‐ nis Larocque.
Une exploration
Ce plaidoyer trouve des appuis auprès du vice-pré‐ sident de Liberty Utilities, Gilles Volpé, aussi membre du Conseil d'administration du Conseil économique du N.-B.
Liberty Utilities est le prin‐ cipal distributeur de gaz na‐ turel dans la province. L'en‐ treprise compte 12 500 clients dans 14 communau‐ tés.
Si le moratoire sur la frac‐ turation hydraulique venait à être levé, Gilles Volpé pour‐ rait être acheteur de ce gaz de schiste si c'était à un coût abordable et comparable à ce qu'on est capable d'ache‐ ter aujourd'hui au niveau du gaz naturel.
Le gaz naturel distribué par l'entreprise vient princi‐ palement de l'Alberta et de la Nouvelle-Angleterre, une in‐ fime partie du NouveauBrunswick produit par l'en‐ treprise Headwater Explora‐ tion dans la région de Sus‐ sex.
Il est également en faveur d'une levée du moratoire, mais pour faire de l'explora‐ tion dans un premier temps.
Selon lui, il faudrait refaire les travaux d'exploration et des études de faisabilité pour confirmer la taille des gise‐ ments.
Si y a des réserves de gaz naturels qui sont ce qu'on croit alors on se doit de faire de l'exploration pour un confirmé que c'est bien là et deux qu’on peut l'extraction de ce gaz à un coût d'exploi‐ tation abordable et compéti‐ tif au niveau mondial. Nous, on supporte ça parce que ça peut être économiquement abordable et a le potentiel de réduire les coûts d'énergie au Nouveau-Brunswick, dit-il.
L’acceptabilité sociale
Ces gens d'affaires conviennent que ces indus‐ tries n'ont pas bonne presse, mais qu'il est nécessaire de les développer.
Sur le gaz naturel, les choses ont énormément changé au cours des années. Les procédures ont énormé‐ ment changé dans l'industrie et je pense qu'on devrait re‐ garder ça pour avoir un point de vue éclairé, dit Denis La‐ rocque, PDG de Major Drilling International.
Pour Gaëtan Thomas , il y a encore une voie vers l'ac‐ ceptabilité sociale de cette ressource, mais elle passe par les communautés au‐ tochtones.
Il faut s'assurer que les bénéfices sont partagés de façon équitable et que le gaz naturel est développé de fa‐ çon responsable, dit-il.
Le ministère des Res‐ sources naturelles et de l'Énergie confirme dans une déclaration que le moratoire [sur la fracturation hydrau‐ lique] reste en vigueur et qu'il n'y a pas eu de change‐ ments récents et que l'extrac‐ tion d'uranium est toujours interdite dans la province.