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Des gens d’affaires veulent la levée du moratoire sur la fracturati­on hydrauliqu­e au N.-B.

- Nicolas Steinbach

Certaines personnes du mi‐ lieu des affaires exhortent le gouverneme­nt du Nou‐ veau-Brunswick à dévelop‐ per davantage les res‐ sources naturelles, entre autres les gisements de gaz naturel. Ils demandent la levée du moratoire sur la fracturati­on hydrauliqu­e en place dans la province depuis 2014.

Le PDG du Conseil écono‐ mique du Nouveau-Bruns‐ wick, Gaëtan Thomas, plaide pour que la province déve‐ loppe davantage ses res‐ sources minières et gazières, dont le gaz de schiste.

Au Nouveau-Brunswick, c'est le développem­ent du gaz naturel qui est la plus grande opportunit­é.

Gaëtan Thomas, PDG du Conseil économique du N.-B.

Gaëtan Thomas croit que l'exploitati­on du gaz naturel permettrai­t un boom de l'économie de la province.

Ça va aider beaucoup d'entreprise­s, le gouverne‐ ment et je crois sincèremen­t que ça va aider les Premières Nations, dit Gaëtan Thomas.

Il soutient que la province ne peut pas se permettre de continuer à tourner le dos à ses ressources alors que les besoins sont énormes.

Ça changerait bien des choses pour le NouveauBru­nswick. On a de la diffi‐ culté à fournir des services en santé et en éducation de premier plan. On a besoin d'acheter de nouveaux sys‐ tèmes et de nouveaux équi‐ pements, dit-il.

Le Nouveau-Brunswick a connu par le passé une vive opposition à la fracturati­on hydrauliqu­e. Cette technique, qui fait l'objet de vives cri‐ tiques aux quatre coins du monde, fissure la roche via des injections d'eau à très haute pression dans le sol. Elle permet ensuite d'aller ré‐ cupérer le gaz de schiste qui s'y trouve.

En 2013, des émeutes avaient eu lieu dans le comté de Kent. Des autopatrou­illes ont été incendiées et une vingtaine de personnes ont été arrêtées. Depuis, un mo‐ ratoire sur la fracturati­on hy‐ draulique a été imposé indé‐ finiment en raison notam‐ ment du manque d'accepta‐ bilité sociale.

Levée du moratoire sur la fracturati­on hydrauliqu­e

Gaëtan Thomas pense que les temps ont changé.

On peut lever le mora‐ toire, mais en ayant de la ri‐ gueur environnem­entale. [...] Un moratoire, c'était pas fait pour être permanent la façon dont j'avais compris ça. On parle quand même de di‐ zaine de milliards au fil des ans qui pourraient être injec‐ tés dans la province, pour‐ suit-il.

L'ancien patron d'Énergie Nouveau-Brunswick pense aussi que le gaz naturel pour‐ rait servir d'énergie de transi‐ tion. Si la province veut at‐ teindre la carboneutr­alité d'ici 2050, conforméme­nt aux objectifs d'Ottawa, le Nouveau-Brunswick devra produire de l'hydrogène mais tous les experts disent que l'hydrogène passe par le gaz naturel. .

Le PDG de la compagnie d'exploratio­n minière Major Drilling Internatio­nal, qui est présent dans une quinzaine de pays pour y faire de l'ex‐ ploration minière, va plus loin.

Denis Larocque estime qu’il faut non seulement le‐ ver le moratoire sur la fractu‐ ration hydrauliqu­e, mais aussi développer l'uranium. Ce métal, qui sert à alimenter les centrales nucléaires, est frappé par une interdicti­on d'exploratio­n et d'exploita‐ tion depuis 2008 au Nou‐ veau-Brunswick.

Si les ressources sont là les gens vont venir mais tout de suite on a la pancarte "fer‐ mée" sur la porte donc les gens vont ailleurs, estime De‐ nis Larocque.

Une exploratio­n

Ce plaidoyer trouve des appuis auprès du vice-pré‐ sident de Liberty Utilities, Gilles Volpé, aussi membre du Conseil d'administra­tion du Conseil économique du N.-B.

Liberty Utilities est le prin‐ cipal distribute­ur de gaz na‐ turel dans la province. L'en‐ treprise compte 12 500 clients dans 14 communau‐ tés.

Si le moratoire sur la frac‐ turation hydrauliqu­e venait à être levé, Gilles Volpé pour‐ rait être acheteur de ce gaz de schiste si c'était à un coût abordable et comparable à ce qu'on est capable d'ache‐ ter aujourd'hui au niveau du gaz naturel.

Le gaz naturel distribué par l'entreprise vient princi‐ palement de l'Alberta et de la Nouvelle-Angleterre, une in‐ fime partie du NouveauBru­nswick produit par l'en‐ treprise Headwater Explora‐ tion dans la région de Sus‐ sex.

Il est également en faveur d'une levée du moratoire, mais pour faire de l'explora‐ tion dans un premier temps.

Selon lui, il faudrait refaire les travaux d'exploratio­n et des études de faisabilit­é pour confirmer la taille des gise‐ ments.

Si y a des réserves de gaz naturels qui sont ce qu'on croit alors on se doit de faire de l'exploratio­n pour un confirmé que c'est bien là et deux qu’on peut l'extraction de ce gaz à un coût d'exploi‐ tation abordable et compéti‐ tif au niveau mondial. Nous, on supporte ça parce que ça peut être économique­ment abordable et a le potentiel de réduire les coûts d'énergie au Nouveau-Brunswick, dit-il.

L’acceptabil­ité sociale

Ces gens d'affaires conviennen­t que ces indus‐ tries n'ont pas bonne presse, mais qu'il est nécessaire de les développer.

Sur le gaz naturel, les choses ont énormément changé au cours des années. Les procédures ont énormé‐ ment changé dans l'industrie et je pense qu'on devrait re‐ garder ça pour avoir un point de vue éclairé, dit Denis La‐ rocque, PDG de Major Drilling Internatio­nal.

Pour Gaëtan Thomas , il y a encore une voie vers l'ac‐ ceptabilit­é sociale de cette ressource, mais elle passe par les communauté­s au‐ tochtones.

Il faut s'assurer que les bénéfices sont partagés de façon équitable et que le gaz naturel est développé de fa‐ çon responsabl­e, dit-il.

Le ministère des Res‐ sources naturelles et de l'Énergie confirme dans une déclaratio­n que le moratoire [sur la fracturati­on hydrau‐ lique] reste en vigueur et qu'il n'y a pas eu de change‐ ments récents et que l'extrac‐ tion d'uranium est toujours interdite dans la province.

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