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Quarante personnes perdent leur emploi chez Elkem Métal

- Souhaite rencontrer Elkem

Elkem Métal met en veilleuse son projet de dé‐ veloppemen­t de briquettes de biocarbone. Cette déci‐ sion entraîne la perte de 40 emplois dans son usine pi‐ lote de Chicoutimi.

Les briquettes de biocar‐ bone sont conçues à partir de biomasse forestière et se veulent une solution de rem‐ placement pour le charbon métallurgi­que, qui est plus polluant. L’entreprise norvé‐ gienne a annoncé jeudi ma‐ tin que le projet retourne à l’étape de la recherche en rai‐ son de problèmes liés à la production à grande échelle.

Des membres du person‐ nel technique, administra­tif et scientifiq­ue sont touchés parmi les 40 personnes qui perdent leur emploi, sur les 50 que compte l'usine pilote, dont les opérations sont sus‐ pendues.

L’usine de production de ferrosilic­ium d'Elkem Métal, qui est située sur le chemin de la Réserve à Chicoutimi, n’est cependant pas touchée. Une centaine de personnes y travaillen­t.

Rentabilis­er la produc‐ tion

Elkem affirme qu'elle par‐ vient à produire des bri‐ quettes de qualité, mais qu'elle doit trouver une façon rentable de produire les bri‐ quettes à grande échelle.

Plusieurs essais ont été faits depuis le démarrage de l'usine, a expliqué le pré‐ sident d'Elkem Canada, Jean Villeneuve, qui est également directeur de la division Bio‐ carbone de l'entreprise.

Ça fait 18 mois, à peu près, qu'on qu'on démarre les équipement­s, puis à chaque fois qu'on démarre, on opère une partie, peutêtre une semaine, deux se‐ maines, trois semaines. Après ça, il faut arrêter, il faut réparer, il faut changer les choses, il y a des choses qui ne fonctionne­nt pas. Puis, il faut redémarrer, ça fait que c'est très coûteux et c'est aussi difficile pour toute l'équipe, a-t-il indiqué, en en‐ trevue.

Elkem retourne donc à table à dessin pour repenser l'ingénierie du projet et se concentrer sur la recherche et le développem­ent du pro‐ cédé de fabricatio­n.

M. Villeneuve demeure convaincu que son équipe pourra optimiser le procédé. On va réussir, c'est jusque là, il faut prendre un peu de re‐ cul, puis ça va juste être un peu plus long, parce qu'on va trouver des solutions, a-t-il affirmé.

Promotion Saguenay

Le projet d'usine pilote de biocarbone avait été an‐ noncé en septembre 2020, mais son lancement avait été retardé par la pandémie.

L’objectif initial était de ré‐ duire de 40 % les 100 000 tonnes de gaz à effet de serre émises par l'usine de Chicoutimi en utilisant les briquettes de biocarbone plutôt que le charbon métal‐ lurgique.

Lors du dévoilemen­t du projet, Québec et Ottawa avaient annoncé une aide fi‐ nancière de près de 12 M$ et de 5 M$ respective­ment, pour un total de 17 M$, pour soutenir le projet d'usine qui a été réévalué par la suite à 26 M$.

Promotion Saguenay avait de son côté annoncé un sou‐ tien financier de 300 000 $, sous forme de versements qui suivent les phases d'évo‐ lution du projet. Jusqu'à maintenant, 100 000 $ ont été versés.

La directrice de Promo‐ tion Saguenay, Priscilla Ne‐ mey, a indiqué jeudi que son organisati­on est déçue et at‐ tristée par la nouvelle. Une rencontre aura lieu avec les dirigeants d'Elkem pour faire le point sur les besoins de l'entreprise.

Il va y avoir une rencontre avec les promoteurs prochai‐ nement, pour justement voir comment on peut les accom‐ pagner dans la suite des choses. On souhaite demeu‐ rer partenaire, donc voir s'il y a des pistes de solution.

Priscilla Nemey, directrice générale de Promotion Sa‐ guenay

La qualité de l'approvi‐ sionnement, un enjeu

Sans

pouvoir

s'avancer sur le procédé utilisé par El‐ kem Métal, le codirecteu­r de la Chaire en éco-conseil de l'Université du Québec à Chi‐ coutimi, Patrick Faubert, sou‐ ligne que la qualité de l'ap‐ provisionn­ement en bio‐ masse représente un enjeu dans le processus de fabrica‐ tion du biocarbone.

Ce défi demeure le même, que les produits soient desti‐ nés au domaine métallur‐ gique, ou comme produit fer‐ tilisant en agricultur­e.

Il faut avoir un intrant qui va être de caractéris­tique constante. Alors, ça peut être un défi, d’obtenir des résidus forestiers ou agricoles avec des caractéris­tiques qui de‐ meurent semblables dans le temps, pour pouvoir utiliser par la suite les mêmes condi‐ tions de production dans l’usine pour produire un bio‐ char, donc un extrant, qui a des propriétés similaires à chaque fois qu’on le produit.

Patrick Faubert, codirec‐ teur de la Chaire en écoconseil de l'UQAC

Malgré les difficulté­s liées à la recherche et au dévelop‐ pement de ce produit, le chercheur demeure convaincu de l'intérêt du bio‐ carbone dans la lutte aux changement­s climatique­s et de son potentiel économique pour la région.

Avec les informatio­ns de Laurie Gobeil et de Myriam Gauthier

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