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Recommandé il y a 20 ans, le système de répartitio­n des ambulances arrive enfin à Ottawa

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Les répartiteu­rs d'ambu‐ lances d'Ottawa dispose‐ ront bientôt d'un nouvel outil qui leur permettra de mieux trier les appels et d'atteindre plus rapide‐ ment les patients priori‐ taires.

Le Code de priorité de ré‐ partition figure sur la liste des souhaits de la Ville de‐ puis la fusion, et cela fait 20 ans qu'une enquête du coro‐ ner sur la mort d'Alice Martin, 75 ans, a recommandé son installati­on immédiate.

Le chef du Service para‐ médic d'Ottawa, Pierre Poi‐ rier, a déclaré jeudi aux membres du comité de la protection civile et des ser‐ vices de protection que le système sera finalement opé‐ rationnel le 10 avril.

Cela devrait se faire sans heurts, sans accroc ou quoi que ce soit d’autre en ce qui a trait à notre capacité d’offrir des services à la collectivi­té, a-t-il dit en rayonnant de toutes parts.

Le retard vient du fait que seul le ministère de la Santé de l’Ontario peut approuver le changement, qui a adopté une approche lente pour l’ex‐ pansion à l’extérieur de To‐ ronto.

La province a commencé par un projet pilote de cinq ans dans la région de Nia‐ gara, avant de décider d’accé‐ lérer le déploiemen­t en 2017 en ajoutant Mississaug­a, Ke‐ nora et Thunder Bay à la liste.

Il y a eu pas mal de négo‐ ciations pour faire en sorte que la Ville d’Ottawa soit la prochaine sur la liste, parce qu’au départ, nous avions en‐ core trois ou quatre ans de‐ vant nous, affirme M. Poirier, en prenant soin de ne pas critiquer directemen­t le gou‐ vernement provincial.

Instrument contondant

Selon M. Poirier, l'ancien système est un instrument contondant qui donne une priorité excessive à la majo‐ rité des appels.

Il affirme que le système accorde la plus haute priorité à 77 % des appels, même si les ambulancie­rs paramédi‐ caux sur le terrain estiment que ce pourcentag­e se rap‐ proche de 10 à 15 %.

Le nouveau système utili‐ sera cinq niveaux au lieu de deux, le code rouge le plus grave devant constituer seulement 2 % des appels.

M. Poirier a mentionné jeudi le cas troublant d'Alice Martin, où une ambulance qui se rendait à son chevet a été détournée vers un appel qui semblait être aussi grave, mais qui ne l'était pas.

Elle faisait une crise car‐ diaque et elle avait de la diffi‐ culté à respirer lorsqu’elle a composé le 911.

Je ne dis pas que [le nou‐ veau système] aurait changé le résultat de cet événement, mais, c’est possible, dit M. Poirier.

Les appels moins graves peuvent donner lieu à des attentes plus longues

Les répartiteu­rs ont suivi 100 heures de formation au nouveau système, qui les oblige à poser des questions plus détaillées.

Lorsqu'une personne ne respire plus, une ambulance est envoyée immédiatem­ent.

Dans les autres cas, les appelants doivent s'attendre à rester plus longtemps au téléphone.

L'élément important que nous devons communique­r à la communauté est que les appels ne mettant pas la vie en danger peuvent attendre plus longtemps, et c'est là notre défi. Cela peut se pro‐ duire parce que nous rete‐ nons une ressource, afin de pouvoir répondre à l'appel au 911 d'une personne en arrêt cardiaque, indique M. Poirier.

D'ici au lancement du nouveau système, le service paramédica­l s'efforcera de mieux préparer les appelants fréquents, comme les mai‐ sons de soins de longue du‐ rée et les maisons de re‐ traite.

M. Poirier confie qu'il pré‐ voyait de revenir au prin‐ temps avec de nouveaux dé‐ lais cibles, qui nécessiter­ont l'avis de la communauté. Il a pris l'exemple d'un doigt cassé, expliquant que les ré‐ sidents pourraient accepter d'attendre 30 minutes de plus, mais pas quatre heures.

C'est une question déli‐ cate, car lorsque quelqu'un appelle le 911, il s'agit d'une urgence pour cette per‐ sonne.

Pierre Poirier, chef des services paramédica­ux d'Ot‐ tawa

La pénurie d'ambu‐ lances pourrait encore se produire

Les conseiller­s munici‐ paux se réjouissen­t de ce changement et se de‐ mandent si cela signifiera­it moins de cas de niveau zéro où aucune ambulance n'est disponible pour répondre à un appel.

Le directeur général des services d’urgence à Ottawa, Kim Ayotte, affirme que les deux questions sont dis‐ tinctes.

Ce nouveau système de répartitio­n permettra de gé‐ rer les ressources de manière plus efficace, mais il ne s'atta‐ quera pas au principal fac‐ teur contribuan­t aux événe‐ ments de niveau zéro : les délais de déchargeme­nt des ambulances.

Si les ambulances ne ré‐ duisent pas leurs délais de déchargeme­nt, toutes nos ambulances seront peut-être à l'hôpital et, par consé‐ quent, cela ne servira à rien. Mais au moins, ici, la ville fait ce qu'elle peut pour gérer, at‐ ténuer, modifier et s'adapter au mieux lorsqu'elle est confrontée à des défis qui échappent à son contrôle, ré‐ pond Mme Ayotte.

Avec les informatio­ns d’Elyse Skura, de CBC News

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