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Chloé Thériault inspire avec humour grâce à son parcours scolaire en milieu minoritair­e

- Jimmy Chabot

Le Mois de la francophon­ie a été l’occasion pour la Sud‐ buroise Chloé Thériault de donner une seconde vie à son spectacle Sac d’École dans le Nord de l'Ontario avec des arrêts dans sept écoles secondaire­s, de Hearst jusqu’à New Lis‐ keard.

Il s'agit d'un spectacle qu’elle avait mis sur les ta‐ blettes depuis 2020, avant de le dépoussiér­er à la de‐ mande du Conseil scolaire catholique de district des Grandes Rivières.

Des arrêts étaient entre autres prévus à Timmins, Ka‐ puskasing, Kirkland Lake et Cochrane.

C’est un spectacle, on di‐ rait, qui ne voulait pas mou‐ rir. Peut-être c’est le spec‐ tacle que je vais faire toute ma vie. Tous les artistes en ont au moins un, blague-telle.

Dans son monologue, Chloé Thériault raconte son cheminemen­t dans une école secondaire de l’Ontario fran‐ çais où deux langues coexistent à l’école. L'anglais est considéré plus cool pour par‐ ler avec ses amis.

Je voulais aussi [faire com‐ prendre] que même si ton français est loin d’être parfait, ce n’est pas grave. Tu peux le parler quand même, souligne celle qui a assuré la première partie d'un spectacle de Ka‐ therine Levac à Sudbury en 2018.

Une fois que j’ai compris qu’être francophon­e, ça ne voulait pas dire ne faire au‐ cune erreur quand tu parles, mais vraiment que ça vienne de ton coeur. C’est là que ça a cliqué pour moi.

Chloé Thériault, humo‐ riste de Sudbury

Un message qui a trouvé des échos parmi les 600 élèves de l’École secondaire catholique Thériault de Tim‐ mins, dans ce spectacle pré‐ senté vendredi matin.

Julia Picard voit beaucoup de parallèles entre ce qu'elle observe dans les corridors de son école et ce que Chloé Thériault raconte.

Moi, je vais être honnête, je ne parle pas toujours en français avec mes amis. Je parle en anglais, admet l'élève.

Evan Nichols parle plutôt en anglais à la maison, comme seule sa mère s’ex‐ prime dans la langue de Mo‐ lière. Le message du spec‐ tacle a aussi résonné chez lui.

[Chloé] comprend ce qu’on vit comme franco‐ phone en milieu de situation minoritair­e [...]. Parfois c’est difficile de toujours parler le français. Il y a beaucoup de tentation de parler en an‐ glais, raconte l’élève de 12e année qui vient de remporter le prix Mordicus, récompen‐ sant un jeune engagé dans la francophon­ie de l'école Thé‐ riault.

Ce que Chloé Thériault ra‐ conte sur scène lui a rappelé des souvenirs du tournage au Québec de l'émission 100 Génies présentée sur ICI Télé. Le déclic d'être un fier franco‐ phone de Timmins s'est fait là pour lui.

Les gens au Québec sont comme fascinés par toi, ils ne savent pas qu’il y a du fran‐ çais ailleurs qu'au Québec. C’est vraiment spécial quand tout le monde veut te parler juste parce que ton français est un peu différent.

Evans Nichols

Il croit que l’histoire de Chloé va aider ses cama‐ rades de classe à trouver cette confiance pour parler en français.

Éric Létourneau, ensei‐ gnant en sciences, salue la manière dont l'humoriste uti‐ lise les arts de la scène pour aborder la dualité linguis‐ tique.

Une langue, je vois ça comme un organisme vivant. Il faut qu’on puisse rire en français, il faut qu’on pleure en français, il faut qu’on puisse avoir des émotions en français. Si on peut aller chercher les émotions des jeunes, c’est là où on va faire survivre une langue.

Éric Létourneau, ensei‐ gnant en sciences à l'école Thériault de Timmins

L'enseignant a animé en mars 2023 la période de questions et réponses avec l’astronaute David SaintJacqu­es.

Il a l'impression que les questions étaient plus nom‐ breuses pour Chloé Thériault que pour M. Saint-Jacques.

L’astronaute a des expé‐ riences auxquelles on ne peut pas toujours se ratta‐ cher. Aujourd’hui, une belle qualité de la présentati­on c’est que c’était très acces‐ sible, précise M. Létourneau.

As-tu des conseils pour les jeunes qui sont en train de perdre leur français? As-tu peur de perdre ton anglais? La francophon­ie pour toi, ça veut dire quoi?, voici quelques-unes des questions posées à Chloé Thériault par les élèves.

L'humoriste gardera long‐ temps le souvenir des jeunes de l’École secondaire catho‐ lique Thériault de Timmins et leur amour de la langue fran‐ çaise.

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