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Repenser les espaces urbains à travers le cinéma

- Véronique Morin

Le Festival de films sur l’ar‐ chitecture et le design qui se déroule cette semaine à Winnipeg permet au public de voir le patrimoine bâti de Winnipeg et d'ailleurs autrement, selon organisa‐ teurs.

Une des choses qui est vraiment spéciale avec le fes‐ tival, c’est que chaque pays, chaque culture, a ses propres idées sur l’architectu­re. Ils ont des besoins différents sur l’architectu­re et la culture et le design. Et c’est vraiment fantastiqu­e de venir ici au ci‐ néma pour regarder ce que les autres pensent, s’exclame Kaj Hasselriis, qui est impli‐ qué dans l’organisati­on du festival.

Plus de 20 longs-métrages de partout dans le monde sont présentés du 20 au 24 mars dans différente­s salles de cinéma de Winnipeg.

De plus, une projection de 12 courts-métrages est pré‐ vue samedi midi à la Cinéma‐ thèque Dave Barber. Il s’agit des production­s qui ont été sélectionn­ées dans le cadre du concours ArchiShort­s. Les cinéastes amateurs étaient invités à soumettre des films de moins de deux minutes portant sur l’architectu­re et le design.

Kaj Hasselriis est l’un des membres du jury du concours. Il est également maître de cérémonie pour le dévoilemen­t des courts-mé‐ trages gagnants.

Trente-six films ont été soumis dans le cadre d'Archi‐

Shorts et le tiers d'entre eux a été sélectionn­é pour la pro‐ jection finale.

Selon M. Hasselriis, la sé‐ lection variée de courts-mé‐ trages permet de donner un aperçu de différents aspects de la ville de Winnipeg.

Il y a une grande variété de sujets et de styles. Presque tous les films [ont été produits par] des Winni‐ pégois. Alors, c’est une op‐ portunité de regarder notre ville sous les yeux des autres, dit-il.

La photograph­e April Ca‐ randang espérait offrir une version embellie de certains lieux de la capitale manito‐ baine à travers son court-mé‐ trage Tiny Leaf, Tiny Forks.

L'artiste originaire des Phi‐ lippines a pris une série de photos à l'attraction horticole The Leaf et à La Fourche pour ensuite les assembler dans une séquence animée.

Son but avec ce film est de présenter des espaces qui ne sont pas la maison ou le travail. Il s'agit plutôt des es‐ paces où les gens peuvent se rassembler et socialiser. Elle a donc choisi deux de ces lieux qui sont les plus popu‐ laires à Winnipeg selon elle.

Je voulais présenter ces endroits de façon plus créa‐ tive, pour que les gens par‐ viennent à mieux les appré‐ cier,

April Carandang, créatrice du court-métrage Tiny Leaf, Tiny Forks

April Carandang a com‐ mencé à inclure les films d’animation à sa pratique ces dernières années. Il s’agit pour elle de créer du beau avec ses photograph­ies.

Dès que je trouve quelque chose qui serait beau non seulement en photo, mais aussi avec un peu de mouve‐ ment, j’en fais un court film d’animation, explique-t-elle.

Les espaces oubliés

Le concours ArchiShort­s a inspiré Brock Dueck et Ethan Billard Dooley à collaborer pour la création du film Bet‐ ween.

J’ai étudié en architectu­re et paysagemen­t, tandis qu’Ethan produit des films, explique Brock Dueck, c’est loin de ce que je fais norma‐ lement [...] mais c’était la par‐ faite intersecti­on pour nous deux.

Ces deux amis d’enfance originaire­s de Winnipeg ont voulu présenter dans leur film des espaces intermé‐ diaires, ces endroits qui se trouvent entre deux lieux et sont souvent ignorés.

Nous ne voulions pas seulement montrer les his‐ toires qui se passent à tra‐ vers et à l’intérieur des élé‐ ments d’architectu­re qui sont réfléchis pour créer des inter‐ actions, mais aussi parler d’endroits où on ne s’attend pas nécessaire­ment à ce qu’il y ait une histoire.

Brock Dueck, co-créateur du court-métrage Between

Le processus de tournage s’est fait de façon assez natu‐ relle, selon l’inspiratio­n du moment, selon Brock Dueck.

Il y avait beaucoup de mo‐ ments de conduite durant lesquels on décidait de s’arrê‐ ter quelque part pour voir quelque chose qui semblait intéressan­t, dit-il.

Les 45 minutes de tour‐ nage ont dû être réduites à deux minutes à peine. Le film qui en est ressorti a été sé‐ lectionné parmi les gagnants du concours.

La programmat­ion com‐ plète du Festival de films sur l'architectu­re et le design est disponible sur le site web du festival.

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pensé à elle. Or, la suite des choses a donné raison à l'ins‐ tinct de l'architecte.

Christine Beaulieu a épousé le défi et l’a porté avec conviction. Elle a jasé avec les gens qui lui ont spontanéme­nt parlé de leur rivière et des deux installa‐ tions hydroélect­riques qui sont sur la rivière Mitis, qui ne fonctionne­nt plus, et qui bloquent le passage des sau‐ mons.

Elle a fait ses recherches, a posé toutes ses questions, a été touchée par le destin de ces saumons, a écrit son histoire, s’est mise dans la peau du saumon et a pré‐ senté le tout sur scène dans les Jardins de Métis.

J'étais déjà consciente de notre responsabi­lité face aux autres espèces, mais de se mettre à la place d’une autre espèce, ça fait du bien, je trouve, dit-elle. On est la seule espèce sur terre qui peut agir sur le bien-être de toutes les autres espèces. Si on ne le fait pas, on manque à notre responsabi­lité.

Dans l’album qui reprend le texte de la pièce, le lecteur se glisse donc dans la peau de ces saumons, de véri‐ tables survivants, s’ils par‐ viennent à braver leur par‐ cours jusqu'au bout. Une his‐ toire qui fascine, qui rejoint toutes les génération­s, et qui est fort bien servie par les illustrati­ons de Caroline La‐ vergne.

Aujourd’hui que son his‐ toire a pris la forme d’un al‐ bum et qu'elle poursuivra sa vie sur les planches avec des prestation­s données à tra‐ vers le Québec, Christine Beaulieu est heureuse d’avoir dit oui à Pierre Thibault.

J’ai écrit toute seule dans mon coin, dans mon petit gite de Métis et c’est l’fun, ça a marché, dit-elle, large sou‐ rire. Là, je me produis moimême, je suis mon propre boss. Je l’ai écrit, je le joue, c’est mon affaire, j’engage qui je veux, je paye mes col‐ lègues super bien comme je pense que ça doit être. Ça me rend fière.

Cet été, en juillet, elle jouera de nouveau aux Jar‐ dins de Métis, puis à la Bio‐ sphère de Montréal, après quoi elle se produira à Ferme-Neuve, puis sera ac‐ compagnée d'un orchestre symphoniqu­e à Ottawa. J’at‐ tends l'invitation de Trois-Ri‐ vières!, lance-t-elle. Je suis de même, moi. Je fonctionne sur invitation.

À bon entendeur…

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Grand sourire et coeur gros

Dans les couloirs du sa‐ lon, elle circule avec un large sourire et le coeur gros. La se‐ maine prochaine, elle enterre sa mère adorée.

Incidemmen­t, dans le film que Christine Beaulieu va lancer samedi, l’équipe s'est servi de la photo de sa vraie mère pour camper aussi sa mère dans le film. Sur grand écran, elle la verra donc en photos, et dans de petits films Super 8 qui ont aussi été utilisés. Sort du destin, le film gagne les grands écrans vendredi soir, 22 mars, entre le décès et les funéraille­s.

Et justement. Dans ce sus‐ pense psychologi­que, Chris‐ tine Beaulieu interprète Louise Denoncourt, une agente de libération condi‐ tionnelle qui a perdu sa mère et qui en souffre profondé‐ ment. Or, elle travaille dans une aile expériment­ale pour réhabilite­r des criminels qui ont commis des meurtres par le biais de moult activi‐ tés, notamment le canot sur glace. C'est à cet endroit que Louise se retrouvera face à un nouveau détenu qui pour‐ rait bien être le meurtrier de sa mère.

C’est une propositio­n au‐ dacieuse. C’est un film sur la réhabilita­tion. Qu'est-ce qu’on fait avec nos hommes violents?, soulève l'actrice. Louise croit profondéme­nt à la réhabilita­tion et ça, c'était facile pour moi de le jouer parce que je crois aussi en la transforma­tion. Je crois qu’on peut tous travailler sur soi, peu importe le degré de nos difficulté­s, et qu'on peut tous se sortir de nos cycles soit de violence, soit de victimisa‐ tion, peu importe notre pa‐ thologie.

Elle confie d’ailleurs avoir elle-même été profondéme­nt transformé­e à la suite d’une thérapie qui a dénoué cer‐ tains noeuds.

La fonte des glaces est une métaphore de ça. Com‐ ment on casse la glace de ces hommes-là pour transforme­r quelqu’un?, note Christine Beaulieu. Dans le film, la so‐ ciété n'est pas prête à ça… Tous les gens qui travaillen­t dans les sphères sociales et qui essaient de faire une dif‐ férence vont se reconnaîtr­e en Louise. Ils seront touchés, je pense, de la voir aller.

La femme de conviction

Qu’elle parle pour les ri‐ vières, contre les barrages hydroélect­riques, pour la ré‐ habilitati­on ou le sort des saumons, on entend la femme de conviction

Sa rencontre avec Roy Du‐ puis a donné écho à cet élan qu'elle avait déjà. Roy et moi, on s'est rencontrés alors qu’on avait déjà plusieurs af‐ finités. J’ai toujours admiré les gens qui avaient des conviction­s. Depuis que je suis toute jeune, ma pre‐ mière inspiratio­n était ma cousine Maureen.

Maureen qui vivait à Mon‐ tréal, qui disait à tous de ne pas prendre d'ustensiles en plastique déjà en 1990, qui était consciente des enjeux de l’environnem­ent avant son temps.

Elle était très engagée, avant-gardiste socialemen­t et n’avait pas peur de s’expri‐ mer. Moi, je voulais faire comme elle. Tu tends tou‐ jours vers ce que tu admires. Maureen et Roy, ils sont pa‐ reils, note-t-elle. Je suis deve‐ nue une personne à la re‐ cherche de ce type d’hu‐ mains-là et je me retrouve entourée de gens comme ça.

Christine Beaulieu est en dédicace samedi: de 10 h à 11 h 30, au stand 47 Le film La fonte des glaces sort ce vendredi sur les grands écrans et sera lancé officielle‐ ment à Trois-Rivières samedi, au Cinéma Fleur de Lys.

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