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Deuil national en Russie après le massacre dans une salle de spectacle

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La Russie observe di‐ manche une journée de deuil national après le massacre dans une salle de concert à Moscou, l'at‐ taque la plus meurtrière sur le sol européen reven‐ diquée par le groupe extré‐ miste État islamique (EI).

Le pays entier est en deuil avec ceux qui ont perdu leurs proches dans cette tragédie inhumaine, a-t-on dit, di‐ manche matin, à la chaîne de télévision publique russe Rossia 24.

Elle a diffusé les images d'un immense panneau nu‐ mérique installé sur les murs de la salle de concert où a eu lieu l'attaque : une bougie sur un fond noir et l'inscriptio­n Crocus City Hall. 22/03/2024.

Nous sommes en deuil ....

Des individus ont fait ir‐ ruption vendredi soir dans la salle Crocus City Hall, avant d'ouvrir le feu à l'arme auto‐ matique sur la foule et d'allu‐ mer un incendie au moyen d'un liquide inflammabl­e, se‐ lon les enquêteurs, qui a tué au moins 133 personnes.

Dénonçant un acte terro‐ riste barbare, Vladimir Pou‐ tine a, dans une allocution té‐ lévisée samedi, promis de châtier les coupables. Le pré‐ sident russe a annoncé que les quatre auteurs de l'atten‐ tat avaient été arrêtésalo­rs qu'ils se dirigeaien­t vers l'Ukraine, sans mentionner la revendicat­ion du groupe État islamique.

Le Kremlin avait annoncé plus tôt l'arrestatio­n de 11 personnes, dont quatre ter‐ roristes impliqués dans l'at‐ tentat. Ces quatre citoyens étrangers ont été capturés dans la région de Briansk, frontalièr­e de l'Ukraine et du Bélarus, selon les autorités.

Cette attaque, survenue dans une salle de concert si‐ tuée à Krasnogors­k, au nordouest de la capitale russe, est la plus meurtrière en Russie depuis une vingtaine d'an‐ nées, et la plus sanglante à avoir été revendiqué­e par le groupe État islamique en Eu‐ rope.

Le bilan s'établissai­t di‐ manche matin à 137 morts et 152 blessés, selon le minis‐ tère russe des Situations d'urgence.

Les recherches dans les décombres du bâtiment ra‐ vagé par les flammes et dont le toit s'est partiellem­ent écroulé se poursuiven­t et pourraient prendre des jours. Des équipement­s lourds sont arrivés sur place samedi soir pour démanteler les struc‐ tures endommagée­s et éva‐ cuer les débris, a indiqué le ministère russe des Situa‐ tions d'urgence.

Le groupe État islamique, que la Russie combat en Sy‐ rie et qui est actif aussi dans le Caucase russe, a déjà com‐ mis des attentats dans le pays depuis la fin des années 2010. Mais le groupe n'y avait jamais revendiqué une at‐ taque d'une telle ampleur.

L'Ukraine n'a pas le moindre lien avec l'inci‐ dent

Sur un de ses comptes Te‐ legram, le groupe État isla‐ mique avait affirmé dès ven‐ dredi soir que l'attaque avait été menée par quatre de ses membres, et s'inscrivait dans le contexte […] de la guerre faisant rage entre le groupe et les pays combattant l'Is‐ lam.

Selon le groupe Site, spé‐ cialisé dans la recherche anti‐ terroriste, une vidéo appa‐ remment tournée par les as‐ saillants de la salle de concert près de Moscou a été diffusée sur des comptes de réseaux sociaux habituelle‐ ment utilisés par le groupe EI.

Cette vidéo d'une minute 31 secondes montre plu‐ sieurs individus aux visages floutés et aux voix brouillées, armés de fusils d'assaut et de couteaux, dans ce qui semble être le hall de la salle de concert Crocus City Hall, à Krasnogors­k.

Les assaillant­s tirent plu‐ sieurs rafales, de nombreux corps inertes jonchent le sol et on aperçoit un début d'in‐ cendie en arrière-plan.

Cependant, ni Vladimir Poutine ni les services de sé‐ curité (FSB) n'ont accusé le groupe djihadiste.

Le FSB a affirmé que les suspects avaient des contacts appropriés du côté ukrainien et comptaient fuir dans ce pays, sans fournir d'autres détails sur la nature de ces liens ni de preuve de leur existence.

L'Ukraine n'a pas le moindre lien avec l'attentat, a martelé le conseiller de la présidence ukrainienn­e, My‐ khaïlo Podoliak, rejetant des accusation­s absurdes.

Le premier ministre polo‐ nais, Donald Tusk, a dit sa‐ medi espérer que cette at‐ taque ne deviendrai­t pas un prétexte à une escalade de la violence, en faisant claire‐ ment allusion à l'Ukraine.

La cheffe du média public RT, Margarita Simonian, a pu‐ blié des vidéos censées mon‐ trer des confession­s de deux suspects durant leur interro‐ gatoire, dans lesquelles ils ne nomment pas de commandi‐ taire. L'AFP n'est pas en me‐ sure de confirmer leur véra‐ cité.

Malgré la revendicat­ion du groupe État islamique, de nombreuses questions res‐ tent en suspens.

Selon des médias russes et le député Alexandre Khins‐ tein, certains des suspects sont originaire­s du Tadjikis‐ tan. Les autorités de ce pays d'Asie centrale ont affirmé n'avoir pas reçu de confirma‐ tion des autorités russes à ce sujet.

Toute la journée de sa‐ medi, des dizaines de Russes sous le choc ont afflué vers des centres de dons de sang à Moscou ou des lieux com‐ mémoratifs improvisés.

Quand on voit cette situa‐ tion, on n'a pas envie de res‐ ter à l'écart, on a envie d'ai‐ der, a expliqué à l'AFP Vladis‐ lav, étudiant de 18 ans qui faisait la queue pour donner du sang.

Sur de nombreux pan‐ neaux publicitai­res et dans certains arrêts de bus à Mos‐ cou, des affiches montrent une bougie sur un fond noir et l'inscriptio­n : Nous sommes en deuil 22/03/2024.

un sourire gêné.

C’est maintenant l’heure de l'exercice. Caitlyn et sa grand-mère vont à l’extérieur pour répéter sa prestation. Garde ton dos bien droit lorsque tu feras dos aux juges, répète Amy, tandis que sa petite-fille marche lente‐ ment, sourire figé aux lèvres, et enfile les demi-cercles en tenant sa robe d’une main.

Pendant ce temps, à l’inté‐ rieur, ce sont les enfants de 4 à 7 ans qui s’affrontent. On y rencontre par exemple la pe‐ tite Carlie, cinq ans.

Sa mère, Tara Brown, concède qu’elle éprouve un certain malaise en ce qui concerne le maquillage que porte sa fille.

Je préfère quand elle est plus naturelle, mais parfois, je la laisse mettre un peu de maquillage. Quand elle était bébé et jusqu’à ses quatre ans, on ne lui en mettait pas. Mais maintenant, la plupart des filles dans sa catégorie d’âge sont maquillées. J’ai l’impression qu’elle obtient de meilleurs résultats lors‐ qu’elle en porte.

Un peu plus loin, Hope, sept ans, a enfilé sa longue robe blanche. La petite fille a une plateforme de bienfai‐ sance dont elle fait la promo‐ tion lorsqu'elle participe à une compétitio­n. La plate‐ forme se nomme Hope aide les autres à se préparer pour l'excellence.

Au début, c'était juste du service communauta­ire : elle recueillai­t et distribuai­t des objets à des organisati­ons comme Ronald McDonald, explique sa mère, Kate Hens‐ ley. Elle distribue maintenant des vêtements pour les élèves défavorisé­s à son école et elle a pour but d'étendre ce programme à au moins cinq autres écoles cette année.

À sept ans, c’est elle qui a pensé à tout ce projet? Oui, répond fièrement sa mère.

C’est une journée victo‐ rieuse pour les deux petites candidates : Hope gagne le titre de Grande Suprême, soit la première place parmi la vingtaine de candidates âgées de 4 à 7 ans, tandis que Carlie récolte celui de Mini Suprême, soit la deuxième position.

Mais comment les juges départagen­t-elles les candi‐ dates? Nous jugeons des pieds à la tête, répond Sheila Holt, une des juges.

Nous évaluons comment sont les cheveux, le ma‐ quillage, la robe. Nous ju‐ geons la beauté faciale, la personnali­té et l'apparence générale sur 10. Il faut tout prendre en considérat­ion. Cette fille est-elle un 9,9, un 9,2 ou un 8,5? On regarde une fille pendant qu’elle est sur scène, ça dure environ une minute. Voilà comment on juge ces filles.

Les concours de beauté demeurent populaires aux

États-Unis, surtout dans des États du sud comme le Ten‐ nesse ou le Texas. Selon dif‐ férentes sources, environ 250 000 femmes et fillettes y par‐ ticiperaie­nt chaque année au pays. Mais de nombreuses critiques envers les concours réservés enfants se font en‐ tendre. Plusieurs parents croient par exemple que ju‐ ger une petite fille sur son physique et lui faire porter du maquillage à un jeune âge est inappropri­é.

Je crois que ce n’est pas différent de ce qu’on peut voir à une compétitio­n de danse ou de meneuses de claque, rétorque Paige Seidel. À chacun son activité. Nous n’avons pas de problème avec celle-là. Ça donne aux filles quelque chose d’amu‐ sant à faire. Elles ne sont pas en train de faire quoi que ce soit de bizarre. Et elles gagnent de l’estime person‐ nelle en montant sur scène devant une foule.

C'est là un avis que nuance Martina Cartwright, nutritionn­iste et professeur­e auxiliaire à l’Université de l’Arizona, qui a publié un ar‐ ticle scientifiq­ue sur ce sujet.

Ce que j’ai observé chez plusieurs participan­tes, c’est qu’elles sont préoccupée­s par leur beauté et par le fait d’avoir l’air parfaite, peu im‐ porte ce que ça signifie pour elles. Leur réussite est fon‐ dée sur leur physique.

Baisse de leur estime d’elles-mêmes, apparition de troubles alimentair­es… La chercheuse constate que les concours de beauté, surtout ceux où les candidates sont uniquement jugées pour leur beauté et non pour un talent quelconque, ont eu des conséquenc­es négatives chez plusieurs ex-participan­tes.

J’entends souvent dire : "Oh, mon enfant de cinq ans adore ça, mon enfant de trois ans adore ça." Mais elles ai‐ meront tout, peu importe ce que vous leur dites d’aimer! Ça fait partie de la psycholo‐ gie des concours de beauté. Je pense que de nombreux enfants veulent plaire à leurs parents.

En France, les concours de beauté sont carrément inter‐ dits pour les enfants de moins de 13 ans. Au Québec, ils sont pratiqueme­nt inexis‐ tants, mais des circuits existent dans quelques pro‐ vinces canadienne­s.

Place à la catégorie des 11 à 13 ans. Amy Taylor est de‐ bout au beau milieu de la salle, fébrile. Je suis toujours nerveuse pour Caitlyn. Je veux qu’elle fasse de son mieux.

Caitlyn marche sur scène, pose ses mains sur ses hanches, fait quelques demicercle­s. Son sourire s’affaisse légèrement vers la fin de sa performanc­e.

N’empêche, Amy paraît re‐ lativement satisfaite. Caitlyn n'a pas su garder son sourire autant qu'elle aurait dû, mais sa grand-mère s'y attendait.

Caitlyn, par contre, est particuliè­rement dure envers elle-même. J’aurais pu faire beaucoup mieux, râle-t-elle, déçue d’avoir presque trébu‐ ché sur scène et d’avoir placé ses mains devant elle au lieu de les mettre sur les côtés.

Malgré sa déception, les juges lui accordent le prix des plus beaux yeux et de première suppléante, soit la troisième position. Amy est satisfaite du résultat, rappe‐ lant que sa petite-fille est dans une nouvelle catégorie d’âge.

Caitlyn, elle, se rend à la table des juges, comme elle le fait après chaque concours. Elle leur demande ce qu'elle aurait pu faire mieux. Leur réponse : ses cheveux.

Rend-les plus lisses. Pour moi, c’était une distractio­n, lui assène la juge Sheila Holt.

La journée est maintenant terminée et Caitlyn a déjà les yeux rivés sur son prochain concours de beauté.

Ses objectifs? Garder mon sourire. Mieux marcher. Et avoir du plaisir.

Le reportage radio de Vio‐ lette Cantin sur ce sujet sera diffusé à l'émission Tout ter‐ rain, dimanche dès 10 h sur ICI Première.

Violette Cantin est lau‐ réate de la bourse Expéri‐ menter le journalism­e à l'étranger de la Fondation de l'UQAM.

les suspects avaient des contacts du côté ukrainien et comptaient fuir dans ce pays.

Les suspects ont été arrê‐ tés dans la région de Briansk, frontalièr­e de l'Ukraine et du Bélarus, selon le comité d'en‐ quête russe.

Andriy Yousov, le porteparol­e du renseignem­ent mi‐ litaire ukrainien, a mis en doute cette informatio­n dans une entrevue accordée à la BBC.

Cette zone, a-t-il expliqué, est pleine de militaires russes et de membres des services de sécurité. Il aurait été stu‐ pide ou suicidaire pour les terroriste­s de fuir par là, se‐ lon lui.

La version du FSB selon laquelle les suspects ont été arrêtés alors qu'ils étaient en route pour l'Ukraine est bien sûr un autre mensonge des services spéciaux russes, a également déclaré M. Yousov à Reuters.

Kiev dément avec véhé‐ mence toute implicatio­n et accuse la Russie de se servir de l'attentat pour accroître le soutien de sa population à la guerre en cours.

L'Ukraine n'a jamais eu re‐ cours aux méthodes terro‐ ristes. Tout dans cette guerre ne sera décidé que sur le champ de bataille.

Mykhaïlo Podolyak, conseiller du président ukrai‐ nien Volodymyr Zelensky

Le premier ministre polo‐ nais, Donald Tusk, espère que l’attentat à Moscou ne sera pas un prétexte pour l'escalade de la violence.

Des précédents, mais ja‐ mais d'une telle ampleur

L'attaque contre la salle de concert municipale de Crocus est la plus meurtrière en Russie depuis une ving‐ taine d'années et la plus san‐ glante en Europe à avoir été revendiqué­e par le groupe armé EI depuis les attentats du 13 novembre 2015 à Pa‐ ris.

Les assaillant­s auraient utilisé des armes automa‐ tiques et auraient provoqué un vaste incendie dans le bâ‐ timent avec un liquide in‐ flammable. Les victimes ont été tuées par balles ou en in‐ halant la fumée de l'incendie, selon les enquêteurs.

Le groupe armé EI, que la Russie combat en Syrie et qui est aussi actif dans le Cau‐ case russe, a déjà commis des attentats dans ce pays depuis la fin des années 2010. Toutefois, le groupe n'y avait jamais revendiqué une attaque d'une telle ampleur.

Cet assaut, dont les mé‐ dias russes ont commencé à faire état vers 20 h 15, heure de Moscou, a été mené par plusieurs individus armés à la salle de concert de Crocus, située à Krasnogors­k, à la sortie nord-ouest de la capi‐ tale russe.

Les chaînes Telegram d'ac‐ tualités Baza et Mash, répu‐ tées proches des forces de l'ordre, ont publié des vidéos qui montraient au moins deux hommes armés avan‐ çant dans le hall et d'autres vidéos dans lesquelles on peut voir des cadavres et des groupes de personnes se précipiter vers la sortie.

L'incendie a complète‐ ment brûlé la salle de concert, a expliqué le gouver‐ neur de la région de Moscou, Andreï Vorobiov.

Juste avant le début, nous avons tout d'un coup en‐ tendu plusieurs rafales de mitraillet­te et un terrible cri de femme, puis beaucoup de cris, a raconté à l'AFP Alexeï, un producteur de musique qui se trouvait dans les loges au moment de l'attaque.

Anna, 40 ans, qui s'y trou‐ vait avec son mari, a dit sa‐ medi à l'AFP avoir couru vers la sortie dès qu'elle a en‐ tendu des claquement­s, qui étaient en fait des tirs. Son époux est tombé, mais tous deux ont finalement pu s'en‐ fuir.

J'étais stressée. Les gens se piétinaien­t, il y avait une bousculade.

Anna, 40 ans, survivante de l'attaque

L'ambassade américaine en Russie avait averti ses ci‐ toyens il y a deux semaines qu'elle suivait de près des in‐ formations selon lesquelles des extrémiste­s projetaien­t de façon imminente de cibler de grands rassemblem­ents à Moscou, y compris des concerts.

Mardi, Vladimir Poutine avait rejeté ces déclaratio­ns provocatri­ces. Tout cela res‐ semble à du chantage pur et simple et à une volonté d'inti‐ mider et de déstabilis­er notre société, avait-il dit.

Nous sommes en deuil

Les recherches se pour‐ suivaient samedi dans les dé‐ combres de la salle de concert municipale de Crocus à Krasnogors­k, détruite par les flammes.

La police et les forces spé‐ ciales étaient déployées de‐ vant l'édifice et des centaines de secouriste­s déblayaien­t les débris, le toit s'étant ef‐ fondré dans l'auditorium.

Dès le matin, de longues files d'attente se sont for‐ mées devant certains centres de dons de sang à Moscou. À la mi-journée, les autorités médicales russes annon‐ çaient avoir suffisamme­nt de sang pour la centaine de per‐ sonnes blessées lors de l'at‐ taque.

Mais nous continuons à recevoir tous les donneurs. Nous sommes solidaires avec le souhait des gens qui viennent aider à constituer des réserves, a déclaré une responsabl­e de l'Agence fé‐ dérale médico-biologique russe, Olga Eïkhler, citée par l'agence de presse officielle TASS.

Dans certains arrêts de bus de la ville, des affiches sont apparues, montrant une bougie et l'inscriptio­n Nous sommes en deuil, 22 mars 2024.

La communauté interna‐ tionale a dénoncé cet assaut, l'Union européenne et l'Es‐ pagne se disant choquées et la Maison-Blanche déclarant être aux côtés des victimes. Le porte-parole du ministère afghan des Affaires étran‐ gères a assuré condamner dans les termes les plus forts cet acte.

La Syrie, alliée de Moscou, a pris position en jugeant que l'attentat est directemen­t lié aux cruelles et doulou‐ reuses défaites du néona‐ zisme et de ses partisans à la suite de l'opération militaire spéciale dans le Donbass.

Nous affirmons notre dé‐ terminatio­n à être à vos cô‐ tés dans notre guerre com‐ mune contre le terrorisme et l'extrémisme transfront­alier, a encore écrit le président sy‐ rien Bachar Al-Assad dans une lettre adressée au pré‐ sident Poutine.

En Russie, les mesures de sécurité ont été renforcées et plusieurs activités publiques ont été annulées.

À lire et à écouter :

Ottawa met en garde les Canadiens à Moscou contre un « risque de terrorisme im‐ minent » Frappes russes massives en Ukraine, la Rus‐ sie admet être en « état de guerre » AUDIO - Attentat ter‐ roriste à Moscou : l'État isla‐ mique revendique l'attaque

aucun moment il n'a men‐ tionné la revendicat­ion d’EI.

Les suspects ont finale‐ ment été arrêtés dans la ré‐ gion de Briansk, frontalièr­e de l'Ukraine et du Bélarus, selon le comité d'enquête russe.

Poutine peut-il tourner l’attentat à son avantage?

C’est malheureux à dire, mais peu importe qui a com‐ mis l’attentat : reste à voir comment Poutine va s’en ser‐ vir. […] C’est une raison qui va servir à justifier son éter‐ nelle présence à la tête du pays au nom de la sécurité et de la survie de l’autonomie russe, a noté Tamara Alté‐ resco, ex-correspond­ante en Russie pour Radio-Canada, en entrevue vendredi à l'émission 24·60.

Il est encore trop tôt pour dire si cette attaque va ren‐ forcer le pouvoir de Poutine, mais c’est très rare que les at‐ taques le déstabilis­ent. Il s’en sert surtout pour continuer de convaincre sa population qu'elle a besoin de lui, ajoute Tamara Altéresco.

Dans le même ordre d’idées, Aurélie Campana, professeur­e au Départemen­t de science politique de l’Uni‐ versité Laval, croit que « la population russe aura ten‐ dance - pas dans sa totalité, mais dans sa majorité - à se ranger davantage derrière Vladimir Poutine ».

Chaque fois qu’il y a un épisode de violence, il y a un durcisseme­nt du régime. [...] C'est un revirement de situa‐ tion qui va être maîtrisé comme il l’a toujours été en Russie, c’est-à-dire par l’utili‐ sation de la répression et de la violence.

Aurélie Campana, profes‐ seure de science politique à l’Université Laval

Quel est le lien entre EIK et la Russie?

« EI-K, c'est une revendica‐ tion qui émane de la branche afghane d'EI [aussi appelée État islamique - province de Khorassan]. Ce groupe armé, considéré par de nombreux États comme une organisa‐ tion terroriste, doit son nom à une province afghane si‐ tuée à la frontière entre le Pakistan et le Tadjikista­n », explique Aurélie Campana.

C'est un groupe créé par une coalition de personnes qui se sont dissociées des groupes islamistes auxquels ils appartenai­ent, tels qu’AlQaïda ou encore les talibans afghans ou pakistanai­s.

Aurélie Campana, profes‐ seure de science politique à l’Université Laval

C'est un groupe, qui, de‐ puis plus de deux ans, n'a de cesse de véhiculer des dis‐ cours antirusses sur ses comptes de médias sociaux, poursuit la professeur­e.

Depuis le déclenchem­ent de la guerre en Ukraine, EI et particuliè­rement sa branche afghane - a multiplié les actions afin de mobiliser directemen­t en Russie des musulmans radicalisé­s contre l’État russe. Il y a un faisceau convergent qui fait donc dire que cette attaque n’est pas une surprise totale, note Aurélie Campana.

Cette propagande a fonc‐ tionné jusqu'à un certain point, ce qui a incité les mu‐ sulmans russes à se soulever contre le régime de Vladimir Poutine, ajoute-t-elle.

Les Russes qui ont été re‐ crutés dans les rangs de l’or‐ ganisation djihadiste en Syrie et en Irak ont hérité de res‐ ponsabilit­és importante­s en matière de commandeme­nt, note de son côté Wassim Nasr, spécialist­e du djiha‐ disme et chercheur associé au Soufran Center.

Il ne faut pas oublier que ce n'est pas la première fois qu’EI s’attaque à la Russie. Il y a eu deux attentats revendi‐ qués en 2016, trois en 2017, deux en 2018 et un en 2019, et tout cela, à l’extérieur de la région du Caucase.

Wassim Nasr, spécialist­e du djihadisme et chercheur associé au Soufran Center

Les groupes extrémiste­s islamistes se situent actuelle‐ ment principale­ment dans le Caucase du Nord et au centre de la Russie. Il y a un certain nombre de répu‐ bliques à majorité musul‐ mane qui ont constitué dans les années 2010 des micro‐ foyers de radicalisa­tion avec une poussée du salafisme très proche de celui que dé‐ fend maintenant EI, décor‐ tique la professeur­e en ajou‐ tant que les prisons russes sont actuelleme­nt pleines de djihadiste­s.

« Il y a des foyers de radi‐ calisation en Russie connus depuis des années. Dans les derniers mois, tous les yeux étaient rivés sur l'Ukraine, et on s’est très peu intéressé à la vivacité de ces foyers qui continuaie­nt à être alimentés par des combattant­s russes qui revenaient de la Syrie. Ces derniers ont pu contri‐ buer à former des cellules clandestin­es, comme celle qui revendique l’attaque meurtrière de vendredi », ajoute Aurélie Campana.

Nous pensions que la plu‐ part de ces cellules avaient été démantelée­s, mais ça ne veut pas dire qu'elles ont dis‐ paru. Elles se sont recompo‐ sées à la faveur des allées et venues de certains combat‐ tants russes en Syrie.

Aurélie Campana, profes‐ seure de sciences politiques à l’Université Laval

« Il est clair qu'EI-K re‐ proche à la Russie les guerres qu'elle a menées en Tchét‐ chénie et en Syrie. Il lui re‐ proche également son inter‐ vention en Afrique de l’Ouest aux côtés des régimes malien et burkinabé, notamment au Sahel, ainsi que ses tenta‐ tives de rapprochem­ents avec les talibans afghans », conclut Aurélie Campana.

Avec les informatio­ns de Gabrielle Proulx.

l'ordre, ont publié des vidéos montrant au moins deux hommes armés avançant dans le hall et d'autres sur lesquelles on peut voir des cadavres et des groupes de personnes se précipitan­t vers la sortie.

D'autres images montrent des spectateur­s se cachant derrière des sièges ou en train d'évacuer la salle de concert.

Selon le ministère russe des Situations d'urgence, les pompiers sont parvenus à évacuer une centaine de per‐ sonnes qui se trouvaient dans le sous-sol de la salle.

Le maire de Moscou, Ser‐ gueï Sobianine, a annoncé l'annulation de tous les évé‐ nements publics ce weekend. Les principaux musées et théâtres de la capitale ont annoncé leur fermeture.

Des mesures de sécurité renforcées ont été mises en place selon la télévision russe, notamment dans les aéroports moscovites et dans d'autres grandes villes du pays. Selon l'agence Tass, la place Rouge de Moscou a été bouclée par les forces de l'ordre.

Cette attaque s'est pro‐ duite lors d'un concert du groupe de rock russe Piknik.

L'Ukraine n'a absolu‐ ment rien à voir avec cette attaque

Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, condamne dans les termes les plus forts l'attaque terro‐ riste, a indiqué son porte-pa‐ role adjoint.

La Maison-Blanche s'est dite en pensées aux côtés des victimes de la terrible at‐ taque. La France et l'Italie ont dénoncé des actes odieux, l'UE et l'Espagne se sont dits choquées.

De nombreux autres pays ont condamné l'attaque.

Un conseiller de la prési‐ dence ukrainienn­e, Mykhaïlo Podoliak, a affirmé que l'Ukraine, qui fait face depuis deux ans à une offensive mi‐ litaire russe, n'a absolument rien à voir avec la fusillade.

Une unité de combattant­s russes anti-Kremlin à l'origine de plusieurs incursions ar‐ mées à la frontière russe ces derniers mois, la Légion Li‐ berté de la Russie, a aussi nié toute implicatio­n.

Le renseignem­ent mili‐ taire ukrainien a lui accusé les services spéciaux russes d'être à l'origine de l'attaque à Moscou afin d'accuser l'Ukraine et de provoquer l'escalade et d'étendre son assaut contre son voisin.

L'ambassade américaine en Russie avait averti il y a deux semaines ses citoyens qu'elle suivait de près des in‐ formations selon lesquelles des extrémiste­s ont des plans imminents de cibler de grands rassemblem­ents à Moscou, y compris des concerts.

La Maison-Blanche a af‐ firmé que les États-Unis ont partagé ces renseignem­ents avec les autorités russes.

Washington a appliqué une politique de longue date de devoir d'alerte, en vertu de laquelle les États-Unis pré‐ viennent les pays visés lors‐ qu'ils reçoivent des rensei‐ gnements sur des menaces spécifique­s d'enlèvement­s ou d'assassinat­s, a déclaré Adrienne Watson, porte-pa‐ role du Conseil de sécurité nationale américain.

Kate Middleton, qui a épousé le prince William lors d'un mariage de conte de fées en 2011, a renforcé la popularité et l'attrait de la monarchie britanniqu­e dans le monde entier plus que n'importe quel membre de la famille royale depuis la prin‐ cesse Diana.

Avec les informatio­ns de Reuters, de l'Agence FrancePres­se et de l'Associated Press

Ce texte peut consulté en chinois.

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