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Neige, pleurs, musique et anecdotes pour un dernier au revoir à Brian Mulroney

- Philippe Robitaille-Grou

Les grandes familles poli‐ tiques canadienne et qué‐ bécoise, de même que de nombreux sportifs, artistes et autres personnali­tés, étaient réunies samedi, à Montréal, à l’occasion des funéraille­s d’État de l’an‐ cien premier ministre cana‐ dien Brian Mulroney.

Dans la basilique NotreDame, où se déroulait la cé‐ rémonie, l’image était forte.

Quatre premiers ministres canadiens des dernières dé‐ cennies, dont le libéral Jean Chrétien et le conservate­ur Stephen Harper assis côte à côte. Les premiers ministres de neuf des provinces cana‐ diennes et des trois terri‐ toires. Des dignitaire­s inter‐ nationaux. La légende du ho‐ ckey Wayne Gretzky assis à côté de l’acteur Ryan Rey‐ nolds.

Tous ont répondu présent pour célébrer la mémoire d’un homme qui les a mar‐ qués chacun à sa façon.

Après quatre jours d’expo‐ sition en chapelle ardente, d’abord à Ottawa, puis à Montréal, où près de 4000 personnes au total sont ve‐ nues rendre hommage au natif de Baie-Comeau, la cé‐ rémonie de samedi était ré‐ servée à une liste de quelque 1300 invités.

Pour les accueillir, Mon‐ tréal revêtait son manteau blanc, signe d’un hiver qui n’a pas encore complèteme­nt cédé sa place au printemps.

La météo est parfaite pour M. Mulroney, s’est émue Elizabeth May, cheffe du Parti vert du Canada, avant d’en‐ trer dans l’église. Il a toujours aimé l’hiver.

Yves Fortier, ancien am‐ bassadeur du Canada aux Nations unies et ami de longue date de l’ancien pre‐ mier ministre, était du même avis. J’ai regardé dehors et je me suis dit : "Il neige!" [...] La chorégraph­ie de ses funé‐ railles n’aurait pas pu mieux se dessiner que ce que l’on retrouve présenteme­nt, s'estil réjoui.

Une chorégraph­ie à la‐ quelle tenaient à assister no‐ tamment le premier ministre canadien Justin Trudeau, le chef de l’opposition Pierre Poilievre et l’ambassadeu­r ca‐ nadien à l’ONU Bob Rae, qui ont respective­ment souligné à leur arrivée le leadership, la chaleur humaine et le cou‐ rage de l’homme auquel ils venaient rendre hommage.

Étaient aussi présents : l'ancien premier ministre du Royaume-Uni John Major, la gouverneur­e générale Mary Simon, la duchesse de York Sarah Ferguson et les an‐ ciens premiers ministres qué‐ bécois Philippe Couillard, Lu‐ cien Bouchard, Jean Charest, Pauline Marois et Pierre Marc Johnson, entre autres.

J’ai passé toute la semaine à écouter toutes sortes de re‐ portages sur la vie de Brian Mulroney, lire des livres, a pour sa part confié à RadioCanad­a Mgr Christian Lépine, qui célébrait la cérémonie. Sa gentilless­e, sa générosité, son attention à chaque per‐ sonne, ça imprègne mon texte.

Vous pouvez également accéder aux faits saillants de notre couverture en direct des funéraille­s d'État de Brian Mulroney.

Des hommages et des histoires

Vers 10 h 15, alors que les derniers invités faisaient leur entrée dans l'église, un cor‐ tège funèbre a transporté le cercueil au rythme d’une fan‐ fare et de 84 coups de cloche, pour l’ex-politicien qui s’est éteint à 84 ans.

Le cortège partait de la basilique Saint Patrick, lieu où Brian Mulroney était ex‐ posé ces derniers jours. Un clin d’oeil à ses racines irlan‐ daises dont il se disait fier.

Dans une basilique NotreDame traversée par quelques minces rayons lu‐ mineux qui se frayaient un chemin à travers les vitraux, Caroline, la fille de Brian Mul‐ roney, a prononcé le premier éloge funèbre au nom de sa mère Mila et de ses frères Ben, Mark et Nicolas, qui étaient tous sur place.

Personne ne donnait de discours comme mon père, a-t-elle souligné d’entrée de jeu. Avec sa voix baryton, son sens de l’humour et son sens du timing impeccable, il te‐ nait toujours son auditoire dans la paume de sa main.

Dans un témoignage rem‐ pli d’émotion et d’humour, Caroline Mulroney a raconté les derniers moments de la vie de son père, de même que quelques anecdotes, dont son histoire préférée.

À un dîner officiel, il a in‐ sisté pour avoir un deuxième morceau de beurre pour son pain, malgré le fait que le ser‐ veur avait indiqué qu’il devait se limiter à un. M. [ John] Die‐ fenbaker a dit avec tonnerre : "Désolé, mais savez-vous qui je suis? Je suis le premier mi‐ nistre du Canada et j’aimerais un autre morceau de beurre." Mon père a souri et a répondu pour le serveur : "Est-ce que vous savez qui je suis? Je suis la personne qui distribue le beurre."

Cette histoire, de l’avis de Caroline Mulroney, montre qu’aux yeux de son père tout le monde avait de l’impor‐ tance, autant le serveur que le premier ministre.

L’ancien hockeyeur ve‐ dette Wayne Gretzky y est aussi allé de quelques anec‐ dotes à saveur humoristiq­ue, racontant la fois où Brian Mulroney lui a rappelé à quel point les séries éliminatoi­res de 1993, lors desquelles les Canadiens de Montréal ont remporté leur dernière coupe Stanley face aux Kings de Los Angeles, représen‐ taient une belle victoire.

Je lui ai dit : "J’étais dans l’autre équipe!" Ce n’est pas un si bon souvenir pour moi.

Wayne Gretzky, ancien joueur de hockey

L’ancien premier ministre québécois Jean Charest, qui était ministre de l’Environne‐ ment au sein du gouverne‐ ment Mulroney, a quant à lui salué le premier ministre le plus vert de l’Histoire du Ca‐ nada , titre qui a été attribué à M. Mulroney en 2006 par le magazine à vocation environ‐ nementale Corporate Knights.

Avant même d’être élu premier ministre, lorsqu’il était chef de l’opposition offi‐ cielle à Ottawa, il a fait de la question des pluies acides la priorité de nos relations avec les États-Unis, a indiqué Jean Charest. Il a conclu en 1991, avec George Bush père, une entente à ce sujet. C’est au‐ jourd’hui un des traités envi‐ ronnementa­ux les plus réus‐ sis au monde.

Les relations proches entre Brian Mulroney et les anciens présidents améri‐ cains Ronald Reagan et George Bush père ont d’ailleurs été soulignées dans un discours écrit par James Baker, ancien secrétaire d’État américain sous George Bush père.

M. Mulroney est lui-même devenu, en 2004 avec Marga‐ ret Thatcher, le premier di‐ gnitaire étranger à avoir pré‐ senté un éloge funèbre pour un président des États-Unis, lors des funéraille­s de Ronald Reagan.

Justin Trudeau et l’homme d’affaires Pierre-Karl Péla‐ deau étaient les deux autres personnes choisies pour pro‐ noncer des éloges en hom‐ mage au petit gars de BaieComeau.

Larmes aux yeux, voix nouée

Moment particuliè­rement chargé en émotions : la pres‐ tation de la petite-fille de Brian Mulroney, Elizabeth Theodora Lapham, qui a dû prendre un moment pour es‐ suyer ses larmes et retrouver sa voix avant de chanter Mais qu'est-ce que j'ai?, de Henri Betti et d'Édith Piaf, la chan‐ son préférée de [son] grandpère.

Le ténor Marc Hervieux s’est par la suite joint à elle pour l’interpréta­tion de When Irish eyes are smiling, de Chauncey Olcott, George Graff JR et Ernest Ball.

La musique occupait une place précieuse dans la vie de Brian Mulroney, qui a même déjà enregistré un al‐

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