L’entreprise de Québec, Myni, poursuit sa croissance avec prudence
C’est un nouveau chapitre qui se tourne pour Myni. Fraîchement déménagée dans de nouveaux locaux, l’entreprise de Québec lorgne de nouveaux mar‐ chés, tout en demeurant prudente après avoir pris connaissance du récent budget provincial.
On avait des installations qui étaient beaucoup plus petites et on commençait à atteindre nos capacités de production maximales. Ici, on est dans notre usine de fabri‐ cation qui fait 30 fois le vo‐ lume de ce qu’on faisait par le passé, raconte la fonda‐ trice de Myni, Marie-Hélène David.
L’entreprise, qui vend des concentrés de produits net‐ toyants et de soins corporels, est en pleine croissance. Elle a récemment levé 2,8 mil‐ lions de dollars en finance‐ ment afin de poursuivre son développement. Elle a ouvert sa première boutique phy‐ sique vendredi, dans les an‐ ciens locaux de Medicago.
Ses produits, créés à Qué‐ bec, sont principalement vendus en ligne et dans des points de vente au Canada, aux États-Unis et en France. Dans la région de Québec, Myni a perdu près de 75 de ses 150 lieux de vente, dans les 18 derniers mois.
C’est assez triste pour notre économie québécoise actuellement. C’est difficile parce que beaucoup de sub‐ ventions ont été fermées. On fait excessivement attention parce que bien qu'on soit en croissance, toutes les sub‐ ventions fermées, on doit prendre ça en compte dans nos prévisions.
Marie-Hélène David, fon‐ datrice de Myni
Des tiques mesures cosmé‐
Depuis le dépôt du bud‐ get provincial la semaine der‐ nière, plusieurs entreprises, associations et experts ont dénoncé certains choix du gouvernement. Une révision des soutiens fiscaux est pré‐ vue et des secteurs de l’éco‐ nomie, tels que l’aérospa‐ tiale, la foresterie, la construction et le tourisme semblent davantage soute‐ nus.
Il n’y a pas beaucoup de mesures qui touchent les PME, sauf peut-être quelques mesures cosmétiques à gauche et à droite, soutient le professeur d’économie à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR) et cher‐ cheur à l’Institut de re‐ cherche sur les PME, Frédéric Laurin.
Pourtant, près de 99 % des entreprises québécoises sont des PME, rappelle M. Laurin.
[Le ministre de l’Écono‐ mie, de l’Innovation et de l’Énergie], Pierre Fitzgibbon a dit à plusieurs reprises que lui aime les gros deals, les grosses affaires. Il fut un temps où, en développement économique, on voulait avoir des grosses entreprises sur les territoires parce que ça al‐ lait créer beaucoup d'em‐ plois. Au jour d'aujourd'hui, c'est plus nécessairement vrai. On peut avoir une éco‐ nomie qui est en forte crois‐ sance, croissance durable, mais basée sur des PME parce que, de plus en plus, les entreprises font de la sous-traitance, défend l’éco‐ nomiste.
M. Laurin estime que les PME ont actuellement besoin de soutien terrain afin d’opti‐ miser leurs opérations, choi‐ sir les meilleurs procédés, re‐ voir l’organisation de leur en‐ treprise, etc.
Marie-Hélène David confirme que l’accompagne‐ ment par des mentors et des investisseurs est grandement bénéfique pour Myni. Les in‐ vestissements, très tôt, en re‐ cherche et développement ont aussi porté leurs fruits. En quatre ans, l’entreprise a développé une vingtaine de produits et obtenu deux bre‐ vets.
L’investissement en re‐ cherche et développement très tôt ça permet aux entre‐ prises de faire des innova‐ tions en matière de produits ou de services et c'est sur la base de ces innovations qu'elles peuvent prospérer, aller chercher de nouveaux clients et se démarquer des concurrents alors c'est un in‐ vestissement qui se trouve à être payant d'une certaine manière, raconte le profes‐ seur de management à l’UQTR et directeur de l’Insti‐ tut de recherche sur les PME, Étienne Saint-Jean.