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Des patients atteints de cancer en Ontario obligés de choisir entre traitement et emploi

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Un médecin d'Ottawa a choisi de s'exprimer après avoir vu des patients at‐ teints de cancer contraints de choisir entre un traite‐ ment et un emploi.

L’oncologue au Centre de cancérolog­ie de l'Hôpital d'Ottawa, Sandeep Sehdev, dit avoir vu des patients re‐ porter leur traitement pour pouvoir travailler.

Dans un cas, un patient de Toronto atteint d'un lym‐ phome de Hodgkin est dé‐ cédé parce qu'il ne pouvait pas s'absenter de son travail pour suivre un traitement contre le cancer.

Je pense que tous les Ca‐ nadiens conviendra­ient que c'est un peu injuste.

Dr Sandeep Sehdev, onco‐ logue au Centre de cancéro‐ logie de l'Hôpital d'Ottawa

L'assurance-emploi fédé‐ rale couvre jusqu'à 26 se‐ maines de congés pour rai‐ sons médicales. Cependant, en Ontario, les emplois ne sont protégés en vertu de la Loi sur les normes d'emploi actuelle que pour trois jours de congés de maladie. Après, c'est à l'employeur de déci‐ der.

Pour les patients atteints de cancer, cela peut entraver leur rétablisse­ment.

J'ai récemment eu une pa‐ tiente qui a dû travailler avec une pelle rétrocaveu­se pen‐ dant l'hiver, tout au long de ses quatre mois et demi de chimiothér­apie, pour cette raison précise, confie le doc‐ teur.

Options limitées

La coordonnat­rice de l'ac‐ cueil et travailleu­se sociale au programme de cancérolo‐ gie de l'Hôpital d'Ottawa, Oli‐ via Desjardins, témoigne éga‐ lement avoir vu des patients confrontés à ce choix difficile.

Les patients qui sont obli‐ gés d'arrêter de travailler et de dépendre de l'assurancee­mploi ou des prestation­s d'invalidité ont souvent des difficulté­s financière­s, ex‐ plique-t-elle.

La réalité est que leurs re‐ venus finissent par diminuer, mais leurs dépenses restent les mêmes, avec les dé‐ penses supplément­aires qui accompagne­nt le cancer, ajoute Mme Desjardins.

La plupart des employés syndiqués bénéficien­t d'une certaine couverture d'invali‐ dité, mais ceux qui n'en ont pas ou qui occupent un em‐ ploi précaire sont souvent confrontés à des choix diffi‐ ciles.

M. Sehdev affirme néan‐ moins qu'il est encore rare que les patients choisissen­t de travailler plutôt que de se soigner. Cependant, cette dé‐ cision a un coût pour ceux qui la prennent.

Protection des congés

M. Sehdev précise que le soutien financier n’est qu’une partie du casse-tête. Il ex‐ plique que la protection des congés sans solde est essen‐ tielle pour protéger les pa‐ tients atteints de cancer.

Les patients québécois bénéficien­t déjà de 26 se‐ maines de protection pour les congés. Plus tôt ce moisci, le Manitoba a présenté une loi qui alignerait la pro‐ tection des congés de cette province sur la politique fé‐ dérale.

Le Dr Sandeep Sehdev pense qu'un défi supplémen‐ taire consiste à garantir qu'ils puissent continuer à tra‐ vailler lorsque cela est pos‐ sible.

Le retour à leur emploi, pour qu'ils puissent faire par‐ tie intégrante de la société, payer des impôts, vivre leur vie est de plus en plus impor‐ tant, et c'est là que réside le défi, souligne-t-il.

Si un proche tombe ma‐ lade, les employés bénéfi‐ cient d'un congé sans solde allant jusqu'à 37 semaines en vertu de la Loi sur les normes d'emploi, selon les circons‐ tances. Cependant, un pa‐ tient atteint d'un cancer ne verra son emploi protégé que pendant trois jours.

M. Sehdev espère que l'Ontario suivra l'exemple des autres provinces et modifiera cette politique.

Le ministère du Travail de l'Ontario a déclaré dans un communiqué qu'il entame‐ rait des consultati­ons sur les congés protégés pour les tra‐ vailleurs souffrant d'une ma‐ ladie grave, afin d'égaler les prestation­s de maladie de 26 semaines fournies par l'assu‐ rance-emploi.

Le ministère a annoncé les consultati­ons en no‐ vembre, mais n'a pas fourni d'échéance.

Avec les informatio­ns de CBC News

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