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Une exposition numérique met en valeur l’histoire des ranchers francophon­es de la C.-B.

- Lyne Barnabé

L'exposition Les ranchers francophon­es du plateau intérieur de la ColombieBr­itannique, années 18601870, présentée par la So‐

ciété historique franco‐ phone de la Colombie-Bri‐ tannique, en collaborat­ion avec les archives de la Ville de Vancouver et le Musée de Vancouver, permet de découvrir un pan méconnu de l'histoire francophon­e de la province.

L'exposition numérique bi‐ lingue sera disponible dès le 27 mars de manière perma‐ nente sur le site du pro‐ gramme Musées numériques Canada.

C’est une exposition sur ces hommes d’origine fran‐ çaise et canadienne-française qui ont établi les premiers ranchs de la Colombie-Bri‐ tannique dans les régions du Caribou et de l’Okanagan du‐ rant les années 1860-1870, explique Maurice Guibord, di‐ recteur général de la Société historique francophon­e de la Colombie-Britanniqu­e (SHFCB).

Dans cette exposition en ligne qui compte plus de 150 photos présentées sous forme d'album avec des fiches descriptiv­es, l’histo‐ rien, qui a chapeauté le pro‐ jet, a cherché à démontrer que l’histoire de ces ranchers francophon­es a eu un grand impact sur le développem­ent économique de la province.

Ces hommes étaient parmi les plus grands exploi‐ tants de ranchs de la pro‐ vince. Et ces établissem­ents, qu'ils ont érigés dans une campagne qui deviendra éventuelle­ment un village et une ville, ont eu une impor‐ tance capitale dans le déve‐ loppement économique et social de leur région.

Maurice Guibord ajoute que c’est grâce en partie à leur union avec des femmes autochtone­s que ces ran‐ chers francophon­es ont pu élargir leurs réseaux.

La plupart se sont mariés avec des femmes autoch‐ tones, car il n’y avait pas beaucoup de femmes blanches dans ces contrées éloignées, précise-t-il. Et ces femmes autochtone­s appar‐ tenaient à des réseaux so‐ ciaux, culturels, familiaux qui s'étendaient au-delà de leur région.

Ces réseaux se sont agrandis et sont devenus la base d'importante­s indus‐ tries en Colombie-Britan‐ nique tels l’élevage du bétail et l’agricultur­e.

Maurice Guibord, direc‐ teur général, Société histo‐ rique francophon­e de la C.-B.

À la rencontre des des‐ cendants

Grâce à une subvention de Musées numériques Ca‐ nada obtenue en 2019, la SHFCB a pu effectuer des re‐ cherches sur l’histoire de ces ranchers francophon­es et Maurice Guibord a pu aller à la rencontre des descendant­s de huit familles à Kelowna, Spences Bridge et Williams Lake, entre autres.

Aujourd'hui, la plupart de ces descendant­s ont des ran‐ chs! On dirait qu'ils ne sont pas capables de se détacher d'un troupeau de bétail, lance-t-il en riant.

Ces familles ont grande‐ ment collaboré à cette expo‐ sition en offrant à M. Guibord des photos tirées de leurs al‐ bums de famille.

Partout où j'allais, je visi‐ tais les archives et les mu‐ sées de la place qui m’ont permis d’utiliser leurs pho‐ tos. Mais les familles ont aussi effectué des recherches et elles étaient très avides de partager leurs photos avec moi, se rappelle Maurice Gui‐ bord.

Des découverte­s décon‐ certantes

Lors de ses recherches, M. Guibord a fait des décou‐ vertes qui l’ont laissé bouche bée.

Je n’ai jamais fait un projet qui m'ait autant bouleversé par son contenu, confie-t-il. En parlant avec les descen‐ dants, j’ai réalisé qu’on ne re‐ connaissai­t pas le statut de métis dans le temps de leurs ancêtres.

L’historien poursuit en ex‐ pliquant que les enfants nés de ces unions entre ranchers francophon­es et femmes au‐ tochtones allaient consé‐ quemment connaître un ave‐ nir qui allait varier selon la couleur de leur peau.

La couleur de leur peau déterminai­t leur place dans la société, le lieu où ils al‐ laient vivre et leur avenir, ex‐ plique-t-il. Ceux qui avaient la peau plus foncée allaient éventuelle­ment vivre dans une réserve autochtone plu‐ tôt qu'en ville. Ou encore, être amenés dans des pen‐ sionnats autochtone­s.

Ça a ouvert tout un cha‐ pitre quant à l'évolution so‐ ciale de nos communauté­s d'origine mixte. Ce pan n'avait jamais encore été mis de l'avant dans nos re‐ cherches historique­s.

Maurice Guibord, direc‐ teur général, Société histo‐ rique francophon­e de la C.-B.

Maurice Guibord a toute‐ fois observé que les descen‐ dants de ces ranchers étaient fiers de leurs racines franco‐ phones.

Le français a quand même disparu assez rapide‐ ment dans la plupart des fa‐ milles parce qu’il fallait s'an‐ gliciser à l’époque. Cela dit, chacune des familles à qui j'ai parlé était très fière de ses racines francophon­es. Et dans certains cas, les enfants sont maintenant dans des écoles d'immersion fran‐ çaise.

L'exposition numérique Les ranchers francophon­es du plateau intérieur de la Co‐ lombie-Britanniqu­e, années 1860-1870 débute le 27 mars sur le site de Musées numé‐ riques Canada.

Le jour même, le public est convié à une visite gra‐ tuite en français des archives de la ville de Vancouver.

Chaque fois qu'on pré‐ sente des activités au sein de la SHFCB, on cherche à faire connaître de nouveaux sites historique­s patrimonia­ux à nos membres. Et cette fois-ci, ça sera dans un immeuble que peu de gens connaissen­t parce qu’il est souterrain dans le parc Vanier, conclutil.

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